Africa CEO Forum : le continent se cherche des champions pour l'économie de demain

5 juin 2023

1800 grands patrons, des chefs d’État et de gouvernement, des dirigeants économiques au sens large : l’Africa CEO Forum, le plus grand rendez-vous du secteur privé sur le continent, s’est ouvert ce 5 juin 2023 à Abidjan. Un forum dont débats seront notamment consacrés à l’émergence de futurs champions de l’économie en Afrique.

La Côte d’Ivoire accueille pour deux jours le grand raout annuel du secteur privé en Afrique : 2000 décideurs publics et privés ont répondu présents. La locomotive économique régionale affiche une croissance plus forte et une inflation plus faible que chez ses voisins. Le plan de 3,5 milliards de dollars accordé récemment par le FMI doit permettre, de plus, de favoriser les investissements.

Car les économies africaines, aux situations très disparates, ne doivent pas rater le train de la recomposition mondiale, souligne notre envoyé spécial à Abidjan, Bruno Faure. Les pays du sud ont certes leur carte à jouer. Encore faut-il des entreprises capables de mener des projets d’envergure, comme le groupe Dangote au Nigeria.

Le continent en compte environ 300 de celles qui dépassent le milliard de dollars de chiffre d’affaires. C’est dix fois plus en Europe ou en Asie. Une question de souveraineté économique, d’autonomie stratégique. Dans l’agriculture, l’énergie, le numérique, il faut des champions nationaux qui rayonnent dans le monde. Les secteurs privé et public vont donc chercher des solutions ensemble lors de cette édition 2023 de l’Africa CEO Forum.

C’est dans ce contexte que la cérémonie a été ouverte ce lundi par Makhtar Diop de la Société financière internationale, une organisation de la Banque mondiale consacrée au secteur privé. Il a rappelé le contexte économique continental, avec une reprise post-Covid difficile, une inflation élevée et des investissements en baisse, rapporte notre correspondante, Marine Jeannin.

L’intégration continentale en ligne de mire
Le Premier ministre ivoirien est ensuite monté à la tribune. Il s’est félicité des bons résultats de son pays. Il a rappelé l’extrême jeunesse de la population ivoirienne, qui peut être « notre plus grand actif, si nous investissons ». Il a martelé l’importance de la relation étroite entre l’État et le secteur privé pour le développement de l’Afrique et, en ce sens, la nécessité d’une intégration continentale, pour rationaliser et renforcer les chaînes de valeur.

C’est tout le projet de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), mais elle a subi un sérieux coup d’arrêt au moment de la pandémie de Covid-19. « Maintenant, il faut que les pays eux-mêmes aient une productivité suffisante. Mais le deuxième problème, c’est celui, encore une fois, des infrastructures et de la logistique de transport. »

La BAD estime à 170 milliards de dollars par an les besoins d’investissements dans les différentes infrastructures qui permettraient un flux continu sur un marché africain unifié. Le continent en est encore loin. Mais Tahirou Barry, directrice financière pour les ports et terminaux chez African Global Logistics, reste optimiste : « Les États, les institutions d’aide au développement et les opérateurs privés se mobilisent pour qu’on puisse développer ce secteur des infrastructures. La Zlecaf est une réalité, puisque le traité qui a été signé en 2018 est en vigueur, donc on parle d’un marché unifié. L’objectif, aujourd’hui, c’est de voir comment on peut libérer les potentialités pour permettre aux Africains de commercer. » La demande est là, et elle ne devrait pas cesser d’augmenter dans les prochaines années. En 2050, le continent représentera à lui seul 2,5 milliards de consommateurs.

Enfin ce lundi 5 juin marquait aussi la Journée internationale de l’environnement, qui se déroule justement à Abidjan. Les deux orateurs, Makhtar Diop et Patrick Achi, ont rappelé que l’Afrique était « le seul continent qui n’a pas connu sa révolution verte ». Tous deux ont plaidé pour un développement économique respectueux de l’environnement et durable.

À noter que le président sénégalais Macky Sall était lui aussi attendu. Mais sa visite a finalement été annulée.
Source : rfi



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