La passion et la dévotion que suscite la fête de Toussaint, désormais confondue avec celles des morts, sont assez curieuses à observer. Il est en effet difficile de comprendre que tous s’empressent de défiler au cimetière pour s’acquitter du rituel de salubrité, d’embellissement et de vénération de nos morts. Pour aussitôt, leur tourner le dos, cherchant refuge et protection auprès des ancêtres de ceux qui ont eu l’ingénieuse idée de la béatification des leurs. Dans l’isolement, nos parents défunts, pauvres mécréants mal reconvertis, morts dans leurs haillons et enterrés en vertu de rites empruntés, sont condamnés à mourir une deuxième fois, parce que jugés par leurs propres progénitures, incapables de sortir des ténèbres et indignes d’être auréolés de la couronne de sainteté. Qui va compter sur des âmes qui ont besoin de la prière des vivants pour échapper au purgatoire ? Rendez-vous à la prochaine fête de Toussaint, pour la petite compassion de circonstance. En religion, tous les morts ne se valent pas.
Anicet
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