En vérité : Une solution inédite

Moïse DOSSOUMOU 2 juin 2020

Ils ne parlent pas tous d’une même voix. Bien que provenant de la même famille politique et partageant a priori des idéaux identiques, les nouveaux élus devant prendre le contrôle des communes étalent au grand jour leurs divergences. L’installation en cours des conseils municipaux et communaux a révélé la cacophonie des ambitions qui règne en maître dans les rangs des élus. En soi, ce n’est pas mauvais que plusieurs ambitions s’expriment au sein des conseillers d’un même parti pour ce qui est du contrôle des collectivités territoriales décentralisées. Mais il aurait mieux valu par un processus démocratique interne que seuls les candidats ayant reçu l’onction de leurs partis respectifs se dégagent du lot pour se soumettre au vote du conseil communal. Le législateur a cru régler le problème en disposant que seul le parti ayant obtenu la majorité absolue des suffrages désigne le maire dont l’élection sera validée par l’ensemble des élus de la localité.
A l’épreuve de la réalité, les choses ne se passent pas toujours ainsi. Des tractations et pas des moindres aboutissent à des surprises qui choquent le bon sens. La ville de Parakou est l’exemple le plus édifiant en la matière. Ayant obtenu la majorité absolue des sièges en compétition, donc apte à désigner le maire, le parti Fcbe n’a pu faire régner l’harmonie au sein de ses élus qui devraient traduire en acte ce qu’a prévu le législateur. In fine, le candidat proposé n’a pu recueillir l’ensemble des voix de sa propre liste, largement suffisantes pour le faire accéder à la fonction de maire. Très vite, en cours de processus électoral, les masques ont été jetés et les rebelles identifiés. Subitement, au lieu d’un seul candidat tel que prévu par la loi, deux sont apparus, brisant du coup l’unité qui devait être de mise. Il n’en fallait pas plus pour que ce terreau fumant de la division fasse le bonheur des listes minoritaires.
Les expériences d’autres localités avec des cas de figure plus ou moins similaires ont abouti à la suspension des processus électoraux par les préfets. Sur 43 conseils municipaux et communaux installés, seulement 26 d’entre eux ont conduit le processus d’élection du maire et de ses adjoints à terme sans difficulté. Sur les 17 restants, les rivalités demeurent vives. Des élus d’un même parti soutenus par ceux d’autres creusets se livrent une rude bataille sur fond de négociation et de compromis. Sinon, avec la réforme du système partisan et les bienfaits qui lui sont prêtés, l’élection des maires, de leurs adjoints et des chefs d’arrondissement devait passer dans toutes les localités comme une lettre à la poste. Si des difficultés demeurent insurmontables comme par le passé, c’est que quelque part, il y a encore des choses à corriger. Chez nous, le propre de l’animateur de la vie politique est de s’engluer dans des compromissions.
Depuis quelques heures, au vu de la situation explosive qui règne par endroits, les préfets se sont passé le mot. Comme ce fut le cas hier à Cotonou et à Bohicon par exemple, ils se contentent simplement d’installer les nouveaux élus dans leurs fonctions de conseillers municipaux ou communaux. Mais le second volet du cérémonial est reporté sine die. Nul doute qu’aujourd’hui encore, le même scénario sera de mise. Contre toute attente, il est annoncé une session extraordinaire pour ce jour du côté de l’Assemblée nationale. L’ordre du jour porte sur l’examen du projet de loi de règlement définitif du budget de l’Etat, gestion 2017. Mais, à tous les coups, les élus du peuple se pencheront en procédure d’urgence sur l’adoption d’une loi interprétative du code électoral afin de clarifier certaines dispositions. Une première !



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