En vérité : Restitution en négociation !

Angelo DOSSOUMOU 9 mars 2017

Restitution ! Pour avoir conscience du passé et construire notre futur, le Bénin multiplie des démarches à l’endroit de la France pour le retour des biens culturels pillés lors de la guerre coloniale. Au titre desdits biens réclamés par notre pays, figurent les trésors des rois du Danxomè emportés par le conquérant français. Mais jusqu’ici, le dos rond de la partie française devient agaçant.
Au courrier du mois d’août du Ministre des affaires étrangères du Bénin à son homologue français, le bruit d’un refus catégorique de restitution des collections dahoméennes court et sape les espoirs. Se fondant sur le fait qu’elle a ratifié la convention de l’Unesco de 1970 et l’a mis en application en 1997 et donc conformément à la législation en vigueur, la France dit être soumise au principe d’inaliénabilité, d’imprescriptibilité, et d’insaisissabilité. Pas conséquent, la restitution ne serait pas possible.
Mais, grâce à l’Unesco et au Comité intergouvernemental pour la promotion du retour de biens culturels à leur pays d’origine ou de leur restitution en cas d’appropriation illégale, des lignes ont bougé. En avril 2008, la France a rétrocédé au Burkina Faso plus de 260 pièces archéologiques volées saisies fin 2007 par les douanes françaises au port de Rouen. Ces œuvres volées par un couple français sont constituées de 231 fragments de poterie, 8 poteries entières, 17 objets en pierre et 6 objets en bronze. Elles dateraient de 1000 à 1.300 ans avant l’ère chrétienne. Toujours sur la base de la convention de 1970, plusieurs pays africains, américains ou asiatiques ont déjà pu récupérer nombre de biens culturels ou historiques auprès de pays étrangers. Alors, pourquoi pas pour le Bénin ? Sinon, au nom de quoi ne veulent-ils pas nous restituer nos biens ?
Déjà, heureux sommes-nous que dur comme fer, le gouvernement béninois y croit. De nouveau, le conseil des ministres a autorisé l’organisation d’une rencontre d’une délégation du Bénin avec les autorités françaises pour l’opérationnalisation du processus de restitution des biens culturels du Bénin en France. Et quand, tout comme pour d’autres pays bénéficiaires de la restitution, la démarche du Bénin respecte la vision de l’Unesco, n’est pas contraire au droit et épouse la morale, les pourparlers, autant de fois qu’il faudra, doivent s’engager jusqu’à ce que justice soit faite.
Pour écrire les prochaines pages d’un Bénin Révélé, notre art, notre histoire et même notre mémoire volés par le colon doivent être retournés. Gagner le combat contre l’appropriation illégale de nos biens, nous sommes, il faut y croire, en mesure de conserver notre patrimoine et d’en tirer profit. Mieux que la France et le musée du Quai Branly, notre pays a besoin de valoriser son tourisme et de faire connaître au monde, ici et non ailleurs, la valeur de nos biens cultuels et culturels. Une négociation plus intelligente, un recours si nécessaire auprès du Comité intergouvernemental pour la promotion du retour de biens culturels, pour que les prochaines générations ne s’interrogent pas sur leurs racines et leurs origines. Pour ça, contre la France, le Bénin doit être un et indivisible pour que reviennent nos biens culturels et vive notre histoire.
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