Après la présidentielle de 2016 : Exit Yayi, à qui le contrôle de l’électorat du septentrion ?

Angelo DOSSOUMOU 25 mars 2016

Quel leader pour le contrôle de l’électorat du septentrion ? Chasse gardée du président Boni Yayi depuis son accession au pouvoir jusqu’au premier tour de la présidentielle de 2016, les suffrages des quatre départements de la partie septentrionale du pays que sont le Borgou, l’Alibori, l’Atacora et la Donga pour les prochaines joutes électorales suscitent déjà des intérêts. Avec un chef de l’Etat et sa machine Fcbe qui sortent de la dernière présidentielle très affaiblis dans les fiefs du nord et qui n’auront plus les privilèges du pouvoir pour conserver et entretenir ce grenier électoral, les cartes sont forcément à redistribuer.
Et dans cette dynamique de s’imposer dès le 6 avril prochain comme le premier leader du Grand nord, l’ancien Directeur Afrique du Fmi, Abdoulaye Bio Tchané fait actuellement la course en tête. Précieux soutien au second tour du Président Patrice Talon avec ses 8%, l’ancien ministre des finances du président Mathieu Kérékou qui a réussi la prouesse de s’imposer à Parakou et de ne pas trembler dans le département de la Donga a enfin l’occasion avec l’Alliance Abt d’étendre sa domination sur les autres localités du septentrion. Ainsi, à moins que les Fcbe évitent de connaître le sort de l’Ubf après le départ de Boni Yayi du pouvoir et renaissent de leurs cendres suite à leur débâcle au second tour pour conserver leur hégémonie dans les quatre départements du nord, la voie royale du contrôle du septentrion est largement ouverte pour Abdoulaye Bio Tchané.

Un trône à la recherche d’un roi !
Mais, tout comme le porte-étendard de l’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt), le Général Robert Gbian, Charles Toko, Rachidi Gbadamassi, Issa Salifou, Antoine Dayori ambitionnent aussi de reprendre le flambeau du leadership au nord à Boni Yayi ou à défaut, renforcer leur ancrage dans leurs fiefs. Et parmi les personnalités qui, dans les prochains mois, travailleront à l’instar de Abdoulaye Bio Tchané pour un contrôle non parcellaire du septentrion, il y a le Général Gbian. Arrivé 6ème au premier tour de la dernière présidentielle avec un peu moins de 2%, le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale sait que sans la clé du Grand nord, il devra revoir à la baisse ses ambitions de présider un jour aux destinées de son pays.
D’ailleurs, il est l’un des candidats du septentrion à avoir très tôt affiché ses prétentions pour la présidentielle de 2016. Et puisque toute l’énergie déployée n’a pas produit l’effet escompté à cause de l’adversité du président Boni Yayi et des Fcbe, le Général Gbian, désormais mieux armé devant l’antagoniste d’hier fragilisé ne se gênera pas pour prendre sa revanche. Toutefois, dans sa quête d’extension hors du département du Borgou et de domination sur l’électorat du septentrion, il devra forcément se mesurer à Abdoulaye Bio Tchané et à d’autres ténors en devenir du landerneau politique national. Au nombre de ceux-ci, il y a dans la 8ème circonscription électorale, l’He Rachidi Gbadamassi et le conseiller Charles Toko. Si le premier n’est plus à présenter, le second peut profiter de sa proximité avec le Président Patrice Talon pour gagner des sympathies et des suffrages.
Dans cette guerre pour la redistribution des cartes dans le septentrion, Issa Salifou, Antoine Dayori et Sacca Lafia ne seront pas du reste. Initiateurs de l’Alliance Soleil et bien implantés respectivement dans les départements de l’Alibori, du Borgou et de l’Atacora, ces trois leaders, au lendemain de la victoire de Patrice Talon, serreront davantage les rangs pour définitivement enterrer les anciens barons des Fcbe dans leurs fiefs. C’est dire qu’il y a de fortes chances que la fin du règne de Boni Yayi coïncide avec l’ouverture d’une compétition qui ne dit pas son nom entre Abt, Gbian, Gbadamassi, les membres de l’Alliance Soleil pour le précieux fauteuil du nouveau roi du nord.



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