Chapeau ‘‘Gobi’’ : Une parure porteuse de messages culturels

10 août 2023

Le chapeau ‘‘Gobi’’ est un art vestimentaire très prisé dans le sud-est du Bénin. Cet accessoire, loin d’être un ornement, traduit une identité porteuse de messages culturels. Le ‘‘Gobi’’ peut devenir une fierté nationale et internationale si une action de valorisation est mise en œuvre.

A l’ombre des ruelles animées de Porto Novo, un accessoire vestimentaire exposé à la vente captive, suscite la curiosité : le ‘‘Gobi’’, un chapeau traditionnel ainsi baptisé par les habitants de Porto-Novo. Très présent dans l’art vestimentaire des ethnies Goun et Yoruba, il est plus qu’un simple accessoire de mode d’autant qu’il représente un trésor culturel. Porté avec fierté, ce chapeau est un héritage des traditions ancestrales. De forme allongée verticale, il est fait à base de tissu de pagne avec des motifs atypiques. Selon qu’il est incliné à gauche ou à droite, le chapeau traduit la personnalité du porteur. « Le Gobi est unique grâce à sa position, connue seulement des initiés. Dirigé vers la droite, il exprime l’élégance et la valeur, idéal pour les occasions festives. Dirigé vers la gauche, il symbolise la noblesse et exprime des sentiments intenses tels que l’amour. Relevé droit sur la tête, il reflète l’autorité et le pouvoir, attirant l’attention. Dirigé vers l’avant, il représente le progrès et l’évolution », explique Landry Dansi, couturier styliste exerçant à Dowa, dans la ville de Porto-Novo.

La parure des festins
‘‘Gobi’’ est une parure très remarquée dans les lieux de fête ou de rassemblement. Il donne une belle allure et est un véritable joyau de la culture locale. Il attire tous les regards avec ses motifs élaborés et ses finitions raffinées. Mais au-delà de son esthétique remarquable, le chapeau Gobi véhicule une histoire fascinante. « Le chapeau Gobi est bien plus qu’un simple couvre-chef. C’est un véritable lien avec nos ancêtres et une affirmation de notre identité culturelle », affirme Dr Aboubakar Sow, anthropologue spécialisé dans la culture béninoise. Les recherches de Dr Sow ont révélé que chaque détail du chapeau Gobi porte en lui une signification profonde, véhiculant des valeurs traditionnelles et des récits transmis de génération en génération.

Des motifs qui parlent !
Au-delà de sa dimension esthétique, le chapeau Gobi est un vecteur de l’identité culturelle, de la transmission des savoirs et de la valorisation de l’artisanat local. Il est un symbole de fierté pour les habitants de Porto Novo et pour tout le Bénin, incarnant l’unité d’un peuple attaché à ses traditions. Au fil des siècles, il a accompagné les moments importants de la vie sociale et culturelle. Des cérémonies de mariage aux rituels de passage, en passant par les festivités communautaires, le chapeau Gobi a été témoin et acteur de ces événements marquants. Chaque motif, chaque tressage et chaque broderie du chapeau Gobi présentent leur propre signification symbolique. Les motifs géométriques représentent souvent des symboles cosmiques ou des éléments de la nature, tels que le soleil, les étoiles ou les vagues. Certains motifs peuvent également évoquer des récits mythologiques ou historiques spécifiques liés à la région. Selon Hubert Lihouenou : « une combinaison de motifs en zigzag pourrait représenter un épisode de la migration ancestrale du peuple béninois. Ainsi, chaque chapeau Gobi raconte une histoire unique, tout en faisant écho à une identité culturelle partagée ». Par ailleurs, il est un symbole vivant de l’identité culturelle béninoise, un lien tangible avec le passé et une affirmation de l’importance de préserver les traditions. En portant un chapeau Gobi, les Béninois expriment leur fierté et leur attachement à leur patrimoine culturel tout en contribuant à la valorisation de l’artisanat local. En somme, il est une invitation à plonger dans les récits captivants et les traditions vivantes de ce pays fascinant. Lorsque le chapeau Gobi orne les têtes des habitants, il diffuse un message silencieux mais puissant : celui de la fierté, de l’appartenance et de la préservation d’une identité culturelle unique.
Stanislas ALIHOUENOU (Stag)



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