En vérité : Un anniversaire bilan

Moïse DOSSOUMOU 9 décembre 2019

Ils ont le vent en poupe. A eux seuls, ils décideront au nom des populations jusqu’en 2023. En seulement une année d’existence, l’Union progressiste et le Bloc républicain ont fait du chemin. Créés sur les cendres de plusieurs dizaines de micro-partis, ces bébés nés avec des dents règnent en maîtres sur le terrain politique. Lorsque l’Union progressiste prenait son envol le samedi 1er décembre 2018 au palais des sports du stade de l’amitié de Cotonou, personne ne pensait que ce creuset occuperait le perchoir cinq mois plus tard. Mis sur les fonts baptismaux une semaine plus tard, soit le 8 décembre à Parakou, le Bloc républicain qui affichait la même ambition dut se contenter des seconds rôles à l’Assemblée nationale. Mais pour qu’il en soit ainsi, il a fallu qu’aucun autre parti ne fût autorisé à participer aux législatives du dimanche 28 avril dernier. Incrédules au départ, les Béninois ont bu cette coupe jusqu’à la lie.
Soutiens inconditionnels des actions du chef de l’Etat, ces deux formations politiques se partagent à elles seules les 83 sièges de la Représentation nationale. Ce scénario arrange bien les affaires du gouvernement qui voient passer ses textes de loi comme une lettre à la poste. L’illustration la plus parfaite de cet état de choses est la révision constitutionnelle opérée à l’unanimité à une heure avancée de la nuit. Comme quoi, il fallait que le parlement soit totalement acquis au chef de l’Etat pour qu’une réforme de cette envergure soit validée sans autre forme de procès. « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », dira Pierre Corneille. Il faut s’attendre au cours des prochaines années à voir les députés de ces deux partis adopter à quelques exceptions près les mêmes postures politiques, puisqu’ils proviennent tous de l’écurie du gouvernement. En attendant l’issue des élections communales de mai 2020, les progressistes et les républicains ont toutes les cartes en main pour agir à leur guise.
Résultant de la réforme du système partisan, ces deux partis sont censés inaugurer une nouvelle ère où seules des pratiques politiques aseptisées auront droit de cité. Depuis un an, vaille que vaille, ils donnent tout au moins l’impression de respecter la discipline de groupe, même s’ils sont secoués par de profonds désaccords. A tous les coups, ces creusets sont encore à la quête d’un ancrage national. En dépit de l’embellie qu’ils affichent, ils font face à de sérieux défis. Le plus important est que leurs membres respectifs travaillent à une véritable fusion des anciens partis dont ils sont issus. Pour le moment et jusqu’à preuve du contraire, ces deux partis ne sont que des forces tampons. La vraie fusion manifestée par l’harmonie du groupe est encore en chantier. On ne peut d’ailleurs prétendre procéder à des rassemblements hétéroclites d’hommes et de femmes aux intérêts divergents et espérer que l’intégration soit effective du jour au lendemain.
Il faut du temps et de la méthode pour parvenir à un résultat aussi ambitieux surtout lorsqu’on connaît la capacité de nuisance du personnel politique, expert dans l’art du reniement de soi, pour le gain de l’instant. Raison pour laquelle les têtes de pont devraient mieux s’organiser pour en faire de vrais partis. A propos, tel qu’annoncé il y a douze mois, l’élection des nouveaux responsables devrait déjà être effective. Mais, jusque-là, on ne voit rien venir. La délicatesse du sujet pousse sans doute à la prudence. Il faudra pourtant vider ce dossier qui fait grincer des dents de part et d’autre. De toutes les manières, les concernés sauront comment procéder pour sauver les meubles. Evoluer dans un environnement politique véritablement concurrentiel où mouvance et opposition se mesurent sur le terrain est un défi de taille qui doit être relevé. Le monologue actuel donne une illusion de force aux maîtres du moment. Or, ce n’est que face à l’adversité qu’ils pourront se révéler.



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