Entretien avec l'artiste Sabbat Nazaire dans le cadre du 11 mai : « …Bob Marley n'a jamais été président de la République. Pourtant, il est célébré… »

Patrice SOKEGBE 10 mai 2013

Le monde entier va célébrer, le 11 mai prochain, la mort du Roi du Reggae, Robert Nesta Marley (Bob Marley). A ce sujet, un de ces fans, Sabbat Nazaire, de son vrai nom Nazaire Akpovi, dans l’entretien qu’il a accordé à votre journal, s’est prononcé sur ce qu’est devenu le Reggae de nos jours.

Le 11 mai prochain, le monde entier va célébrer la mort de Bob Marley. Quelles sont vos impressions au sujet de cette célébration ?

J’ai naturellement une très bonne impression, parce que loin d’être une fête, ça doit interpeller tout un chacun de nous, notamment ceux qui nous dirigent. Ça doit les amener à plus de conscience, ça doit les pousser à véritablement faire ce pour quoi ils sont là, à ne pas voir le côté « Pouvoir ». Bob Marley n’a jamais été président de la République. Pourtant, il est célébré. Cela prouve que ce n’est pas le pouvoir qui élève. C’est Dieu qui élève. Je suis donc fier d’appartenir à ce mouvement Rasta et ça m’encourage à aller dans le même sens, c’est-à-dire, l’engagement que j’ai pris à dénoncer ce que l’autre ne peut pas dire, à être la voix des sans voix. Puisque nous sommes dans un monde dominé par une petite poignée d’oppresseurs.

Pensez-vous que le rythme Reggae peut-il changer le comportement des populations et aussi des dirigeants ?

Ce n’est pas moi qui le dis. C’est un constat général. Ça doit changer. Mais il y a une chose qui est sûre : la conscience. Est-ce que ces dirigeants ont une conscience ? Ceux qui ont vraiment une conscience doivent se laisser changer par nos messages. Si vous avez une conscience et vous les écoutez, vos manières de vous comporter doivent aussi changer. Si les messages de Bob Marley étaient légers, on ne serait pas en train de le célébrer. Donc, c’est pour vous dire que c’est très important les messages que véhiculent les Rasta. Tenez-vous aussi tranquille ; ce n’est pas tout le monde. Il ne faut pas venir au Reggae parce qu’on a envie ou on a vu l’autre réussir. Il faut avoir un bagage bien fourni. C’est une musique d’essence spirituelle. C’est Dieu qui donne. Le courage, c’est Dieu qui donne. Et ce courage est transmis à travers les messages pour permettre le changement positif que nous escomptons. Lorsqu’on dit « Azéto n’woyètoé », une personne normale ne peut jamais le dire. Mais, nous le disons pour permettre à ceux qui sont tapis dans l’ombre. Ceux-là qui pensent détenir un pouvoir pour nuire à leur prochain de se désillusionner. Ce n’est pas un pouvoir-ça. C’est un pouvoir passager. Le pouvoir absolu, c’est Dieu qui donne. C’est des messages du genre que véhicule le faiseur de Reggae.

Aujourd’hui, les jeunes conçoivent le Reggae autrement. Pour eux, c’est l’alcool, c’est La drogue et autres vices. Quels regards portez-vous sur ce phénomène ?

Je suis très heureux que vous soyez chez moi et vous voyez l’aspect de ma maison. Je suis un Rasta qui est très rangé. Je suis marié à l’église. Je suis un Rasta qui vit essentiellement la crainte de Dieu. Le modèle dont vous parlez, je le suis, parce que je ne fume pas, je ne bois pas, je ne trahis pas et c’est ça l’essentiel. Je n’ai jamais vu de mes yeux la couleur de la drogue. Ceux que vous allez voir le 11 mai à ces genres d’activités ne sont certainement pas Rasta. Même s’ils le sont, ils le sont par similitude. Ils ont voulu imiter ou être à la mode. Mais un véritable Rasta, c’est celui-là qui vit essentiellement la crainte de Dieu, puisque je vous ai dit : Qui dit Rasta dit révolte. Qui dit Rasta est divinement inspiré. Si c’est Dieu qui pose sa main, restez donc tranquille. Même la sucrerie, je n’en prends pas, parce que je souffre de la glycémie. Je ne prends que l’eau. Donc, je ne sais pas ce que vous allez réclamer en moi et que vous ne trouverez pas.



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