Plume libre : L’équation des nominations !

Sulpice Oscar GBAGUIDI 17 mai 2016

Le pouvoir de la rupture s’apprête à passer à la vitesse supérieure et dévoiler les noms des nouvelles têtes d’affiche de l’administration. Après l’épisode de la conception de l’architecture du Nouveau départ, Patrice Talon devrait, cette semaine, répondre au besoin pressant de nominations. Il y a un goût d’inachevé que traine l’icône de la rupture avec cette disette de nominations qui assèche les espérances d’un peuple assoiffé de changement. Sauf improbable séisme, Talon passera à l’acte demain mercredi lors d’un Conseil des ministres qui envoie des signaux dans les allées politiques d’un pays pressé de tourner définitivement la page du yayisme.
Jusqu’ici, Talon installe les bases de la rupture sans vraiment toucher aux cellules du régime défunt. Les hommes du pouvoir cauri sont toujours en place. Il s’ensuit l’exaspération montante et la grogne rampante dans un environnement de rupture qui vit une sorte de régime hybride où les vaincus semblent, par une forme d’hypnose, s’accrocher et les vainqueurs paraissent bien victimes d’une injection d’éther. Les ardeurs imprimées par la sanction historique infligée au camp de la continuité le 20 mars sont en train d’être dissoutes. Et Talon, dont l’agenda est le produit d’une rationalité à toute épreuve, devrait enfin définitivement lancer le Nouveau départ pour liquéfier les craintes et solidifier l’espoir.
Le président a fait de la compétence le critère fondamental de promotion à des postes. Il est évident qu’à compétence égale, les considérations partisanes permettront au chantre de la rupture de trancher. Mais, de toute évidence, ce ne sont pas seulement les hommes qui posent problème dans une République en perte de valeur et de repère. La routine est l’élément qui pervertit les performances et condamne le pays aux affres de l’immobilisme du sous développement.
Sur l’essentiel, le Nouveau départ ne doit pas se confiner dans les nominations. Les cahiers de charges et surtout la lettre de mission et la période d’évaluation devraient vite rappeler aux responsables désignés qu’ils ont l’obligation de résultat. Il faut à tout prix évaluer ceux qui ont la charge de la gestion de la chose publique. Et les critères d’évaluation établiront la logique de l’objectivité. Talon n’a pas fait mystère de son engagement à « rechercher et à identifier où qu’elles se trouvent les compétences nécessaires dont notre pays a besoin pour apporter le plus effacement possible les réponses nécessaires au besoin de développement et de bien-être de nos populations des villes et des campagnes ». Une évaluation périodique peut se révéler un facteur de motivation et une pression permanente.
C’est donc l’heure des nominations. Si l’urgence du Président est aux réformes politiques, à la restructuration de l’économie nationale, à la reconstitution du tissu social, on doit se rendre à l’évidence que pour les hommes de la rupture, les chantiers sont immenses. Le défi du Nouveau départ impose que la mission soit assimilée et que l’indispensable évaluation soit l’une des armes pour vaincre la fatalité. Après avoir subi dix ans de gouvernance productrice d’incertitudes et une terrible navigation à vue, le pays mise sur le Nouveau départ pour se forger un destin radieux.
La rupture prendra un nouveau tournant et toute son ampleur avec les nominations. On attend les choix forts de Talon.



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