Célébration du 11 mai : Bob Marley honoré

La rédaction 12 mai 2016

Le 11 mai est la date commémorative de la disparition de la star du reggae Bob Marley. En marge des festivités qui ont habituellement lieu sur le campus d’Abomey Calavi, l’artiste musicienne Kismath a choisi ce jour pour dévoiler sur Youtube et autres réseaux sociaux sa reprise toute particulière de la célèbre chanson ‘’

Redemption song’’ du père du reggae.
C’est une Kismath toute en douceur et en émotion que nous fait découvrir ‘’Redemption song’’. Autrefois membre du groupe de rap ‘’réaktion directe’’ la jeune femme évolue désormais en solo. A travers cette reprise, elle emboite le pas à de grands noms de la musique tels que Beyonce ou encore Yannick Noah qui se sont également prêté à l’exercice.
Comme elle l’explique, le choix de ce titre n’est pas un hasard. ‘’Redemption Song’’ est un très beau morceau, particulièrement à cause du message qu’il véhicule et de sa simplicité ». En effet, cette chanson considérée comme l’une des œuvres fondatrices de Bob Marley, est, contrairement à la plupart des morceaux de la star du reggae un enregistrement acoustique solo, composé, chanté et joué à la guitare acoustique, sans accompagnement. Et c’est exactement ce que nous offre Kismath à travers cette reprise. L’artiste y chante la vie, la liberté mais également l’esclavage. Déjà 36 ans que Bob Marley est mort, mais ces thèmes demeurent toujours d’actualité et ses chansons toujours aussi aimées et appréciées. Kismath a quant à elle de nombreux autres projets dont un album en préparation.

Qui est Bob Marley ?
Star du Reggae et prophète rasta, Bob Marley reste une des principales icônes du monde contemporain. Disparu prématurément en 1980, il a transformé un style issu de la musique populaire jamaïcaine en un mouvement majeur. Phénomène plutôt rare, Bob Marley est à la fois adulé du grand public, qui découvrit le reggae avec lui, et des connaisseurs les plus exigeants. Robert Nesta Marley est né le 6 février 1945 à St-Ann, dans la paroisse de Nine Miles. Fils d’un capitaine blanc de la marine parti une fois son forfait commis et d’une paysanne jamaïcaine noire, il découvre la difficulté d’être métisse, pris entre deux mondes qui s’ignorent. Adolescent, il quitte la campagne pour Kingston, comme beaucoup de jamaïcains que la misère pousse vers les villes. Pourtant, le travail y est rare et Bob vit à Trenchtown, sordide ghetto où se concentrent la pauvreté, le crime et la crasse, dans une promiscuité bien peu poétique au premier abord. Là, il rencontre Bunny Livingston, puis Peter Mackintosh, comme lui, passionnés de musique. Peter joue un peu de guitare et les trois amis chantent les tubes de Rythm’n’Blues entendus sur les radios de Miami.

