Tendance Nappy : Chez les dames de Cotonou, le naturel revient au galop

La rédaction 8 septembre 2020

Au Bénin, le retour au naturel capillaire s’impose de lui-même. Rejetant la mode du défrisage de cheveux, de plus en plus de femmes optent pour le ’’ nappy’style ’’. Mais bien plus qu’une tendance, c’est un mode de vie.

Une femme qui se coupe les cheveux est une femme qui s’apprête à changer de vie, dit-on. Seulement, pour Ella, nappy depuis trois ans déjà, « ce n’était pas pour changer quoi que ce soit. J’en avais juste envie. C’était en 2017 et le nappy n’était pas encore d’actualité. C’est lorsque mes cheveux ont repoussé au naturel, que j’ai constaté qu’ils étaient plus denses ». Mais si cette transition a été des plus simples, ce n’est pas le cas pour d’autres. Il aura fallu une série de mauvaises expériences pour que Ima Q. fasse son choix. C’est avec un peu de chagrin qu’elle raconte : « il y a longtemps, alors que j’étais enfant, je suis allée dans un salon de coiffure pour me défriser les cheveux. On m’a appliqué un produit qui m’a brûlé le cuir chevelure. Maintenant je porte des cicatrices sur la tête. Quand on y passe le peigne, on sent de petites bosses ».
Et les témoignages se multiplient, mais l’histoire reste la même. Ce sont des plaintes incessantes sur « la couleur changeante des cheveux au fur et à mesure qu’ils étaient défrisés », ou encore les « cheveux qui devenaient de plus en plus fragiles à chaque fois qu’ils raidissaient>>. Le nappy apparaît alors comme une option salvatrice. Toutefois, c’est avant tout « une affirmation de notre identité culturelle », estime Ima.

Un atout, pas un défaut
Le nappy n’est pas qu’une histoire de cheveux. En effet, né de la contraction des termes anglais « natural and happy », le nappy est une revendication culturelle. En portant leurs cheveux naturels, les adeptes de ce ’’mouvement’’ s’affirment en tant que noire et fière de l’être. A cet effet, Juliette Sméralda, sociologue martiniquaise explique dans son livre « Peau noire, cheveux crépus : l’histoire d’une aliénation » publiée en 2005, que : « le cheveu crépu est généralement présenté et décrit comme un cheveu malade par les professionnels de la coiffure ». C’est alors cette perception étroite de ’’l’africanité’’ qui pousse de nombreuses femmes au défrisage. Le retour au naturel capillaire est donc une forme de rejet d’une pression sociétale, comme l’estime la sociologue.

Ainsi, il n’est plus question d’être belle, mais d’être naturelle, belle et heureuse. « Pourquoi donc changer ce cadeau du ciel ? Il faut plutôt en prendre soin et les mettre en valeur, car c’est ce que nous sommes », déclare une autre nappy rencontrée. D’autres avoueront cependant que bien qu’étant fière de leur belle touffe, << la douleur qu’on ressent lors de les peigner n’est pas des moindres, sans compter qu’ils s’entremêlent très vite. Il devient alors difficile de les garder ». Mais à tout type de cheveu, il y a un traitement adapté. « Moi j’utilise de l’huile d’olive. Et j’ai des cheveux de nature souple », révèle Carolle. Quant à Val, nappy depuis une année, elle « utilise du beurre de karité, parce que mes cheveux sont très secs ». Il devient alors impératif, de comprendre ses cheveux et de les accepter, pour mieux s’accepter.
Vidjennagni MISSINHOUN & Deo-Gratias SOMAKPO (Stags)



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