Entretien avec Raliou Arinloye, ancien maire de sakété : « …Sans courage, on ne peut pas diriger les Béninois…. Ce ne sont pas les caprices de ceux qui s’opposent qui feront changer d’avis à Talon… »

Karim O. ANONRIN 23 juillet 2018

Depuis quelques semaines, l’ancien Maire de la Commune de Sakété, Raliou Akanda Olouwa Arinloye, est de retour au-devant de la scène politique dans le département du Plateau et plus précisément dans la 21ème circonscription électorale composée des Communes de Sakété, d’Ifangni et d’Adja-Ouèrè. Ceci, à travers un creuset politique dont il est membre à savoir le Rassemblement des Bâtisseurs de l’Unité et du Développement (RBUD). Dans cet entretien, l’homme nous parle des tenants et aboutissants de la création de ce mouvement politique soutenant les actions du président Patrice Talon. Grand acteur de la gouvernance locale, Raliou Arinloyé n’a pas manqué de donner son opinion sur le bilan de la décentralisation au Bénin et les défis à relever. Il s’est aussi prononcé sur d’autres sujets comme le Programme d’actions du gouvernement (PAG 2016-2021) et la paix retrouvée entre les filles et fils de Sakété.

Ancien Maire de la Commune de Sakété et Sous-préfet d’Adja-Ouèrè, tout récemment, le 7 juillet dernier, vous étiez à Ifangni avec un certain nombre de leaders politiques du département du Plateau pour porter sur les fonts baptismaux, le Rassemblement des Bâtisseurs de l’Unité et du Développement. Dites-nous, pourquoi cette initiative ?
Effectivement, le samedi 7 juillet 2018, nous nous sommes retrouvés avec un certain nombre d’acteurs politiques à Ifangni pour le lancement de notre creuset politique le Rassemblement des Bâtisseurs de l’Unité et du Développement (RBUD). Les raisons de la prise de cette initiative sont diverses. Le choix a été accepté de tous. Nous qui partageons une certaine conviction par rapport aux soutiens que nous apportons de manière sincère au Président de la République, Patrice Talon, nous avions voulu nous montrer au grand jour. Nous travaillons ensemble, nous sommes en train de mettre en place des stratégies pour une occupation réelle du terrain au niveau de la 21ème circonscription électorale et dans le département du Plateau depuis un certain moment. Par rapport à ceci, nous avons travaillé jusqu’à présent avec notre parrain, le député Jean-Michel Abimbola, président du parti Rassemblement national pour la démocratie (Rnd). Je peux aussi citer d’autres acteurs avec qui nous travaillons comme l’adjoint au Maire d’Ifangni, Raymond Fafoumi, Karamatou Fagbohoun, le Maire Pierre Adéchi, des conseillers communaux aussi bien à Sakété, à Ifangni qu’à Adja-Ouèrè sans oublier des opérateurs économiques, pour ne citer que ceux-là. Je dois préciser que c’est sous la houlette du député Jean-Michel Abimbola, avec à ses côtés le Ministre Salimane Karimou que nous agissons de manière harmonieuse sur le terrain dans notre choix de soutenir les actions du Président Patrice Talon et de gagner les prochaines élections.

Vous n’êtes pas sans savoir que dans le département du Plateau, il y a d’autres forces politiques qui soutiennent aussi les actions du Président Patrice Talon et qui ne se retrouvent pas dans votre creuset. Comment allez-vous gérer tout ceci ?
Au sein du Rassemblement des Bâtisseurs de l’Unité et du Développement, nous travaillons à faire en sorte qu’au moment venu, nous ne dispersions pas nos énergies. Nous sommes convaincus que nous trouverons toujours des points de convergence susceptibles de nous permettre de travailler en symbiose pour faire triompher les idéaux du Président Patrice Talon. Il n’y aura pas de guerre de leadership. Ce qui va le plus primer, c’est l’intérêt général. Déjà, nous travaillons à ce que chacun puisse cacher son ‘’moi’’ pour respecter la ligne que nous nous sommes tracée.