Les premiers pas de l’artiste dans l’univers musical
Bob Marley enregistra son premier morceau, Judge not, à 16 ans, en 1961. Une industrie musicale commençait à se développer à Kingston, de façon désordonnée. Le taux de chômage était alors de 35 %. Il venait de laisser tomber son job de soudeur. ‘’Judge Not’’ passe inaperçu mais Bob persiste. En 1964, il forme les WailingWailers avec Peter Tosh et BunnyWailer. Bientôt, ils signent un contrat avec le Studio One, le label de Clement "Coxsone" Dodd. Leur premier titre, Simmer Down, sera le tube de 1961 en Jamaïque. Devenus les Wailers, ils travaillent avec Leslie Kong, puis avec Lee "Scratch" Perry. A chaque fois la collaboration est fructueuse sur le plan artistique mais décevante sur le plan financier. Pour beaucoup de jeunes du ghetto, la musique constitue un espoir de sortir de la misère. En 1971, la chanson TrenchtownRock cartonne dans toute l’île. Jusqu’en 66, d’ailleurs, la musique de Bob Marley reposait encore pour une très large part sur cette glorification du style de vie urbain des voyous jamaïcains. De Rude boy à Steppin’ razor, l’hymne des caïds de Kingston chanté par Peter Tosh, en passant par Rulethemruddy ou I’m the toughest (aussi chanté par Peter, et repris par une foultitude d’artistes, dont Johnny Clarke et I-Roy), le jeune Marley assumait le style ‘rocker’ pour épater la galerie. Il faut attendre sa rencontre avec MortimoPlanno, figure tutélaire du mouvement rasta à Kingston, pour que Bob se laisse pousser les dreads et laisse tomber les bracelets cloutés. Peu après, Vernon Carrington – "Gad the prophet" pour les Rastas et fondateur de l’Eglise des 12 tribus d’Israël – poursuivit l’éducation spirituelle de Bob Marley, bien que la star se défendra plus tard d’avoir eu besoin de quiconque pour trouver sa voie (c’est bien naturel) : Gad révéla donc à Bob le secret des 12 tribus d’Israël, selon lequel chaque personne appartient à une de ces tribus en fonction de son mois de naissance. A la fin des années 60, les Wailers devinrent le premier groupe jamaïcain populaire à faire de la philosophie et des rythmes rastas le fondement de leur musique. Depuis un titre comme Simmer down, (1964, morceau écrit par Bob Marley et enregistré au Studio One) où le jeune Bob Marley s’époumone sur un beat très ska avec un chorus reprenant le refrain, le groupe a imprimé une marque indélébile à cette musique. Bientôt, la plupart des stars du reggae devinrent rastas et, en retour, le reggae devint le principal vecteur d’expression de la culture rasta et de ses revendications. Des chanteurs comme Marley devinrent plus que des amuseurs. Ils étaient des révolutionnaires et des représentants des pauvres de Kingston, chez qui leur message arrivait par la radio, comme dans tous les foyers de l’île. En 1967, Marley cessa d’enregistrer, quitta Kingston et retourna dans son village natal de St.Ann mountain. Dans ces collines, il conclut son engagement envers Jah Rastafari, donnant une inclinaison définitive à sa vie, à sa musique et au mouvement rasta lui-même. Pendant un an, Bob adopta le style de vie rasta. Lorsqu’il revint à Kingston à la fin de 68, il s’engagea dans le combat musical grâce auquel il demeure célèbre.

Palmarès de Bob Marley
Ironie du sort, Marley s’était isolé au moment où le monde changeait, où la jeunesse exprimait son ras-le-bol et son désir de nouveauté, comme si cet isolement avait été nécessaire, au milieu de la fureur, pour venir proposer aux masses occidentales une nouvelle spiritualité. Au milieu des années 60, lorsque la violence connut de nouvelles flambées dans les ghettos de Kingston Ouest, la police et le gouvernement s’en prirent aux Rastas, brûlant leurs maisons et les mettant à la rue. Au plus fort de la répression, les forces de police détruisirent le quartier de Black o’ wall, un endroit du bidonville où vivaient de nombreux rastas, dans des cabanes faites de bois et de tôle. A l’étroit dans les villes, les Rastas historiques encouragèrent bientôt les jeunes à développer des communautés à la campagne, loin du système de merde. Les Rastas ont une culture de l’autonomie, fondée sur la pêche, la culture et l’artisanat. Cet appel à déserter Babylone se traduisit par une profusion artistique, les peintres, les sculpteurs sur bois et tous les autres Rastas doués d’un quelconque talent se mettant à transformer de nombreux endroits de l’île .Néanmoins, le principal impact de ce mouvement concerne le reggae, vers lequel affluèrent un grand nombre de jeunes désœuvrés, auparavant engagés dans des bandes et cherchant désormais à gagner leur vie et à développer leur talent dans la musique. Un type comme Dillinger est représentatif de cette mouvance des "rude boys" transformés en reggaeman – certes survolté – par l’influence des communautés rasta. En 72, durant les mois qui précédèrent les élections, le Premier Ministre Hugh Shearer, leader du Jamaican Labour Party, décide d’interdire la diffusion des chansons rasta à la radio. Ces efforts étaient dérisoires, le reggae étant partout dans l’île,. Le JLP fut d’ailleurs défait cette année-là, tandis que Michael Manley, leader du People’s National Party, devenait Premier Ministre. Bien que Marley se défendait de faire de la politique ("Me no singpolitics, me sing bout freedom"), il devint de facto une force électorale avec laquelle il fallait compter. Les deux camps eurent l’occasion de le récupérer (en le citant) ou de le poursuivre en justice. Comme les Rastas sont en contact direct avec Dieu – ils lisent au moins un chapitre de la Bible chaque jour – ils n’ont pas besoin d’intermédiaires. D’où le rejet de tous les systèmes, qu’ils soient politiques, commerciaux ou administratifs. De même, le mouvement ne peut pas avoir de clergé ni de leader.
Réalisation : Elie Iboukoun ADJERAN (Stag) &Marthe OKOUMASSOUN (Stag)



Dans la même rubrique