Interview avec L’Ecrivain Eric Bonouadi : « J’écris pour dénoncer, sensibiliser et corriger »

La rédaction 22 avril 2021

Eric Bonouadi est administrateur en Management des services publics et privés. Il dirige actuellement une association dénommée Charity Club International qui œuvre dans le social. Les écrits, la peinture et la sérigraphie constituent ses passions. A travers cette interview, il nous parle de son recueil "Regard violé" et de comment est née cette aventure.

Comment est née cette passion pour l’écriture ?
La littérature est un domaine que je côtoyais depuis tout petit. J’étais impressionné par la façon dont les écrivains livrent leurs histoires sur la beauté de la nature, sur la méchanceté et la bonté des hommes. J’étais très séduit par leur art d’écrire parlant du fond et de la forme des textes. Cela me faisait voyager ou me faisait tout simplement rêver.

A combien d’œuvres êtes-vous ?
Je viens de faire mon entrée dans l’univers de l’écriture avec ma toute première œuvre littéraire, un recueil de nouvelles intitulé ‘’Regard violé’’.

Parlez-nous de votre chef-d’œuvre ?
Ce livre est né dans un contexte socioculturel selon lequel, nos us traditionnels ou immoraux pèsent sur la femme. Nous pouvons citer entre autres : la violence conjugale, le mariage désintéressé aux yeux de nos parents, la répugnance d’avoir donné naissance à une fille, la déception amoureuse etc.
Regard violé est un recueil de nouvelles qui met en exergue la souffrance de la femme qu’elle soit fille, mère ou épouse. Il regroupe cinq nouvelles dont chacune d’elle est introduite par un poème d’hommage à l’endroit de la femme. Il y a respectivement ‘’Regard violé’’, ‘’Cœur brûlé’’, ‘’Passion avortée’’, ‘’Ame de l’innocence’’ et ‘’Révolte du mort’’. Ce sont des nouvelles dont leurs héroïnes sont toutes des femmes de forte personnalité qui sont confrontées à des épreuves douloureuses de la vie se terminant à la mort. Dans la première nouvelle Regard violé, il s’agit de Laura qui a connu au début d’une relation d’amour, les belles paroles de Francis, un étudiant de l’université de N. en Médecine n’ayant plus ses parents en vie. Laura étant convaincue que cette relation aboutira au bonheur sans faille d’une famille, abandonne ses études pour investir dans la formation de son amant. Celui-ci décide un jour d’abandonner également les études pour suivre une formation d’imprimerie parce qu’il se sentait très mal de voir une femme souffrir pour nourrir une famille avec un enfant. Il deviendra plus tard chef de sa propre entreprise et déménage avec sa famille pour s’installer dans sa propre maison. Le calvaire de Laura commence là. Elle subit beaucoup d’humiliations, de violences verbales et corporelles soit pour rien soit quand elle cherche à comprendre pourquoi son mari rentre tard du boulot. C’est dans ces moments douloureux que leur seconde enfant Faustine est née. Elle se sent déçue le jour où elle fit une découverte alarmante. Elle surprend Francis et sa secrétaire en train de s’amouracher. Depuis ce jour, elle voyait tous ses efforts partir en fumée. Ils ont divorcé. Elle se rend un jour dans la maison de son mari et leur administre, Francis et sa nouvelle femme, trois balles successives. Après plusieurs enquêtes, elle va en prison où elle est retrouvée morte quelques mois plus tard. La deuxième nouvelle Cœur brulé nous plonge dans les mésaventures de Lolita, étudiante à la Fac, qui a sacrifié certains de ses jours de cours pour satisfaire sexuellement Paul, enseignant à l’université d’Abomey-Calavi parce que celui-ci lui a fait croire que l’amour est tout rose et qu’elle ne va jamais se plaindre. Lolita se nourrissait d’un rêve qui est celui de se lancer dans le commerce plus tard quand elle sera officiellement avec Paul. Mais ce rêve est rompu depuis le jour où elle se sent menacée et apprend par le biais de la femme de Paul au téléphone que son prétendant était déjà marié. Malheureuse et abattue à cause de sa grossesse révélée à l’hôpital après sa chute, elle se retrouva chez son ancien ami Fidèle pour se remettre avant de prendre une décision entre rentrer chez sa pauvre mère, vendeuse de fagots et une autre décision qu’elle ne connait même pas. Elle a été violée cette même nuit et à plusieurs reprises par son ami. Ne sachant plus où aller, Fidèle lui propose quelques années plus tard un projet, celui de passer quelques semaines en France chez sa prétendante Laure, en se passant pour sa sœur. Projet réalisé, Lolita s’est enfuie de chez son hôte et disparait dans la nature. Elle sera confrontée plus tard à d’autres terribles mésaventures qui sont de jouer les strip-teaseuses et de se donner aux hommes dans le bar d’Abder, un homme sans cœur qui lui avait imposé ce job, au risque de la dénoncer, après s’être passé pour un taximan gentil qui décide de l’aider. Malade après de grandes souffrances sexuelles et corporelles, elle s’est vengée en contaminant plusieurs de ses clients avant d’inviter son patron pour une nuit de rapport sexuel fougueux. La passion avortée retrace l’histoire de deux jeunes adolescents, Ayiwa et Mawoulé très amoureux. Les parents d’Ayiwa s’opposant à cette relation à cause des différends qu’il y avait eu entre eux et les parents de Mawoulé, les deux amoureux décident un jour de fuir pour aller vivre leur amour ailleurs. La fuite s’est soldée par la mort de Mawoulé foudroyé après qu’Ayiwanon a consulté le féticheur. Ayiwa s’est poignardée et sa mère s’est jetée dans un puits. La quatrième nouvelle est Ame innocente. Elle parle d’un père assoiffé de richesse qui a tué sa propre fille de dix ans pour s’enrichir. Cette richesse n’ayant pas fait long feu, il s’est retrouvé seul et très malade avant d’être croqué par son gigantesque serpent à qui son enfant était sacrifiée. La cinquième et dernière nouvelle Révolte du mort fait cas d’une mère, Jeanne abandonnée dans la misère, par ses enfants au village. Elle est morte suite à cette souffrance dans sa case. Ayant appris la nouvelle, ses enfants se débarquent pour faire un enterrement digne du nom. La colère de leur mère depuis l’au-delà se manifeste. Ils sont ravagés par une pluie torrentielle. Les uns ont perdu la vue, d’autres ont perdu leurs membres et certains ont cassé leurs crânes.

