Entretien avec l'artiste chanteuse Avinou Adjo Yvette Alias Ayadjo : « La musique est une science comme les mathématiques … »

29 avril 2023

Yvette Adjo Avinou est infirmière d’Etat convertie en artiste musicienne. Dans cet entretien, elle dévoile comment la passion a favorisé ce changement de carrière.

Nous allons nous entretenir avec vous sur la musique que vous faites. L’infirmière d’Etat d’hier est devenue une artiste chanteuse d’aujourd’hui. Dites-nous comment peut-on comprendre cela ?
Merci M. le journaliste. Quant à la question de savoir comment l’infirmière diplômée d’État est devenue artiste musicienne, je dirai simplement que de la musique à la santé, ce n’est qu’un pas. Parce que quand nous prenons la santé, c’est un état de bien être mental, physique, psychique qui ne constitue pas seulement une absence de maladies ou d’infirmités. La musique quant à elle, vient charmer pour faire régner l’harmonie. Elle vient réjouir le cœur et exalter l’âme. Quand nous prenons ces deux concepts, c’est des terminologies qui concourent au même objectif. Parce que la finalité, c’est comment faire pour satisfaire l’homme, c’est comment faire pour que l’individu se sente vraiment heureux, à l’aise où qu’il soit, quels que soient sa condition, son handicap. Pour moi, ce n’est qu’un pas. Et les deux vont de paire. La musique fait le monde et il n’y a pas ce jour-là où l’on peut dire que la musique va se mettre de côté. Je crois que non. Ce n’est pas possible. Et moi, je me retrouve dans les deux concepts très facilement.

Entre être artiste musicienne et infirmière d’Etat, lequel vous paraît contraignant ?
Il faut dire qu’il y a des contraintes dans tous les domaines. Tout domaine que nous abordons ou tout domaine dans lequel nous exerçons, a toujours des contraintes. La vie même est une contrainte. Quand je prends le domaine de la santé, il y a beaucoup de contraintes. Vous faites vos études, vous avez vos diplômes, vous commencez à bosser, et à un moment donné, il faut faire des renforcements de capacités pour pouvoir être à la hauteur, pour pouvoir répondre efficacement aux exigences actuelles. Et dans le domaine de la musique aussi, c’est pareil. La musique a beaucoup d’exigences surtout de nos jours. La musique est une science comme la mathématique. Il faut aller à son école. Il y a assez de contraintes en musique pour attirer l’attention du public. Vous voyez, aujourd’hui certaines tendances obligent à travailler pour pouvoir répondre aux attentes des fans. Le souci quotidien, est comment faire pour satisfaire le public. Il faut vraiment travailler où que tu sois. Que tu sois en musique, en santé ou dans d’autres secteurs, tu as l’obligation de travailler et c’est beaucoup de contraintes. D’ailleurs c’est cela qui vous amène à pouvoir avancer.

Pensez-vous que les motifs qui vous ont amené à préférer la musique au métier d’infirmière en valent la peine ?
Moi je suis infirmière diplômée d’Etat à vie. C’est un métier noble. C’est un sacerdoce. Être au service des patients, aller au secours des patients. J’ai opté pour cela. Mais au-delà de cela, il faut comprendre qu’il y a la passion. Il y a d’autres passions. Dans le cas précis, c’est une passion que je nourrissais depuis très longtemps, depuis que j’étais enfant. Il faut aussi dire que mes parents n’étaient pas d’accord pour que je m’engage dans cette aventure musicale. Ma maman chantait, elle était maîtresse de chorale et m’emmenait pendant que j’étais très petite à la chorale. Là où ils avaient de difficultés pour chanter en tant qu’adultes moi j’avais vraiment la facilité à prendre des chants. Je chantais, je m’amusais en chantant. Du coup, j’ai été officialisée et quand il y a des concerts, des animations, on me mettait devant, je prenais le micro, je chantais et cela donnait un effet spectaculaire. Donc c’est ainsi que j’ai pris goût à la chose. Mais mon papa lui, n’était pas d’accord. Il disait non, et qu’il faut que je fasse les études. De plus, à l’époque, la manière de voir les artistes ne favorisait pas vraiment mon engagement. Il y a mon papa qui disait qu’il y a des artistes qui se mettaient pratiquement nus pour danser, ‘’ma fille ne doit pas faire cela’’. Bref, je n’avais vraiment pas la bénédiction de mon père. Mais ma mère voulait que je fasse carrière en musique. Donc à un moment donné, je me suis dit qu’il faille que je me concentre sur mes études laissant la musique. Et après, je suis allée en médecine, voilà j’ai gravi les échelons et suis sortie avec mes diplômes. J’ai commencé à travailler mais ce qu’on appelle la passion est naturellement en moi et coule dans mes veines. J’en étais là quand j’ai eu l’opportunité d’être membre fondatrice de la chorale "Saint Blaise". Du coup j’ai repris la chorale comme si de rien n’était. J’ai repris mes engagements au niveau de la chorale et c’est comme cela que j’ai repris goût et me suis donnée à fond. Mais il faut comprendre que la musique est très exigeante. Cela vous prend beaucoup de temps si vous voulez aller loin, si vous avez des objectifs à atteindre, si vous voulez en faire une carrière. Il faut faire un choix. Et c’est ce que j’ai fait. Je fais le piano, la percussion mais je me suis spécialisée en guitare. Vous convenez avec moi qu’il faut vraiment du temps. C’est comme cela que je me suis retrouvée à ce niveau.

