En vérité : Sur des chapeaux de roue

Moïse DOSSOUMOU 25 février 2020

Ce dossier évolue sur des chapeaux de roue. Les biens culturels dont la partie béninoise réclame la restitution par la France font bouger les officiels. Depuis novembre 2018 à Ouagadougou où Emmanuel Macron a formellement donné son accord sur cette requête, les services diplomatiques des deux pays se sont mis en branle. Hormis les correspondances et autres échanges informels, les services institutionnels des deux Etats montrent à travers divers actes, leur volonté de conduire ce processus à terme. Depuis sa nomination à la tête du ministère du tourisme, des arts et de la culture, Jean-Michel Abimbola a fait montre d’un certain dynamisme quant à ce vœu du chef de l’Etat qui semblait alors voué aux gémonies. Plus les semaines et les mois s’écoulent, plus on a le sentiment que les ministères des affaires étrangères et de la culture sont obnubilés par l’atteinte des résultats à eux assignés.
L’arrivée à Cotonou en décembre 2019 de Frank Riester, ministre français de la culture a donné un coup d’accélérateur à ce dossier. La signature d’un accord relatif au programme de travail commun dans le cadre de la mise en œuvre de la restitution des biens culturels, objet de la requête du Bénin, qui a sanctionné cette visite de travail a insufflé une nouvelle dynamique aux deux parties. Conformément au calendrier retenu à cet effet, les ministres béninois de la culture et des affaires étrangères se sont récemment rendus à Paris. Ainsi, du 19 au 21 février derniers, Aurélien Agbénonci et Jean-Michel Abimbola ont échangé avec plusieurs personnalités au siège de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco). La rencontre avec Frank Riester qui pilote ce dossier au nom de la France a mis un terme à l’aspect protocolaire de ce périple. Cap fut mis au musée du Quai Branly baptisé Jacques Chirac.
C’est à cet endroit que les officiels locaux ont pu contempler les 26 œuvres qui seront restituées au Bénin, ainsi que l’a décidé Emmanuel Macron. Sur place dans le musée, les discussions techniques liées aux biens exposés ont permis à la délégation béninoise de s’imprégner davantage des conditions de leur conservation. Aussitôt rentré, Jean-Michel Abimbola a mis le pied à l’étrier en procédant hier 24 février au lancement des travaux de rénovation du Fort portugais de Ouidah. Ce site chargé d’histoire fait partie des lieux retenus pour abriter les 26 objets culturels une fois restitués. On comprend donc l’enthousiasme avec lequel l’entreprise en charge des travaux a été invitée à prendre possession du site. Ce premier lot concerne essentiellement la réhabilitation à l’identique de la maison du gouverneur et de la caserne des officiers, la reconstruction de la captiverie, des aménagements paysagers, de l’aménagement d’un parcours patrimonial et historique et enfin la construction d’un espace souvenirs et restauration.
Il faut croire que dans un proche avenir, toujours avec l’appui financier de la Banque mondiale, la seconde phase des travaux sera lancée. D’ailleurs les études très avancées renseignent sur l’imminence de la remise du site à l’entrepreneur. Ce second lot consistera en la construction d’un musée de 700m2 aux standards internationaux dédié à la mémoire de l’esclavage. Vu l’importance du projet dont l’aboutissement permettra au Bénin d’accueillir enfin ces 26 objets culturels, il est attendu que le gouvernement à travers le ministère de la culture, mette les bouchées doubles afin que les délais contractuels soient respectés. De son côté, la France s’active au moyen d’un projet de loi à soumettre à la Représentation nationale à honorer sa promesse. Il va de soi que le Bénin joue à fond sa partition afin qu’aucun grain ne vienne enrayer la machine.



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