Entretien avec Nathaniel Koukpémédji du Bloc Républicain : « La jeunesse qui aspire au pouvoir doit travailler »

Karim O. ANONRIN 26 juillet 2022

A quelques mois des élections législatives pour l’Assemblée nationale, 9ème législature, les états-majors des partis politiques sont en alerte et s’organisent. Aussi, les langues se délient-elles dans le rang des acteurs politiques surtout avec ce vent d’ascension de la jeunesse sur l’échiquier politique national. Dans un entretien accordé à votre journal, Nathaniel Koukpémédji, membre fondateur du parti Bloc Républicain et ancien adjoint au Maire d’Adjarra d’où il est originaire, se prononce sur plusieurs sujets d’actualité nationale.

Vous avez déjà plusieurs années de parcours en politique. Vous avez été membre d’un grand parti politique avant d’adhérer au Bloc Républicain. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la politique au Bénin en général et sa démocratie en particulier ?
Avant tout propos, permettez-moi de rendre hommage aux dignes enfants du Bénin, Dahomey d’hier qui se sont battus pour l’accession de ce pays à la souveraineté nationale et internationale. Dans quelques jours, nous célébrons les 62 ans d’indépendance de notre cher et beau pays le Bénin. Je ne saurais passer cela sous silence. Pour revenir à votre question, je puis vous dire que mon appréciation de la chose politique dans notre pays est positive. Nous venons de loin et nous pouvons aller loin. Quant à la démocratie béninoise, je puis aussi vous dire qu’elle poursuit son petit bonhomme de chemin. Si vous vous rappelez très bien, on parlait de processus démocratique aux lendemains de la Conférence des forces vives de la Nation qui a consacré le renouveau démocratique et le vœu de tous les acteurs politiques était que nous allions à la consolidation de cette démocratie. C’est avec fierté que je vous dis que grâce à la réforme du système partisan et à toutes les autres réformes telles que celles économiques et politiques sous le président Patrice Talon, nous sommes dans le processus de la consolidation de la démocratie béninoise chèrement acquise. Je ne dis pas que tout est rose. On peut aller plus loin.

Il y a comme un vent de renouvellement de la classe politique pour ne pas dire rajeunissement de la classe politique qui souffle actuellement dans le pays. Qu’en pensez-vous ?
C’est tout à fait normal ce qui se passe même s’il faut éviter de jeter la pierre à ceux-là que d’aucuns qualifient de vieilles classes politiques. N’oublions pas que ces vieux briscards étaient aussi jeunes à l’avènement du renouveau démocratique si nous voulons les situer à partir de cette période. Nul ne reste éternellement jeune. Cela étant, il faut reconnaître que tous les secteurs de développement de notre pays connaissent une révolution depuis l’avènement du régime de la rupture prôné par le président Patrice Talon. Il y a un réel et profond changement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous, au sein du Bloc Républicain, nous avons décidé de soutenir les actions du gouvernement du président Patrice Talon et toutes les réformes qu’il entreprend. Certes, la jeunesse a son mot à dire sur l’échiquier politique national, mais il ne s’agit pas de balayer du revers de la main tout ce que ces anciens ont semé. La jeunesse que nous constituons a assez appris pour prendre la relève sur le plan du leadership politique, mais nous devons travailler.

Un mot sur le changement à la tête de l’Union progressiste.
Je pense que cela rejoint ce que je disais à propos du rajeunissement de la classe politique dans notre pays. Je ne suis pas membre de l’Union Progressiste pour bien apprécier ce qui s’y passe. Ce que je pense est que ces anciens doivent être fiers d’avoir passé la main à ces jeunes. En tant qu’acteur politique et connaissant le parcours de la plupart de ceux qui dirigent désormais ce parti politique, je n’ai pas de doute qu’ils seront à la hauteur de la tâche.

Est-ce que selon vous, le renouvellement ou le rajeunissement de la classe politique devrait se faire par décision, surtout qu’un parti politique doit promouvoir la démocratie en son sein ?
Ces partis politiques qui constituent de grands ensembles politiques sont avant tout de jeunes partis même s’ils donnent l’impression qu’ils sont nés avec des dents. Il est vrai que beaucoup disent que le pouvoir s’arrache. Mais de quelle manière ? Je crois personnellement que pour renverser la tendance, la jeunesse qui aspire au pouvoir dans les formations politiques doit travailler. Travailler suppose militer, gravir tous les échelons dans son parti politique et démontrer ses mérites d’être leader. Le travail assure l’indépendance. Lorsque l’on veut être parachuté à la tête d’un parti ou à des postes de responsabilité dans un parti politique sans aucun parcours de militant, on court le risque d’être délaissé par la base.

Parmi ces réformes, il y a justement la réforme du système partisan. Certains pensent que c’est un échec puisque le ministère de l’intérieur continue d’enregistrer de nouvelles formations politiques.
La réforme du système partisan n’est pas synonyme d’interdiction de création des partis politiques. L’esprit de la réforme du système partisan est que le Bénin possède des partis politiques d’envergure nationale, capables de représenter toute les couches et régions de la Nation béninoise et capables de pouvoir sortir chacun de son rang, le président de la République s’il gagne l’élection présidentielle, sortir de ses rangs des députés et des Maires. Le mérite de la réforme du système partisan entrepris par le régime du président Patrice Talon est qu’elle a non seulement contribuer à la réduction du nombre de partis politiques de plus de deux cents à une quinzaine, mais qu’elle a aussi permis de créer de grands ensembles politiques.

