100 premiers jours du mandat II de la Rupture : Talon garde le cap

Angelo DOSSOUMOU 17 septembre 2021

Que le temps passe si vite ! Déjà 100 jours que le capitaine Patrice Talon a renouvelé son bail aux commandes du navire Bénin. Un intervalle généralement pris comme un indice même s’il n’est pas assez long sur les 5 ans au palais de la Marina pour tirer de grandes conclusions. Mais, il permet largement de se faire une idée sur le cap qui est en train d’être pris. D’ailleurs, vu que le gouvernail n’a pas changé de main et que c’est pratiquement la même équipe gouvernementale qui est en place, s’attendre tout de suite à de grands changements relèverait tout simplement de la myopie. Ainsi, depuis le 23 mai dernier, le Bénin vit au rythme d’une gouvernance qui est restée sur la même lancée du mandat 2016-2021. S’il est vrai que l’accent a été davantage mis sur la lutte contre la corruption, beaucoup d’aléas sont néanmoins venus entacher la volonté affichée du président Talon de desserrer la ceinture de ses compatriotes.
En effet, avec la flambée des prix des produits de premières nécessités pour diverses raisons climatiques et structurelles et la seconde vague de la Covid-19, les impacts des actions sociales ont été sans doute annihilés. Aujourd’hui, comme au cours de la période 2016-2021, le Béninois continue de serrer les ceintures. Enfin, le ‘‘Hautement social’’ a encore du mal à se faire ressentir dans le panier de la ménagère comme dans le bien-être du travailleur de la classe moyenne. Pour l’instant, le tissu social que beaucoup aurait voulu plus resserré laisse à désirer. Eh bien, il ne peut en être autrement. Car, sans un réel pouvoir d’achat, le consommateur ne peut que rester sur sa faim tandis que le vendeur et le producteur se retrouvent avec des articles qui ont du mal à être écoulés. Au regard de tout ceci, il est évident que les 100 premiers jours du second mandat de Talon n’ont pas apporté, surtout dans le domaine social, le changement radical attendu.

Cap sur le dégel et le social
L’autre volet sur lequel le premier mandat de Patrice Talon n’avait pas été de tout repos, c’était celui politique. A ce niveau également, les 100 premiers jours du second mandat ne permettent pas de tirer de grandes conclusions. Cependant, le climat politique n’a jamais été aussi délétère. Un calme précaire avant la tempête ? De toute façon, cela en a vraiment l’air. Quoi qu’il en soit, les échéances électorales de 2023 sont encore loin et la classe politique peut bien en profiter pour se donner du répit. Seulement, s’agissant du dégel comme d’aucuns l’auraient souhaité, l’horizon ne permet pas encore une bonne lisibilité. Mais, de ce côté-là, ce ne serait pas non plus une grande surprise que la Rupture s’assimile à la Continuité au grand désarroi des ardents défenseurs du dégel quel qu’en soit le prix à payer. Au total, 100 premiers jours du second mandat de Patrice Talon et le navire Bénin vogue toujours sur les hautes vagues de la Rupture.
En fin de compte, pour le bonheur de tous, il est temps que ces vagues qui poussent les populations à garder les ceintures toujours serrées se calment et que tout doucement, le cap de la prospérité partagée soit pris. L’adage dit que ventre affamé n’a point d’oreille. Alors, un Bénin beau, c’est bien. Mais, un Bénin où il fait bon vivre puisque facilement on peut s’acquitter de son loyer, faire face à ses besoins fondamentaux et à ceux, ne serait-ce que de sa petite famille, c’est mieux. En somme, 100 jours après le second mandat, les attentes qui dataient du premier bail du locataire du palais de la Marina n’ont pas sensiblement changé. Au contraire, comme des gouttelettes d’eau, elles se ressemblent. Pourvu donc qu’au plus tôt, le virage vers le ‘‘Hautement social’’ se ressente davantage dans le quotidien des populations. C’est tout le mal que les citoyens attendent de la gouvernance de leur pays. Et après ces 100 premiers jours aux commandes du navire Bénin, l’heure a sonné de voguer vers des cieux plus sereins. Plus qu’un vœu, c’est la requête d’un peuple qui aspire à être plus heureux. Tout simplement.



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