Pensez-vous que la situation actuelle du pays est favorable à un référendum ?
Il est vrai que la question du référendum, depuis un moment, fait couler beaucoup d’encre et de salive. Moi, je crois qu’il faudra que chacun essaie de faire preuve de beaucoup de sagesse dans cette affaire et regarder la réalité en face. Cela fait déjà quand même un certain nombre d’années que la question des réformes institutionnelles est débattue dans notre pays. On nous propose d’améliorer la représentativité des femmes au Parlement et dans les conseils communaux, de créer la Cour des comptes, de supprimer la peine de mort et de rationaliser les dépenses des élections et les gens crient au scandale. Soyons sérieux ! Si le temps n’est pas favorable aujourd’hui, quand est ce qu’il le sera ? Tous les moments sont bons pour aller au référendum parce que le Bénin n’est pas un pays en guerre. Les gens se font peur pour rien. Il faut qu’on aille de l’avant sur certaines préoccupations majeures pour pouvoir en aborder d’autres. J’en profite d’ailleurs pour saluer le courage et la détermination du Chef de l’Etat, le président Patrice Talon, pour les réformes qu’il entreprend. Je n’oublie pas les députés du Bloc pour la Majorité Parlementaire (BMP) qui l’accompagnent dans ces réformes. Ce qui va compter sur le terrain, ce sont les rapports de forces et le pouvoir actuel est beaucoup plus en avance contrairement à ce que certains pensent. Le peuple béninois est un peuple mûr. Dès qu’on lui exposera les tenants et aboutissants de l’amendement proposé à la Constitution par le Parlement, ce peuple comprendra que c’est une opportunité à saisir.

Mais l’opposition tient un autre discours. La minorité qui a empêché l’amendement de la Constitution par voie parlementaire dit avoir agi en tenant compte de l’aspiration du peuple. Le ‘’Oui’’ peut-il l’emporter dans ces conditions ?
Je pense que chacun est dans son rôle. L’opposition connaît ses propres intentions. Mais, nous au sein de la mouvance, nous pensons que nous disons la vérité au peuple qui n’est pas dupe. Je vous ai tantôt dit qu’il s’agit d’une question de rapports de force. Allons-y seulement et vous connaitrez l’opinion du peuple. Le Bénin est un pays démocratique et il y aura toujours des gens qui s’opposeront au régime qui est au pouvoir.

Comment comptez-vous agir sur le terrain si le Chef de l’Etat convoquait le corps électoral ?
Dans notre creuset politique, le contact avec les populations a toujours été permanent. Nous n’attendons pas la veille des élections pour aller vers nos frères et sœurs. Nous échangeons régulièrement avec eux sur les questions d’actualité. Chacun d’entre nous sait le levier sur lequel il doit s’appuyer pour atteindre les résultats escomptés.

Qu’est-ce qui vous rassure tant dans votre détermination à soutenir le Président Patrice Talon ?
Il y a d’abord le courage de l’homme. Sans courage, on ne peut pas diriger les Béninois. Le Président Patrice Talon l’a compris très tôt en proposant une feuille de route connue de tous. Je veux parler du Programme d’actions du gouvernement (PAG 2016-2018) intitulé ‘’Le Bénin Révélé’’. Tout s’y trouve pour booster le développement de notre pays sur le plan économique, infrastructurel et même des réformes. Faisons cette expérience et nous verrons ce que cela donnera dans quelques années. Nous verrons que c’est la meilleure façon de gérer nos Etats. On ne peut pas gouverner un pays en naviguant à vue. Néanmoins, il faut aussi comprendre ceux qui se plaignent. Il n’est jamais facile d’abandonner certaines habitudes de facilité et de paresse. Aujourd’hui, chacun commence par reconnaître ses limites dans notre société contrairement à avant où les gens se permettaient tout et partout. Le monde est en train de bouger autour de nous et nous ne devons pas être en marge du progrès.