D’où est venue l’idée d’écriture ?
L’écriture est un moyen d’expression pour ceux qui savent se taire pour observer. Elle est un canal pour avouer ou dénoncer quand on veut se passer du bruit. Ma décision d’écrire ne souffre d’aucun doute. Je suis convaincu que mon don s’exprime aussi par là. J’écris donc pour me faire entendre et donner mon opinion sur les revers sociaux. J’écris pour immortaliser les histoires entendues et vécues. J’écris pour dénoncer, sensibiliser et corriger.

Quelles sont les thématiques abordées dans l’œuvre ?
Dans cette œuvre, les thématiques abordées sont celles de la mort, de la vengeance, de l’obsession, de la violence, de la trahison etc.

Pourquoi le choix de ses thématiques ?
Le choix de ces thématiques revêt l’idée selon laquelle la femme subit beaucoup d’injustices dans nos sociétés actuelles et cela, à cause de la mentalité sociétale, surtout traditionnelle qui la met au second rang c’est-à dire qu’elle est considérée comme inférieure à l’homme. Il s’agit donc de mettre à nu l’origine de la douleur féminine pendant longtemps voilée.

Quels sont vos projets ?
Il y a un concours social et littéraire en cours dénommé ‘’Flamme’’ qui vise à amener les jeunes à concourir pour remporter des trophées, vivres, de l’argent et plein d’autres lots à la femme de leur choix (mère, sœur, femme, fille). Bientôt, une œuvre dramatique et romanesque naîtra.

Votre mot de la fin
Je vous remercie. Je tiens également à remercier mon lectorat qui ne ménage aucun effort pour la visibilité de cette œuvre qu’ils jugent fascinante. Tenez-vous bien, ce n’est que le début de l’aventure. Je vous réserve d’autres surprises plus époustouflantes ! Le livre est disponible dans les librairies Notre Dame, SONAEC, Le Rosier et au siège de Charity Club International au carrefour Parana.
Propos recueillis par : Marina HOUNNOU (Coll.)



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