Triste rapport des africains avec le pouvoir : Ali Bongo, la déchéance

Moïse DOSSOUMOU 23 août 2019

Cette vidéo a fait le tour du monde. Elle montre l’image d’un homme naguère puissant et craint, mais qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Affaibli par la maladie qui a failli l’emporter, Ali Bongo, le chef de l’Etat gabonais refuse d’abdiquer. Tel un condamné, il traîne sa croix. Luttant désespérément contre le mal qui a déjà pris le dessus, il continue de se montrer dans les apparats du pouvoir, pour se donner encore l’illusion d’une contenance. En réalité, celui qui a pris le pouvoir au lendemain du décès de son père dans des conditions obscures, a sombré dans la déchéance. Au lieu de démissionner pour finir ses jours en toute tranquillité loin du stress et de la vie trépidante du pouvoir, il s’accroche à la présidence de son pays avec ses dernières forces.
L’image de Ali Bongo, claudiquant, avec la main gauche qui tient péniblement une canne, se déplace au rythme de la tortue, avec toute la peine du monde, bredouillant des paroles, l’air hagard, le tout avec un sourire terne figé sur son visage, ressemble à ne s’y méprendre à un film d’horreur. Du jour au lendemain, cet homme qui avait fière allure a perdu le bien le plus précieux : la bonne santé. Son entourage dont le maintien au pouvoir arrange les affaires le présente tel un trophée. Triste !
Cette image que renvoie le Gabon à la face du monde est symptomatique du rapport lugubre qu’entretiennent les dirigeants africains avec le pouvoir qu’ils considèrent comme leur chose. Nelson Mandela qui a su donner l’exemple par son détachement et son altruisme n’a pas inspiré grand monde. Ailleurs, les chefs d’Etat se succèdent au pouvoir comme on change de chemise. Personne n’essaie de s’en accaparer ad vitam aeternam. En France, aux Etats-Unis, en Allemagne, pour ne citer que ces pays, l’alternance est une règle d’or. Si en Afrique, le Nigéria, le Ghana, le Sénégal, le Bénin…font exception à la règle, il n’en demeure pas moins que la conception divine et messianique du pouvoir d’Etat est toujours en vogue. Nonagénaire, très malade, en fauteuil roulant, Bouteflika (Algérie) n’a pas eu la sagesse de lâcher prise. Mugabe (Zimbabwé) non plus. Paul Biya au Cameroun ne veut pas entendre parler d’un successeur. Mobutu qui a fait pareil en son temps a fini ses jours dans la douleur et l’indifférence généralisée. Cet exemple seul suffit pour que les soi-disant patriarches en prennent de la graine. Hélas ! Il y en a toujours qui, se croyant immortels, veulent défier le temps.



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