tribune verte : Soyons le modèle écologique !

La rédaction 20 octobre 2016

C’est un drame qui tient d’une vision apocalyptique. Les sachets plastiques prennent possession de la terre et l’asphyxient progressivement. Il n’y a qu’à piocher les champs, de quelques mètres, pour se rendre compte de l’invasion de ces matières noires non dégradables. Emportés par les eaux de ruissellement, ils prennent désormais en otage la biodiversité lacustre, fluviale et marine. Dieu seul sait ce que sera à ce rythme, notre cadre de vie les prochaines décennies. Il faudra d’ailleurs attendre entre 150 et 400 ans pour espérer en finir avec ceux déjà enfouis et qui gonflent la surface.
Pourtant, dans nos villes comme dans nos campagnes, les populations continuent de se les approprier. C’est d’ailleurs à vil prix, voire gratuit. Tout s’achète en sachets plastiques et se transmet en sachets plastiques. Les conséquences sur la santé et sur l’environnement préoccupent peu. Le fléau est ancré dans les habitudes et endorme les décideurs politiques qui ne voient pas venir le danger. Si, on ne conçoit pas un remède pour résister à cet esprit d’envahissement, il atteindra le double but qu’il se fixe : conquérir la terre et désorganiser les écosystèmes.
Certes, il faut de la diplomatie pour convaincre tout un peuple à abandonner ces polluants et à s’approprier des emballages dégradables. Mais, c’est surtout avec les armes rigides de l’audace et de la rigueur que certains pays ont pu arriver à y mettre fin. Le Rwanda a indiqué le chemin à l’Afrique en interdisant l’usage des sacs plastiques sur son territoire. Une dizaine de pays ont suivi. Mais le Bénin est toujours à la traîne. Le projet de loi en la matière attend toujours de faire réagir les députés. Cela devrait être inscrit dans l’ordre des priorités de la République. Néanmoins, ce sera de l’utopie que de croire que ce sont les parlementaires qui pourront délivrer notre cadre de vie de l’étreinte des matières plastiques. Ce ne sont pas les lois qui manquent, mais la conscience pour les appliquer.
Les lois ne sont pas de purs actes de puissance ; ce sont des actes de sagesse, de justice et de raison. Il est presque toujours plus utile de présenter aux citoyens de nouveaux motifs de les adopter dans la durée. Le bon sens voudrait que l’on anticipe, que l’on fasse approprier au peuple les alternatives nouvelles en attendant la loi. Combien de Béninois comprennent les méfaits des sachets plastiques sur la santé et l’environnement ? Combien sont-ils à comprendre qu’il existe des sacs dégradables ? Il est temps de mettre fin aux beaux discours écologistes, aux élans protectionnistes de l’environnement mais qui manquent du peu, la volonté politique.
Une chose est d’interdire, mais l’autre est de réussir à mettre en œuvre l’interdiction, et à trouver des alternatives judicieuses. La transition vers des emballages biodégradables doit maintenant commencer. Il faut du temps pour les populations pour changer les habitudes. On n’a point besoin d’attendre l’interdiction pour entamer ce chantier.



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