La sculpture : Un métier en voie d’extinction au Bénin

La rédaction 25 août 2016

Le métier de sculpteur est en voie de disparition car la mévente s’installe. Les gens préfèrent se procurer des sculptures importées, vu l’attirance que dégagent celles-ci, ayant été travaillées et peintes de façon industrielle. Ange, un jeune entrepreneur rencontré au centre de promotion de l’artisanat (Cpa), voulant acheter des objets d’art pour embellir son bureau préfère ceux importés à cause de la beauté et des prix relativement bas. Et la plupart des visiteurs se comportent comme lui. Du coup, les sculptures locales sont juste admirées et laissées. « Peu de Béninois accordent d’importance aux objets d’art », déclare Cossi, sculpteur au centre de promotion de l’artisanat. Il explique que s’il est encore dans le métier, c’est à cause des touristes qui viennent voir et acheter ses produits, lui dire toute leur admiration et qui l’encouragent à continuer. Il s’indigne : « nous, nous sommes là pour nous soumettre aux promoteurs des boutiques puisque tout le monde se lance aujourd’hui dans la commercialisation des objets importés et cela crée une concurrence qui ne dit pas son nom ». Les sculpteurs sont donc confrontés à la floraison des boutiques vendant des objets importés des pays voisins et aux difficultés d’approvisionnement en matière première. En effet, la particularité au Bénin, est que l’artisan conçoit des statues, des chaises, des objets de grande taille alors que ce n’est pas le cas pour les produits importés. Ainsi, quand les touristes achètent ces objets, ils éprouvent d’énormes difficultés, surtout au niveau de l’aéroport, car ils payent le double voire le triple pour le produit avant d’aller chez eux ; ce qui empêche parfois les étrangers d’acquérir les produits d’art. Amézoukin, un sculpteur en exercice depuis 10 ans environ confie : « j’exerce de façon convenable mon métier de sculpteur, et pour être franc avec vous, la sculpture au Bénin, c’est décevant. Je disposais d’un grand atelier situé à Gbègamey où j’exposais les objets pour vendre ; mais mon chiffre d’affaires a chuté compte tenu des difficultés que rencontre le métier ». A en croire les artisans rencontrés, le métier est difficile à exercer à cause de l’utilisation d’outils archaïques et surtout des objets importés. Pour la survie de ce métier, il faut une volonté politique, d’abord pour limiter ou fortement taxer l’importation des objets d’art et ensuite pour faciliter l’approvisionnement en matière première. Le sculpteur Cossi du Cpa, membre de l’association des sculpteurs « Nouwagnon », a la nostalgie du projet dénommé Fenab, qui aidait les artisans à avoir des prêts pour poursuivre leurs activités. Mais il raconte que ce projet n’a pas duré parce que la politique s’en est mêlée. Il est clair que le défaut de financement et l’absence d’une politique nationale de promotion des objets d’art sont aussi un obstacle au rayonnement du secteur. Pour ces artisans, l’Etat doit revoir les textes qui régissent le secteur car le métier de sculpteur se meurt.
Christelle Ruth TOGONOU (Stag)



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