Tribune verte : Nos péchés mignons à Calavi

Fulbert ADJIMEHOSSOU 2 juillet 2020

« Intrigue destin de Koutonou ». Cette chronique, je l’écrivais, il y a deux ans, avec comme avertissement banal : « Pour sauver Cotonou, il faut sauver maintenant Abomey-Calavi et construire Allada ». Et face aux insomnies de ces jours dans la cité dortoir, passant très vite aux oubliettes Vossa, Agla, et consorts, il faut se poser des questions. L’année dernière, exaspéré Djonou a donné le signal submergeant le pont. Cette fois, ce sont des quartiers entiers, avec des milliers de ménages qui sont emprisonnés par les eaux. Milles raisons sont évoqués, une reste sans équivoque : le désordre dans l’installation des populations.
En réalité, face à la menace des inondations, nous semblons tourner en rond. Tout comme face à un mal incurable, on nourrit l’espoir d’un miracle, mais conscient que le drame finira par nous abasourdir un jour. Pourtant, ce n’est pas les diagnostics qui ont manqués. Ce n’est pas non plus les remèdes qui sont inconnus. Experts et scientifiques ont beau « criés », la réalité est là sur le terrain. Les enjeux politiques s’en mêlent. On finit par fermer les yeux sur l’installation des populations, voire des infrastructures socio communautaires dans les zones inondables. Peu importe si les apprenants doivent apprendre au milieu des eaux et des ordures. L’école d’abord, on pensera aux risques après. C’est presque la formule.
Calavi sous l’eau, ce n’est pas si étonnant. On aurait pu tirer leçon des déboires qu’on fuyait à Cotonou, emprisonnée entre les cordons littoraux de basse altitude et de marais. Godomey, Tankpè, Togoudo, Zogbadjè et autres ne peuvent être des échappatoires sans des repères concrets, des lotissements bien pensés et des ouvrages pour dresser les eaux pluviales à bonne destination. Avec les tares dans la gestion des déchets, aurait-on pu avoir mieux ?
Il y a deux jours, faisant le bilan des inondations de 2019, le ministre Sacca Lafia demande aux maires de s’abstenir « d’installer les populations dans les zones inondables et interdites d’habitations ou en les y empêchant ». Il faut maintenant passer aux actes, arrêter la saignée, freiner l’élan du désordre. Et pour paraître un peu rêveur, il faut raser des quartiers à Cotonou, reloger au préalable les « aquatiques » qui y habitent et dompter les eaux pour en faire une source de richesse.



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