Sans détours : Le péril alimentaire !

Moïse DOSSOUMOU 12 avril 2013

Manger à sa faim, manger sain est le vœu de tout être humain. L’évidence de la satisfaction de ce besoin si vital pour la survie humaine est partagée par tous. C’est pourquoi, à différents moments de la journée, il est recommandé de prendre le temps de s’alimenter avant de se replonger dans le train-train quotidien. Le petit déjeuner, le déjeuner, le goûter, le dîner et le souper sont proposés à l’espèce humaine pour maintenir l’organisme en bon état.

Sous le ciel béninois, non seulement il n’est pas aisé pour la grande masse de sacrifier à ces exigences nutritionnelles, mais aussi la qualité des mets consommés laisse à désirer. Pour le gros lot des travailleurs, les repas quotidiens sont souvent pris en dehors du cercle familial, excepté le dîner. Une aubaine pour les " restaurateurs " installés le long des voies, à l’ombre d’un arbre ou dans un hangar, et qui proposent du matin au soir un menu standard et rarement renouvelé. Les femmes, dans une écrasante majorité dominent ce secteur d’activités. Mais comme les repas servis sont destinés à une consommation à grande échelle, les règles élémentaires d’hygiène sont hélas constamment foulées aux pieds. De l’approvisionnement dans les marchés jusqu’au service aux clients attablés, en passant par la cuisson et l’aménagement des lieux, très peu de soins accompagnent la conduite de ce processus.

Bien souvent, la tomate et le piment achetés en grande quantité, sont à un stade avancé de pourriture. Sans tri, ni nettoyage conséquent, ces condiments sont acheminés sans autre forme de procès vers les moulins puis vers les cuisines. Celles-ci, crasseuses et malodorantes abritent quotidiennement une cohorte impressionnante de mouches qui y élisent domicile. Les ustensiles lavés de façon approximative en rajoutent au mal. La préparation qui s’ensuit, dans ces cadres indécents ne rassure pas toujours le consommateur qui, à défaut de prendre ses responsabilités, s’en remet lâchement au sort. La vapeur qui se dégage des plats fumants servis révèle un usage excessif de bouillon et d’épices. L’huile utilisée plus que de raison achève de noyer la saveur. La viande à moitié cuite, le poisson à peine débarrassé de ses écailles complètent le tableau.

Les hangars délabrés qui se trouvent aux abords des caniveaux et autres tas d’immondices ne dérangent nullement les clients affamés, qui se pressent devant les étalages. Les ateliers de mécanique, de soudure, de menuiserie, installés à proximité de ces maquis en rajoutent à l’insalubrité et aux risques de contamination de diverses maladies. Naturellement, la fumée, la poussière et autres débris en provenance de ces endroits se retrouvent dans la nourriture servie aux clients.

Que dire alors du soin accordé à la vaisselle ? Deux récipients contenant l’un de l’eau savonneuse et l’autre de l’eau simple sont l’arsenal utilisé pour la manœuvre. Avec un chiffon déchiqueté en guise d’éponge, les plats, cuillers, fourchettes et verres subissent leur toilette précaire et se retrouvent aussitôt dans les plats. L’eau bouillante devant achever l’œuvre de purification en ces temps de propagation du virus de l’hépatite B est inexistante. A d’autres endroits, c’est un simple morceau de tissu qui sert à nettoyer la vaisselle à longueur de journée. Difficile de comprendre la caution morale de la clientèle face à une telle négligence. Pressés de manger, ils n’y font pas attention. C’est à croire que l’hygiène alimentaire n’est pas de mise au sein de leurs ménages.

Avec un pouvoir d’achat réduit à une peau de chagrin et ne pouvant rentrer chez eux à l’heure de la pause, beaucoup s’obligent à ruiner leur santé sur l’autel de la mauvaise hygiène. Malgré les importants chiffres d’affaires que ne cessent de réaliser les promoteurs de ces lieux de restauration, l’attention minutieuse qui doit être consacrée à la bonne qualité des repas n’y est pas. Ceci au vu et au su de tous. Une fois encore, dans l’indifférence et la culpabilité collectives se joue un drame qui met dangereusement à mal la santé du plus grand nombre.



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