Elections professionnelles réussies via internet : De bonnes perspectives pour la modernisation des scrutins au Bénin

Bergedor HADJIHOU 27 janvier 2021

S’adapter et se découvrir de nouvelles qualités. C’est aussi ça la Covid-19. La pandémie vient d’obliger le Bénin à organiser la troisième édition des élections professionnelles par voie électronique. Et contrairement aux appréhensions sur la généralisation de ce mode de scrutin, il en est sorti une belle leçon de démocratie.
Des Béninois votant comme dans les pays scandinaves, depuis un minaret ou encore depuis leur lit juste pour se prononcer sur les repas à proposer aux élèves dans les cantines scolaires. Le pays n’en est pas encore à cette extrémité, en matière de généralisation du vote électronique. Mais, les dernières élections professionnelles sur l’ensemble du territoire national, donnent à voir un peu sur ce qui pourrait être l’avenir des élections en Afrique et au Bénin, dans un monde digital.
Un taux de participation avoisinant les 50%, des résultats spontanément délivrés à la fermeture des bureaux de vote et qui plus est, n’ont souffert d’aucune contestation de la part des 08 centrales et confédérations syndicales en lice. La Commission électorale nationale autonome (Cena) vient de déjouer les prédictions d’un travail bâclé : « Le vote électronique n’est pas une mauvaise chose », a confié à l’issue du scrutin, le Secrétaire général de la confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin). Par contre, attitude prudente des institutions à l’égard de ce mode de scrutin. Alors qu’il y a une dizaine d’années, la Cour constitutionnelle de Théodore Holo suggérait l’instauration du vote électronique au Bénin, celle de Djogbenou a adopté récemment, la position contraire sur la requête d’un citoyen. La lumière pourrait venir des politiques.

Un système mais les mentalités d’abord !
Un scrutin étant un mode de légitimation des élus, les pouvoirs publics ont tendance, sous les tropiques, à ne pas lésiner sur les moyens quand il s’agit d’investir dans les processus électoraux. Bien qu’internet soit perçu le jour des élections comme un couteau à double tranchant, sa nomination comme un mode légitime de scrutin lui permettrait un essor considérable en Afrique et favoriser son arrivée même dans les contrées insoupçonnées, fiefs de tel ou tel candidat avec le déploiement de grands moyens techniques. A contrario, la connexion ira moins vite dans les localités où le président sortant serait donné perdant. Le jeu démocratique, la transparence et même la viabilité du moyen de vote en prendront alors un sérieux coup. Les arguments ne manqueront jamais pour diaboliser ce mode de scrutin mais, il n’existe nulle part au monde des processus électoraux irréprochables. De nouveaux défis naissent en même temps que les changements sociaux et organisationnels. Percevoir donc le vote électronique comme une boite de Pandore serait aller vite en besogne. A titre d’exemple, il existe au Bénin une décision de la Cour constitutionnelle jugeant le vote électronique inapplicable dans notre contexte. Paradoxalement, dans ce même contexte, les organisations professionnelles sous l’impulsion première du gouvernement et de la Cena, viennent de livrer une copie presque parfaite malgré les impondérables du monde numérique. C’est dire donc que, qui peut le moins peut le plus.



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