Bourse de résidence artistique de Laboratorio Arts contemporains : Le patrimoine musical Yoruba revisité par le Bénin et Cuba

Moïse DOSSOUMOU 12 avril 2023

C’est une expérience unique, un hymne à la fusion des talents. Agrémenté par Laboratorio Arts contemporains, le week-end pascal a reçu une touche musicale et festive. Sur scène sur la plage Bamboo Numérik de Cotonou ce dimanche 09 avril, une constellation de musiciens d’origines diverses. D’un côté, Ivonne Barboza et Ondina Duany de Cuba et de l’autre, Koody Fagbémi, Michel Pinheiro et Amagbégnon, le slameur Vodoun. Sur scène, tous ensemble ont donné un spectacle harmonieux et féérique. Ce travail de groupe a été rendu possible par la bourse de résidence à eux octroyée par Laboratorio Arts contemporains. A Ouidah, dix jours durant, ces artistes ont eu le temps de se familiariser et de prester ensemble. « Ce fut une rencontre magnifique, une belle collaboration », s’est exclamée Ondina Duany qui raconte que sur le site de la résidence, tout se prêtait à la création. « Laboratorio a réussi à créer un univers entre Cuba et la musique béninoise avec le slam comme bonus », a confié l’artiste. Même son de cloche chez Koody, chanteuse percussionniste, qui précise que la résidence s’est déroulée en deux étapes, une première qui a mis en scène Michel Pinheiro, le salsero, Amagbégnon, slameur Vodoun, et Ivonne Gonzalez, chanteuse cubaine. La seconde partie s’est déroulée entre Ondina Duany, Ivonne Gonzalez et elle. « Ce qu’on a présenté ce soir est un mélange entre la musique cubaine et la musique traditionnelle du Bénin ».
Satisfaite du résultat, Lilly Houngnihin, directrice exécutive de Laboratorio Arts contemporains dira que la bourse de résidence a un objectif philosophique et patriotique. « Nous avons envie d’inverser l’épicentre de la création artistique contemporaine. Notre terre regorge de créativité et on est un pays de patrimoine et d’histoire ; on appelle les artistes du monde entier qui viennent chez nous travailler en termes de recherche-création avec nos artistes du territoire pour proposer la nouvelle scène émergente. A Ouidah, on a exploré le patrimoine musical Yoruba répandu à la faveur de la traite négrière dans les Caraïbes et aux Antilles. Nous avons deux artistes cubaines qui échangent en Yoruba avec les artistes béninois. On a cette langue et ce patrimoine Yoruba qui nous cimente ensemble. Au cours de cette résidence, on a fait le chemin inverse pour explorer ce que nous préservons ici et ce qui reste de l’autre côté de l’Atlantique ». Cette activité organisée à cette période de l’année est pour Laboratorio « une façon d’occuper le terrain pendant le week-end pascal pour parler du Vodoun ».
Le public qui ne s’est pas fait prier pour savourer ce concert décuple le plaisir de Lilly Houngnihin pour les efforts de mobilisation qui commencent par porter des fruits. « De plus en plus, on arrive à mobiliser du monde. Nous sommes aussi dans une démarche de démocratisation de l’offre culturelle de qualité. La plupart de nos événements sont en libre accès, car on a envie de conquérir de nouveaux publics ».



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