Virginité avant le mariage au Bénin : Une perle rare pour l’honneur

La rédaction 28 avril 2020

Au Bénin, environ la moitié des jeunes ont leur premier rapport sexuel avant l’âge de 18 ans. Dans un contexte de mutations sociétales, certaines jeunes filles trouvent encore la formule magique, au nom des valeurs, pour attendre le mariage.

« Des vierges, il y en a encore. J’en suis une ». En toute fierté, Sènan, 30 ans, juriste, nous dévoile ainsi son statut. « Je ne suis pas pressée. J’ai toujours patienté et été rassurée, attendre de me marier. C’est vrai que 30 ans paraissent inédits dans mon entourage, mais je sais que j’ai beaucoup gagné pendant ce temps. Je vais rompre les barrières bientôt, au mariage », nous confie-t-elle, toute souriante.

Tout comme elle, Danielle, 21 ans est de cette école de conservateurs. Son défi, c’est de patienter jusqu’au mariage avant d’aller au sexe. « Le sexe avant le mariage ne garantit pas forcément sa place auprès de celui que l’on croit être l’idéal. Il faut du temps pour apprécier et se convaincre de son choix. Après tout, seul Dieu peut aider à rencontrer l’âme sœur », martèle cette étudiante en première année d’Analyse biomédicale.
Ces témoignages contrastent bien avec la tendance dans la société actuelle au Bénin. En témoigne l’incidence croissante des grossesses en milieu scolaire, soit 2763 grossesses pour 301 821 pour l’année 2016-2017, selon le ministère de l’Enseignement secondaire. Mais certaines tiennent le coup.

Au nom de l’amour et des valeurs
Pourquoi s’abstenir jusqu’au mariage ? Jessica Gaba, sociologue justifie cela par la tradition et l’attachement aux valeurs. « Dans l’histoire, la jeune femme est garante de l’honneur de toute la famille. Du coup, la virginité était ce qu’elles avaient de plus précieux à offrir », explique-t-elle.

En réalité, suite à la dot d’une demoiselle comme nouvelle épouse, le drap blanc tacheté du sang vif doit être dévoilé à la famille du marié en guise d’hommage à cette dernière. « Les valeurs inculquées à nos enfants n’étaient pas de l’eau versée sur le dos du canard, ce qui n’est pas le cas chez nos demoiselles d’aujourd’hui », confie Jocelyne Dassi, une sexagénaire.

Les défenseurs de cette exigence coutumière érodée voient d’un mauvais œil les pratiques sexuelles chez les jeunes de nos jours. « C’est la curiosité des enfants, l’impatience de ces jeunes filles qui les impliquent dans la dépravation des mœurs. Ce n’est pas la faute des parents, puisque malgré l’éducation de ces derniers, les jeunes filles d’aujourd’hui s’entêtent à suivre ces irresponsables qui les détournent de la tradition avec quelques petits bonbons », s’offusque Jocelyne Dassi.

Autre temps, autres mœurs
Il est certain que la virginité ne court plus les rues. Selon les témoignages recueillis, c’est une perle rare qui expose même celle qui essaie de l’incarner. « Il arrive que quand des amies, même des hommes sont informés que je suis encore vierge, ils me voient d’un mauvais œil. C’est un peu comme si j’en fais de trop. Alors que ce n’est pas une course de vitesse pour que je me lance au même rythme qu’eux », fulmine Sènan, la trentaine.

Certains indexent le fait que la dépravation de ces jeunes filles serait sans doute liée à l’inconscience et la désobéissance. « La virginité d’une femme importe peu sur le mariage. La trahison a gagné les cœurs », déplore Anasthase Mehoba, économiste. Selon la sociologue Jessica Garba, les hommes ont toujours voulu épouser une femme vierge parce que c’est un honneur d’être et le premier et probablement le dernier dans sa vie. « Toutefois, des hommes profitent des femmes de mœurs légères pour assouvir leur besoin charnel. Hormis cet aspect de la chose, la quête du gain facile n’est pas du reste. Le problème se pose beaucoup désormais chez les plus jeunes. Une étude réalisée sur les pratiques sexuelles des adolescents et jeunes des collèges d’enseignements de Cotonou, publiée dans la revue sexologies en 2019 met l’accent sur l’éducation sexuelle.
Rafiatou GANNI (Stag)



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