Célébration de la JISTNA 2023 : Un moment de réflexion sur la traite négrière et ses conséquences

Isac A. YAÏ 25 août 2023

Ouidah, ville symbole de la traite négrière a été retenue pour célébrer le mercredi 23 août dernier la Journée Internationale de Souvenir de la Traite Négrière et son Abolition (JISTNA). Cet espace de commémoration et de réhabilitation de la mémoire des esclaves a été un creuset de rencontre des autorités, experts et afro-descendants. Ayant pour thème « De la douleur à la grandeur », cette journée a été pour les participants l’occasion d’une marche mémorielle qui a pris départ au fort portugais pour chuter à la place des enchères avec le dépôt de la gerbe et une plaque en mémoire des victimes de la traite négrière et de l’esclavage. « Il s’agit de montrer que, dans la tragédie qu’a provoquée cette traite, les Béninois et les afro-descendants doivent trouver l’énergie pour construire un nouveau monde, celui qui les fait grandir et les aide à nourrir des fraternités nouvelles. Réaliser ce pari signifie réhabiliter les lieux de mémoire à travers les sites où les événements historiques se sont produits, à savoir :

le Fort Portugais, la Place aux enchères, le Mémorial de Zoungbodji, la Route de l’esclave et la Porte du non-retour dont la restauration est actuellement en cours. Il s’agit aussi des ouvrages et des infrastructures conçus à seule fin de témoigner de cette histoire et d’offrir aux générations les outils efficaces de la transmission : le Musée international de la Mémoire de l’esclave, le bateau de l’immersion. En fait, l’ensemble de ces réalisations s’inscrit dans la vision du gouvernement qui veut faire de ces lieux de mémoire et de leur animation, non seulement un trait d’union entre le Bénin et les afro-descendants, mais aussi des outils du développement du tourisme », a fait savoir Jean-Michel Abimbola, ministre du tourisme, de la culture et des arts.

Pour Guy Losbar, président du conseil départemental de la Guadeloupe, cette journée mérite d’être célébrée, car elle leur permet en tant qu’Afro-descendants de retrouver le lien avec leur aïeux, victimes de la traite négrière d’une part et de rééquilibrer le lien entre la Guadeloupe et l’Afrique, singulièrement avec le Bénin d’autre part. « Plus de 170 ans après l’abolition de l’esclavage, la conscience collective d’affiliation avec nos parents, victimes de l’esclavage colonial et comprendre l’histoire de la traite négrière, le mécanismes mis en œuvre, les mémoires portées par les différentes communautés sont pour nous des éléments indispensables à l’écriture de notre propre récit. Faire de notre histoire une force plutôt qu’un éternel ressenti, travailler inlassablement pour trouver les chemins de résilience, c’est la mission que je me suis assignée », a-t-il précisé.

Des réflexions ont donc été menées lors des panels par des spécialistes pour la réhabilitation et la création des infrastructures touristiques et d’accueil des Afro-descendants. « Il est donc important pour nous de célébrer cette journée afin de tendre la main à nos frères et sœurs qui vivent de l’autre côté du continent africain pour leur montrer que nous sommes sensibles à leur volonté de retourner chez eux. J’ai voyagé en Martinique et j’ai dit aux frères et sœurs de là-bas que Ouidah ne se raconte pas, il se vit.

A chaque fois qu’ils viennent alors à Ouidah, ils découvrent qu’il y a quelque chose de différent. Nous devons donc continuer à travailler pour structurer une dynamique économique autour de ce retour souhaité. Ouidah qui est une ville ayant des richesses culturelles et cultuelles a le devoir de structurer l’économie autour de ce souvenir pour que tout le monde soit gagnant », a conclu Maixent Djego, député, natif de Ouidah..



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