Y-a-t-il une raison particulière qui justifie le choix de votre nom d’artiste AYADJO ?
En ce qui concerne mon nom "Ayadjo", ce n’est rien de sorcier, c’est rien de compliqué. Le "A", c’est pour dire "Avinou", le "Y" c’est pour dire "Yvette", le "ADJO", c’est pour dire ADJO parce qu’à l’état civil je suis AVINOU ADJO YVETTE. Donc je suis juste partie de mes nom et prénoms pour pouvoir trouver ce nom d’artiste.

Depuis combien d’années déjà avez-vous démarré votre carrière musicale ?
Comme je viens de l’expliquer un peu plus haut, pendant que j’étais plus jeune, j’allais à la chorale avec ma maman pratiquement tous les weekends, on était sur les concerts, on était vraiment sollicités. Des fois, le vendredi on attendait mon retour des cours et on embarquait et ça fait à dimanche soir. J’ai fait tout ça pendant des années. Après ça, je me suis concentrée sur mes études. J’ai repris véritablement à nouveau ça fait 6 ans.

Laquelle de la musique moderne ou traditionnelle avez-vous décidé de faire ?
Je fais de la musique moderne d’inspiration traditionnelle. Mon souci c’est de faire la promotion de nos rythmes notamment le zinlin de Lokossa. C’est un rythme parmi tant d’autres et il a aussi ces spécificités. Je suis en train de travailler sur ce rythme qui va me donner une identité musicale. Tout cela associé à tout ce que nous savons déjà, je peux ajouter du jazz, du blues, bref tout ce que je veux.

Combien de titres ou d’albums sont déjà inscrits à votre actif ?
En réalité, il faut dire que j’ai un single que j’ai réalisé avec Fifi Finder, Yagbondji, c’est pour demander aux jeunes filles, aux adolescentes, de patienter, de prendre tout leur temp, de se concentrer sur leurs études et d’aller jusqu’à la fin de leur formation avant de s’engager dans la vie active. En plus de ce single, il y a deux autres morceaux que j’ai enregistrés. Je suis en train de travailler sur les autres morceaux afin d’avoir un très bon produit. Je travaille beaucoup ces temps-ci. Il ne faut pas oublier qu’il y a aussi que j’ai fait mon CAP en musique option Guitare. J’ai aussi mon DT en musique et je suis en train de préparer ma licence.

Que pensez-vous du showbiz béninois ?
Je n’ai rien à dire à propos du showbiz béninois. Tout ce que je peux ajouter, c’est qu’il faut avoir la chance de tomber sur de bonnes personnes, des gens qui partagent votre vision, des gens qui partagent vos objectifs pour que cela puisse marcher. Si vous n’avez pas la chance d’avoir les gens comme ça, c’est plus difficile. Mais je bénis le Seigneur pour tout ce qu’il me fait.

Quel artiste vous inspire beaucoup ?
L’artiste béninois qui m’inspire, c’est notre dada, notre maman Angélique Kidjo. Elle a beaucoup influencé ma vie. C’est une dame de fer, une dame qui ne recule pas devant des situations, elle est tenace et elle m’inspire beaucoup. J’aime tout ce qu’elle fait.

Un appel à lancer ?
L’appel que j’ai à lancer, c’est de demander à tous mes fans de continuer toujours à me soutenir. Demander à tout le peuple béninois de soutenir ce que je fais et moi, à mon tour, je travaillerai pour pouvoir répondre aux exigences du public.

Votre mot de la fin.
Mon mot de fin c’est de remercier mon très cher époux qui fait vraiment beaucoup pour moi. Vous savez, ce n’est pas facile pour un homme de laisser sa femme dans le domaine de la musique. Ce n’est vraiment pas facile. Et ça je le reconnais. Il fait vraiment beaucoup pour moi. Et je n’en serais pas là si je n’avais pas un homme comme lui à mes côtés. Je lui tire vraiment chapeau. Je lui dis sincèrement merci. Si vous avez des talents et vous n’avez pas un homme qui vous accompagne, c’est que vous ne pouvez rien, vous ne pouvez pas évoluer, vous ne pouvez pas vous faire découvrir. Et moi j’ai cette chance de tomber sur un homme qui me comprend et qui soutient ce que je fais.
Propos recueillis par Mahussé Barnabé AÏSSI (Coll.)



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