En vérité : Tapis rouge pour la Cena

Moïse DOSSOUMOU 2 avril 2019

Le chef de l’Etat doit être bien triste. Lui qui le 6 mars dernier demandait à la classe politique d’œuvrer pour le consensus en vue de parvenir à des législatives inclusives en 2019 n’a pas obtenu satisfaction. Sa gêne de voir seulement les deux partis politiques se réclamant de son écurie en lice pour ces élections n’en sera que plus grande. La mission confiée à Me Adrien Houngbédji n’a pas été fructueuse. En dépit de son poids et de ses expériences politiques, le président de l’Assemblée nationale n’a pas trouvé les ressources nécessaires à l’aboutissement du consensus. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Les prémices de cet échec étaient perceptibles de par les positions tranchées adoptées par les élus du peuple selon leur coloration politique. Le fameux consensus à l’actif du comité paritaire mis en place à l’Assemblée nationale s’est limité à ce comité restreint. En commission comme en plénière, la mayonnaise n’a pas pris.
La fumée blanche tant espérée hier restera à l’étape de souhait. Les élus du peuple sont restés sourds aux appels au dégel. La guerre des déclarations, des accusations mutuelles, du dilatoire a eu raison de l’objectif final recherché. Alors qu’ils devaient converger vers un point commun, un minimum qui permette d’évoluer, ils ont passé le clair de leur temps à se chamailler. Les députés du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp) ainsi que ceux de l’opposition n’ont pas cru devoir se mettre au-dessus de la mêlée. Et c’est plutôt dommage. Tous autant qu’ils sont constatent le résultat de leur attitude. Pour la plupart des députés du Bmp, en lice pour les législatives, la vie se poursuit sans grandes embûches. Par contre, ceux de l’opposition qui n’ont aucun motif de réjouissances sont plutôt amers. Puisqu’ils n’ont pas réussi à diviser la poire en deux, il faudra bien admettre qu’il y ait des gagnants et des perdants.
Coïncidence pour coïncidence, alors que l’Assemblée nationale procédait à la clôture de la session extraordinaire ouverte pour se pencher prioritairement sur la question, les présidents des institutions de la République étaient en conclave au palais de la République. Rassemblés autour du chef de l’Etat, Adrien Houngbédji, président de l’Assemblée nationale ; Joseph Djogbénou, président de la Cour constitutionnelle ; Ousmane Batoko, président de la Cour suprême ; Cécile Marie-José de Dravo Zinzindohoué, présidente de la Haute cour de justice, Augustin Tabé Gbian, président du Conseil économique et social, Adam Boni Tessi, président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication ; Emmanuel Tiando, président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) et Joseph Gnonlonfoun, médiateur de la République ont adopté une position commune. A l’unanimité, ils ont salué les efforts du chef de l’Etat pour « un dialogue politique en vue de l’organisation apaisée des élections législatives les plus ouvertes ».
Selon la déclaration signée et lue par Joseph Gnonlonfoun, « le constat est établi que l’Assemblée nationale n’a pu obtenir le consensus nécessaire à la modification de la législation en vigueur sur la charte des partis politiques et le code électoral. Il est également établi qu’aussi bien les acteurs politiques, les organisations syndicales et celles de la société civile que le peuple entier sont attachés à la préservation de l’ordre constitutionnel. Regrettant cette absence de consensus, les présidents des institutions appellent à la poursuite du processus électoral et à la tenue des élections à bonne date ». Le mot d’ordre est lancé. La Cena qui avait mis un point d’honneur à dérouler son calendrier initialement établi peut mettre le pied sur l’accélérateur. La messe est dite.



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