Face au déficit des naissances, Pékin autorise les couples chinois à avoir un 3e enfant

31 mai 2021

Les couples en Chine pourront désormais avoir trois enfants. La décision a été annoncée par les autorités chinoises ce lundi 31 mai 2021 près de trois semaines après les résultats du recensement.

Face au vieillissement de la pyramide des âges, les autorités relâchent un peu plus la régulation des naissances. Et ce n’est pas une surprise, voilà plus de deux ans qu’on nous annonce une telle réforme.

La crise sanitaire aura probablement retardé les choses, mais avec les chiffres partiels du dernier recensement, cela ne peut plus attendre. Si on retire les naissances induites par la fin de la politique de l’enfant unique décidée en 2015, on obtient un taux de fécondité de 1,3, voire de 1,2 enfant par femme en Chine, comme chez les voisins japonais et coréens. Avec une chute de la natalité de 10,4 naissances pour 1000 habitants en 2020, les Chinoises n’ont jamais aussi peu fait de bébés depuis le début de la République Populaire de Chine.

Changement de mentalité chez les Chinoises
Cette annonce va être suivie de mesures d’accompagnement notamment le report de l’âge de la retraite notamment, une mesure très contestée qui pourrait être confirmée lors de la prochaine réunion du Parlement. Il y aura aussi probablement de nouvelles campagnes de propagande mettant en avant les valeurs de la famille et du mariage, sauf que jusqu’à présent ça n’a pas pris… Les mentalités ont changé.

Les jeunes Chinoises émancipées refusent d’endosser le poids du mariage et des traditions. Elles ne veulent plus épouser leurs beaux-parents, on a pu d’ailleurs constater une augmentation des divorces en début d’année. Et puis surtout, les Chinoises ne veulent plus sacrifier leur vie professionnelle comme nous l’a expliqué Cai Ai’Mei, que nous avons jointe à Shenzhen ce soir, au sud du pays.

Ai-Mei a 30 ans, elle a un enfant et pas question pour le moment de songer à en avoir un deuxième. « Pour les femmes, avoir un nouveau bébé a forcément un impact sur le travail et sur l’avancement dans la carrière, explique-t-elle. Et puis, nous n’avons pas les moyens financiers d’assumer une nouvelle naissance. Dans les grandes villes en Chine, si vous ne possédez pas votre propre logement, il est difficile de songer à agrandir sa famille ».
Un coût important pour les familles

Des enfants à charge sont donc aussi un coût particulièrement élevé pour les familles : les prix élevés de l’immobilier, l’envolée des loyers dans les mégalopoles chinoises, mais aussi le coût de l’éducation et des activités extra-scolaires. À Pékin, il faut compter au minimum 20 euros de l’heure pour des cours de musique, même chose pour la natation ou d’autres sports.

Les autorités pourraient donc annoncer un renforcement des congés maternité ou mettre en place des aides permettant de payer une partie des frais de gardes d’enfant. Car là aussi, la structure familiale a changé. La tradition chinoise, c’est « quatre générations sous le même toit ». Mais aujourd’hui les grands-parents ne sont pas toujours là ou ne souhaitent tout simplement plus servir en permanence de nounous pendant que les parents travaillent. Et les « Ayis », les nounous chinoises ont heureusement vu leur salaire augmenter.

Notre situation financière ne nous permet pas d’avoir un autre enfant
Un troisième enfant fait peur comme le raconte Wang Xiaoyan. Cette comptable de 31 ans habite à Hangzhou sur la côte est. Elle a deux enfants de 4 ans et de 2 ans : « Je ne veux pas avoir de troisième enfant, parce que d’abord, c’est très fatigant. Ensuite, je ne pense pas avoir l’énergie suffisante qui me permettrait de m’occuper de ce nouveau bébé tout en conservant mon travail. Il faut s’en occuper, c’est pas la peine… Or je dois travailler, je n’ai pas le choix. C’est d’ailleurs là aussi un point important : notre situation financière ne nous permet pas d’avoir un autre enfant. Enfin, accoucher est quelque chose de très douloureux. »

Il faudra donc des mesures très incitatives pour enrayer ce déclin des naissances. Une enquête en ligne lancée par l’agence Xinhua qui a été supprimée ce lundi annonçait que 28 000 des plus de 30 000 personnes interrogées ont affirmé ne pas souhaiter de troisième enfant.
Source : rfi



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