Conférence internationale sur la finance verte : Le Ministre Wadagni donne le top des travaux

La rédaction 6 juillet 2022

"Contribution du secteur privé africain à la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le Climat". Tel est le thème de la 6ème édition de la Conférence internationale sur la finance verte, du Fonds africain de garantie qui traitera du double enjeu de financement et de la transition à l’économie verte. Cette conférence a réuni à l’hôtel Golden Tulip Le Diplomate de Cotonou, d’importants acteurs privés et gouvernementaux.
Accompagner les banques dans le financement des projets verts. C’est le nœud central autour duquel se déroulera la sixième édition de la Conférence internationale sur la finance verte. Selon Jules Ngankam, Directeur général du Fonds africain de garantie, les projets verts ont beaucoup de difficultés d’accès au financement comparé au financement des projets classiques. "Le financement vert, aujourd’hui, est capital pour le développement du continent africain et les privés doivent s’y intéresser. C’est la raison pour laquelle on essaie d’intéresser les banques à mieux comprendre ce type de risques, car les projets verts ne sont pas plus risqués que les projets classiques", a-t-il souligné. Il a précisé que la transition à l’économie verte est déjà d’actualité et qu’il ne reste qu’à décider du délai de cette transition.
"Aujourd’hui, quand on est un pays pauvre et qu’on a la pression de sa population pour fournir de l’électricité, la tentation pour la centrale au fuel lourd est malheureusement forte", a estimé le Ministre d’État chargé de l’économie et des finances, Romuald Wadagni, à l’ouverture des travaux. A l’en croire, il faut poser la problématique de la transition sur la table, car les États africains ne peuvent pas passer directement d’une énergie fuel lourd au solaire avec tous les éléments de stockage, qui leur reviendra plus cher, plus que du double. Il y a donc une nécessité de passage à une centrale à gaz qui est mieux que le fuel en guise de phase de transition. Malheureusement, déplore le Ministre, prenant en exemple la construction d’une centrale à gaz au Bénin, "aujourd’hui encore, on a du mal pour avoir un financement pour cette étape de transition". "Soit, on aura des dirigeants qui vont rester dans le tout polluant, soit des dirigeants qui n’investiront pas. Or, l’Afrique a besoin d’investir. Et sans énergie, on ne peut rien avoir", s’est-il plaint invitant l’assistance à faire le plaidoyer pour une vraie stratégie de transition. "Ce n’est pas le financement qui manque, mais c’est de permettre aux gens d’avoir conscience de ces investissements qui sont éligibles à ces financements verts, d’avoir conscience des chemins pour avoir accès à ces investissements, et on aura la matérialisation des résultats concrets pour l’atteinte des objectifs.

Extrait des observations du ministre d’Etat Romuald Wadagni

« …Aujourd’hui pour produire un mégawatt d’électricité à base d’une technologie qui utilise le fuel lourd, le coût revient à 750.000 € ou 800.000 € au maximum. Vous décidez de faire du gaz, une centrale pour produire d’électricité, c’est un million d’euros. Vous pouvez passer au solaire, mais le solaire avec tous les équipements de stockage pour comparer l’énergie thermique à une énergie stable, il faut comparer avec l’ensemble des investissements qu’il faut stocker. Sur l’usage, dans le temps, le coût en matière d’emprunt est plus désastreux. Aujourd’hui quand on est un pays pauvre et on a la pression de sa population derrière pour fournir de l’électricité, la tentation pour avoir une Centrale qui marche est plus forte malheureusement. De l’autre côté, on ne peut pas passer d’un coup d’investissement de 750 mille à 2.000.000 d’euros. Si on passe d’une énergie de fuel lourd à une énergie solaire avec tous les équipements de stockage, C’est plus que le double. Actuellement on est en train de développer une centrale de 180 mw. Nous voyons qu’il n’y a pas d’appétit des fonds verts pour nous accompagner sur ce type d’investissement. C’est ça l’enjeu qu’il faut poser sur table, Cet enjeu de nécessité de transition. Nous sommes tous d’accord que l’Afrique a besoin d’investir et quand on est dans le secteur de l’énergie, sans énergie on ne peut rien, on ne peut pas avoir des industries, on ne peut pas soigner les gens, on ne peut pas éduquer les gens proprement. Donc, c’est ce challenge que nous avons au quotidien dans les choix que nous avons à faire, les investissements que le secteur privé doit faire. Quand on compare la technologie 100 % Energie verte, et la technologie moins verte, il y a cet enjeu des coûts d’investissement.
En termes de coût d’exploitation, c’est une autre histoire. Le Coût d’exploitation sur 10, 15 ou 20 ans, vous gagnez plus mais quand vous êtes pauvres et vous êtes dans l’urgence vous n’avez pas toujours la capacité de dire je vais patienter pour avoir 20 ans, pour avoir tous les bénéfices. C’est comment je fais tout pour avoir de l’électricité tout de suite. Donc il y a une vraie nécessité. Nous comptons sur vous, pour pouvoir faire ce plaidoyer d’accompagner des Etats pour revoir les stratégies de transition. Le saut est difficile à faire mais, si on accompagne les Etats pas à pas, nous allons atteindre les objectifs. Voilà ce que je voulais dire en réaction à vos deux messages et peut-être dit également que je voudrais qu’on réfléchisse sur comment collectivement sensibiliser davantage nos banquiers. Cet événement est une belle opportunité, pour réfléchir sur comment faire pour qu’à l’issue de ça, vous ayez vraiment un plan de communication et de sensibilisation. Les opportunités existent mais si elles ne sont pas connues, elles ne se réalisent pas. Ce n’est pas le financement qui manque, le financement existe mais il faut pouvoir permettre aux gens d’avoir conscience de ces investissements. Permettre à ceux qui sont éligibles d’avoir conscience des chemins pour l’avoir, avoir conscience des accompagnements qui existent pour la réalisation et comme ça, on va matérialiser et atteindre les objectifs pour faire ce travail ».



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