Réforme du système partisan et présence à l’Assemblée nationale : Ces caciques absents malgré eux

25 avril 2022

Ils étaient assurés de leur réélection à l’Assemblée nationale en 2019. Mais avant d’en arriver là, il aurait fallu qu’ils soient candidats. A leur corps défendant, la réforme du système partisan prônée et concrétisée par le chef de l’Etat a brisé leurs ambitions. Du jour au lendemain, politiquement parlant, ils ont tout perdu ou presque. La présence constante aux premières loges qui était la leur sur l’échiquier politique national depuis plusieurs années est devenue un souvenir. Alors qu’ils s’y attendaient le moins, ils n’ont pu, en dépit de leur charisme et popularité dans leurs fiefs respectifs, se mettre en lice. Les nouvelles conditions imposées en 2018 par les lois en vigueur en ce moment-là ont eu raison de leurs prétentions. N’ayant pu se conformer à temps aux exigences de la refonte des partis politiques et des pièces administratives indispensables au dossier de candidature, ils ont dû, la mort dans l’âme, vivre ces élections, sur le bas-côté de la route. Près de quatre ans après cette épreuve, une nouvelle occasion de renouveau s’offre à eux. Il faut dire que depuis la mésaventure de 2019, de l’eau a coulé sous les ponts. Le dialogue politique est passé par là. Certes, les conditions sont toujours aussi corsées, mais il n’est pas impossible pour eux, d’en venir à bout cette fois-ci, sauf acharnement du sort ou refus délibéré de se prêter au jeu électoral.

Surpris par les événements
A la fin de leur énième mandat en 2019, Adrien Houngbédji et la plupart de ses collègues étaient assurés de se retrouver une fois encore sur les sièges de l’hémicycle pour le compte de la législature 2019-2023. Mais ils ne pouvaient pas savoir que cette intention allait demeurer à l’étape de rêve. Pis, des membres du bureau sortant, ceux qu’on pouvait considérer comme des indéboulonnables à l’Assemblée nationale à savoir Adrien Houngbédji, Eric Houndété et Valentin Aditi Houdé se sont heurtés à la forte volonté de Patrice Talon de renouveler le personnel politique. Ce duel a tourné à l’avantage du chef de l’Etat. D’autres comme Candide Azannaï et Nourénou Atchadé qui ont donné la preuve de leur popularité dans leurs fiefs respectifs n’ont pu participer à ce scrutin qui aura fait couler beaucoup d’encre et de salive. Mais, après la tension de 2019, le ton a baissé de part et d’autre. De plus en plus, on note une volonté de reprendre du poil de la bête. Si elle est nettement affichée chez les uns, elle est mitigée chez les autres et absente chez d’autres encore.

Résilients malgré tout
En dépit des coups reçus et des récents revers électoraux, Adrien Houngbédji peut se targuer d’avoir réussi à sauver son parti du naufrage causé par la réforme du système partisan. En effet, les requiems de tous les anciens partis ont été chantés. Seul le Parti du renouveau démocratique a survécu. Mais les membres et dirigeants de cette formation politique en ont payé le prix. Absents de l’Assemblée nationale et des conseils communaux, les Tchoco-tchoco ne jurent que par la remontada. Et cela commence par les législatives de 2023. Trouveront-ils la recette magique pour rebondir ? Ce qui est certain, c’est qu’ils sont à pied d’œuvre sur le terrain. Le verdict sera donné dans les urnes dans quelques mois.
Hormis les Tchoco-tchoco, le parti Les démocrates dirigé par Eric Houndété et dont Nourenou Atchade s’active pour participer à ce scrutin. Se fera-t-il prendre au même piège de 2019 ? Va-t-il rafler les voix nécessaires pour obtenir les sièges en lice ? A cette étape, rien n’est sûr dans un sens comme dans l’autre. Ce parti d’opposition et le gouvernement ne cessent de tirer le drap, chacun de son côté. A l’évidence, Houndété et son équipe souhaitent avoir de nouveau voix au chapitre à travers les urnes. Y parviendront-ils ? Le temps nous le dira.

Droit dans ses bottes

Opposant pur et dur, Candide Azannaï ne lâche rien. Pour son parti Restaurer l’espoir, inutile de participer aux prochaines législatives. L’ancien homme de main de Patrice Talon reste imperturbable et fidèle à sa logique. Comment va-t-il mener son combat politique et espérer remporter le gain de la partie ? Visiblement, lui seul en a le secret.
Mi-figue, mi-raisin
Modéré, peu habitué aux déclarations fracassantes, Valentin Houdé, président de la Dynamique unitaire pour la démocratie et le développement ne s’est pas encore officiellement prononcé quant à sa participation à ces élections perçues par une certaine opinion comme celles de la dernière chance. A priori, à l’interne, les préparatifs vont bon train. Mais, selon ce qui se susurre çà et là, la décision finale de participation à ce scrutin sera prise lorsque les conditions d’une élection ouverte et transparente seront réunies.
En fin de compte, si tout est encore possible pour ces leaders dont l’assise et le charisme politique ne sont plus à démontrer, les choses ne sont pas si simples. Pour ceux d’entre eux qui veulent rebondir ici et maintenant, la route est encore longue. Les autres observateurs attendent sans doute des signaux rassurants avant de se jeter à l’eau. Cette situation arrange les deux grands partis de la mouvance présidentielle qui ont plus ou moins le boulevard ouvert pour occuper, à défaut de tous, l’immense majorité des 120 sièges en compétition.



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