Musique au Bénin : Un secteur qui peine encore à se lever

La rédaction 21 juin 2019

La communauté internationale célèbre ce jour, la 38ème édition de la fête internationale de la musique ou la World music day. Au Bénin, bien que le secteur semble assez productif, des difficultés subsistent.

Aujourd’hui, il est très fréquent de voir passer en boucle sur nos chaînes de télévision des œuvres musicales. De la musique traditionnelle à la musique moderne, tout le monde veut se faire une place. Mais la triste réalité est que ces œuvres ne sont pas vraiment appréciés par le public auquel elles s’adressent. Des textes dépourvus de sens, sans mélodie ou encore des sons non arrangés, tout porte à croire que les artistes ne travaillent pas vraiment sur les morceaux avant de les rendre publics. « Mon regard sur le secteur de la musique aujourd’hui est un peu triste parce que la qualité laisse à désirer sur l’ensemble de la production. La musique béninoise se porte mal au niveau de sa qualité, de sa capacité à nourrir les besoins locaux et à pouvoir s’exporter », apprécie Mechac Adjaho, un didacticien de la musique. Il n’est pas le seul à avoir fait ce constat. Pour Aristide Agondanou, ambassadeur de Visa of music, « le travail qui se fait au niveau de la qualité des œuvres musicales béninoises est très loin, nous sommes pratiquement à un siècle de ce qui se fait ailleurs. »

« On assiste à une musique sans vie, non inspirée »
Quand on y regarde de près, plusieurs sont les raisons qui justifient la mauvaise qualité des œuvres musicales au Bénin. Ce qui se remarque le plus souvent par le public, c’est la voix. « L’artiste chanteur doit travailler sa voix. C’est un paramètre très important pour se faire apprécier du public », explique Mechac Adjaho. Al’en croire la sortie d’une œuvre musicale devrait suivre des étapes données que beaucoup d’artistes ne respectent pas. « Pour comprendre les normes de qualité en musique, il faut se concentrer sur le produit. Quand on fait le point de la chaîne depuis la création du profil de l’artiste , de son répertoire en passant par l’usine de tout ce qui est production sonore, production visuelle, mise en place d’un marketing autour, la diffusion , la visibilité et la promotion, il y a un travail qui n’est pas fait. C’est à ce niveau que les problèmes se posent », explique-t-il. Albert Bessanvi alias Gbéssi Zolawadji va plus loin : « C’est la méconnaissance du métier qui fait qu’aujourd’hui au Bénin à quelques exceptions près, on assiste à une musique de bas étage, une musique sans vie, non inspirée, et faite par des gens qui pensent que n’ayant pas réussi ailleurs, on peut venir faire la musique ». De leurs dires, on pourrait déduire que la musique est un métier qui devrait s’apprendre comme tout autre. Ce qui n’est souvent pas le cas au Bénin.

Une chaîne musicale non respectée.
Il est donc clair que les artistes ne respectent pas vraiment toutes ces étapes avant de rendre public leur produit. L’avènement de la production assistée par l’ordinateur et les médias sociaux ont tout fait basculer « Du temps où on faisait de la musique et que les musiciens jouaient, c’était de la musique vivante. Mais l’époque de l’introduction de l’ordinateur dans la création musicale était la façon la plus facile pour certains de devenir artistes si bien que la connaissance musicale de base a déserté les lieux de production de la musique » regrette Albert Bessanvi. En effet, ces paramètres sont tellement importants, mais beaucoup les négligent pour investir sur leur peau, leur tenue, leur maquillage, sur leur paraître.

Un problème de réseautage
Lorsqu’on condamne les artistes sur la mauvaise qualité des œuvres, la première réaction qu’ils ont, est qu’ils l’ont apprise sur le tas et ne savent même pas s’il y a des écoles pour se faire former. « La mauvaise qualité, le niveau technique, le problème de positionnement et de réseautage font que les œuvres musicales béninoises ont du mal à être exportées » se désole Mechac Adjaho. Les quelques-uns qui ont réussi le pari de faire des œuvres de bonne qualité souffrent également du problème de positionnement. « Au niveau national, c’est compliqué et à l’international c’est impossible ». En réalité le problème de positionnement ne devrait pas se poser car cette responsabilité incombe aux managers des artistes. Mais triste est de constater qu’à ce niveau aussi, les artistes béninois n’aiment pas se laisser contrôler ou laisser contrôler leur carrière.
Marina HOUNNOU(Coll.)



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