En vérité : Un scrutin pas comme les autres

Moïse DOSSOUMOU 18 mai 2020

Le jour tant attendu est arrivé. Convoqué aux urnes pour renouveler les conseils municipaux et communaux, le corps électoral a favorablement répondu à l’invitation. A compte-gouttes par endroits, en masse ailleurs, les électeurs se sont rendus dans les centres, postes et bureaux de vote pour exprimer leurs suffrages. Habitués à ce procédé, les Béninois ont fait, chacun en ce qui le concerne, le choix du candidat qui leur convient le mieux. Comme à l’accoutumée, ils se sont exprimés en silence, sans violence. Cette fois, la différence du vote réside dans la crise sanitaire qui frappe le Bénin. La pandémie du Covid-19 a, en effet, induit des mesures spécifiques comme le port de masques chirurgicaux, le lavage des mains et la distanciation sociale. Si pour les deux premières précautions, la Commission électorale nationale autonome (Cena) a assuré, on ne peut en dire autant du respect de la distance d’un mètre entre électeurs.
Une chose est certaine. Les municipales et communales maintenues au 17 mai ont eu lieu. Il faut saluer la maturité des populations qui ont adopté des gestes de paix. Il y a tout juste un an, ce n’était pas la joie à l’occasion des législatives. Certes, le contexte n’est pas le même et il s’agit de deux types d’élections totalement différentes. N’empêche, les électeurs ont fait fi de plusieurs considérations en votant dans la quiétude et en se retournant sur leurs pas, sitôt accompli le devoir civique. De ce fait, la ferveur traditionnellement observée dans les centres de vote et dans la circulation au terme du dépouillement n’était pas vraiment de mise. Il faut croire que l’essentiel des votants est retourné à ses occupations une fois le bulletin estampillé et déposé dans l’urne. Peut être que la crainte liée au Covid-19 est passée par là. Tout compte fait, les populations ont été à tout le moins exemplaires.
81,48% de taux de satisfaction. C’est le pourcentage affiché par la plateforme électorale des Organisations de la société civile. En dépit de ce chiffre flatteur, il faut tout de même noter que 276 incidents ont été enregistrés. Les observateurs déployés dans près de 300 postes de votes ont révélé des perturbations notamment à Toviklin dans le Couffo, Pobè dans le Plateau et Parakou dans le Borgou. Dans la promptitude, les diverses autorités impliquées dans l’organisation et la sécurisation des sites de vote ont réagi pour apaiser les cœurs. Déjà dans la matinée, dans le département de l’Ouémé, il faut dire que la tension est montée d’un cran dans l’arrondissement d’Atchoukpa, commune d’Avrankou. Fort heureusement, le calme a été rétabli et les populations ont pu exprimer leurs suffrages. En dépit des avancées enregistrés en termes d’organisation des scrutins, des couacs et pas des moindres demeurent. Vivement que tout ceci soit corrigé les fois à venir.
La compilation et la publication des résultats par la Commission électorale nationale autonome (Cena) dans les prochaines heures fixeront les candidats quant à leurs prétentions. En attendant, au vu des dépouillements, chacun d’eux sait plus ou moins à quoi s’en tenir. Les populations ont fait leur part. La balle est à présent dans le camp de la Cena et de la Chambre administrative de la Cour suprême. C’est maintenant que le plus dur commence. L’attribution des sièges selon les nouveaux critères définis par le code électoral fera grincer des dents. Comme ce fut le cas pour les législatives d’avril 2019, les municipales et communales du 17 mai 2020 feront également des malheureux. A l’aune de la publication des résultats, cette réforme sera, une fois de plus, éprouvée.



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