Cela suffit-il pour dire que la réforme du système partisan au Bénin est un succès ?
Il faut relativiser. Nous sommes dans un processus et je ne sais pas s’il existe aujourd’hui dans un parti des dirigeants avertis et honnêtes qui vous diront qu’ils préfèrent l’autre système partisan pratiqué depuis les lendemains de la conférence nationale jusqu’en 2016. Je fais partie de ceux qui ont toujours œuvré pour la réforme du système partisan au Bénin. Pour ma petite expérience aussi bien à l’extérieur que dans mon pays le Bénin, je crois que nous pouvons aller même à trois pôles politiques dont un pôle centriste même si aujourd’hui on parle de blocs de la mouvance présidentielle et de l’opposition. Mon rêve est que nous allions au-delà.

Où placez-vous donc l’opposition eu égard à la réalité sociopolitique de nos pays francophones d’Afrique ?
L’opposition aura toujours sa place qu’on le veuille ou pas. Ces pôles dont je parle, l’opposition au régime en place peut incarner un comme au Nigéria avec plus de 200 millions d’habitants ou comme aux États-Unis, des pays qui comptent aussi plusieurs formations politiques.

Bientôt les élections législatives. Serez-vous dans le starting-blocks ?
Ce n’est pas à moi de décider de ma candidature. Ce privilège revient à la base. Ce n’est pas aux politiques de commander les militants, mais c’est aux militants de commander leurs leaders. Certes, j’ai été candidat suppléant de Feu Edmond Zinsou sur la liste Bloc Républicain aux élections législatives de 2019 et j’avoue que cela n’a pas été facile. Je prends ça sous la bannière de l’accumulation des expériences. Si la base de la 19ème Circonscription électorale souhaite que je la représente, je ne dirai pas non. Nous travaillons avec nos militantes et militants du Bloc Républicain pour gagner.

Nous ne terminerons pas cet entretien sans parler d’Adjarra, votre Commune d’origine. Aujourd’hui, Adjarra change de visage à l’instar de plusieurs villes du Bénin. Votre appréciation.
Dieu aime la justice. Dieu aime l’honnêteté. Le président Patrice Talon est un Chef d’Etat que le Bénin n’a jamais connu auparavant. Il est tout à fait normal que dans un pays démocratique, il y ait des opposants au régime en place, champions des critiques. Les gens sont libres de leurs pensées, mais les données sont là. Le président Patrice Talon et son gouvernement sont dans du concret. Jamais, le Bénin n’a connu un dynamisme de développement tel que nous l’observons aujourd’hui et ce, depuis 1960. Cela ne veut pas dire que les autres présidents n’ont rien fait. Chacun a fait ce qu’il a pu faire. Avec le président Patrice Talon, le Bénin est résolument sur le train du développement et rien ne pourra l’arrêter. Dans cette dynamique de développement, la Commune d’Adjarra s’en est sortie très grandie. D’ailleurs, il n’y a pas cette Commune du Bénin parmi les 77 que compte le pays qui n’a pu bénéficier d’une action du gouvernement depuis 6 ans que le président Patrice Talon dirige le Bénin. Mieux, nous avons à faire à un gouvernement qui travaille avec méthode dans un Programme d’actions qui est à sa deuxième génération. Il n’y a plus de navigation à vue ou de gouvernement ventilateur comme le dirait l’autre. De toutes façons, le président Patrice Talon est déjà rentré dans l’histoire de notre pays comme étant celui qui a joint la démocratie au développement. Pour le temps qu’il lui reste à faire à la tête de notre pays, nous lui souhaitons le meilleur.

Revenons à Adjarra et les changements qui s’y opèrent.
Je voudrais d’abord remercier le président Patrice Talon pour avoir tenu parole après une rencontre qu’il a eue avec les filles et fils d’Adjarra. Je me rappelle encore comme si c’était hier. Je faisais partie d’une délégation des filles et fils d’Adjarra, conduite par le président Adrien Houngbédji et le député Feu Edmond Zinsou, au palais de la République pour une série de doléances pour le développement d’Adjarra. Il y avait aussi des sages et notables d’Adjarra avec à leur tête, Mathias Sourou Gbénou, qui vient de nous quitter (paix à son âme) sans oublier le vieux Koudjo Ganglo. Ce jour-là, le président Patrice Talon a promis le bitumage de la route ceinture d’Adjarra et ses bretelles. Faites un tour à Adjarra et vous verrez que les travaux de cette route avancent. Tout le mérite revient au président Patrice Talon et à tous ceux qui ont y contribué. C’est un exemple palpable parmi tant d’autres et dans plusieurs secteurs qui témoigne du sérieux qui anime les actions du gouvernement. J’en profite pour rappeler que le Chef de l’Etat, le président Patrice Talon, lors de sa tournée de reddition de comptes avant l’élection présidentielle de 2021 a promis le bitumage du tronçon Kpodo et menant vers le poste de douane. Nous avons foi que cette promesse sera également tenue.

Votre mot de la fin.
Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez pour me prononcer sur l’actualité sociopolitique de notre pays. J’en profite pour inviter la jeunesse à l’abnégation dans un militantisme responsable. Nous devons aimer notre pays et travailler pour son développement quelle que soit notre position géographique
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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