Certes, il faut aller de l’avant. Mais ça fait quand même deux ans que le Président Patrice Talon est là et on ne voit rien bouger
Je ne me mettrai pas à vous faire le point de toutes les réalisations du gouvernement en place. Mais, il y a plusieurs secteurs dans lesquels les lignes bougent. Quand vous prenez la filière coton, le Bénin est passé de 300.000 tonnes à environ 600.000 tonnes aujourd’hui. Dans le secteur des infrastructures routières, le pays est en chantier. Dans le secteur de l’énergie électrique, le délestage est devenu un vieux et macabre souvenir. Des gens ont fait faillite dans leurs sociétés dans ce pays à cause du délestage. Le commun des Béninois était toujours agacé par la question du délestage dans notre pays. Aujourd’hui, certains départements de notre pays comme les Collines bénéficient de grandes infrastructures d’adductions d’eau potable grâce aux actions du gouvernement alors que l’eau a été une denrée rare dans ces localités pendant plusieurs décennies. Le Président Patrice Talon connaît le Bénin. Il sait ce dont le Béninois a besoin pour vivre et il s’en occupe progressivement. Ce ne sont pas les caprices de ceux qui s’opposent à lui qui lui feront changer d’avis. Non seulement il connaît toutes les réalités de son pays, mais il s’est également fait entourer des gens compétents qui l’accompagnent. Grâce au management du Président Patrice Talon, plusieurs enfants restent désormais dans nos écoles publiques parce qu’il y a une révolution des cantines scolaires avec l’implication du Programme alimentaire mondial (PAM). Sans tambour ni trompette, le PAG avance dans sa mise en œuvre.

Vous semblez être très convaincu par les actions du gouvernement. Mais, à travers les réseaux sociaux, ce sont d’autres informations qui sont distillées.
Je crois que le gouvernement a compris la nécessité de renverser la tendance depuis un certain temps en matière de communication face à ce que moi j’appelle, de l’intoxication. Les acteurs politiques que nous sommes, nous avons aussi compris qu’il faut faire du tac au tac en désintoxiquant très rapidement. Les réseaux sociaux se sont très développés dans notre pays depuis les dernières élections présidentielles et chacun l’utilise à sa guise. Mais, il ne faut pas en abuser parce qu’il y a la loi portant Code du numérique et quand on parle de loi, il y a, sans aucun doute, des sanctions. Au-delà de la loi, il faudra aussi agir au niveau de l’alphabétisation de nos populations. L’alphabétisation a beaucoup évolué chez notre voisin le Nigeria. Dans ce pays, les gens parlent leurs langues maternelles et l’écrivent. Il n’est pas facile d’intoxiquer un peuple qui est capable de lire des journaux dans sa langue et qui est capable de faire ses propres opinions sur l’actualité dans son pays.

Vous avez été Sous-Préfet puis Maire. Selon vous, la décentralisation est-elle toujours en marche dans notre pays ou y a-t-il du recul surtout qu’aujourd’hui, c’est le mot "REVOCATION" qui est en mode ?
Aujourd’hui, je dirai que les élus au niveau communal et local doivent faire très attention. La décentralisation ne veut pas dire indépendance ! Ce n’est pas comme le Bénin a accédé à la souveraineté nationale et internationale le 1er août 1960. Le pouvoir au niveau local n’est pas installé pour être en contradiction avec le pouvoir central dont il est une émanation. On n’est pas un bon élu communal ou local en s’opposant littéralement au pouvoir central. Je ne dis pas non plus qu’il faut être un béni oui-oui du pouvoir central. La décentralisation suppose juste la gouvernance à la base sous un pouvoir central qui a, à sa charge, le développement de nos localités sur toute l’étendue du territoire national. Le gouvernement local n’est pas l’Assemblée nationale qui, elle, est un haut lieu de la politique. Il ne peut pas avoir de développement local sans l’appui du pouvoir central. Aujourd’hui, lorsque vous êtes en harmonie avec le conseil communal en tant que Maire, en harmonie avec vos populations et en harmonie avec le pouvoir central, vous ne pouvez que réussir votre mission. On doit être dans une logique de complémentarité avec le pouvoir central.

Nous tendons vers la fin de la troisième mandature du processus de la décentralisation au Bénin. Quel bilan peut-ont faire aujourd’hui du chemin parcouru ?
Vous savez, nous avons des raisons d’être très pressés. Nous avons aussi des raisons d’être objectifs. La décentralisation a réellement pris corps en 2003. Regardez un peu dans quel état se trouve aujourd’hui la plupart de nos Communes qui étaient des sous-préfectures. A l’époque, les Communes ordinaires comme Sakété et Adja-Ouèrè avaient des budgets dérisoires et la grande part pour les investissements était logée dans les Programmes d’Investissements Publics (PIP) au niveau départemental. Vous ne me direz pas que les Communes comme Avrankou, Dangbo, Sakété, Adja-Ouèrè et autres n’ont pas évolué. Ça veut dire que les choses bougent, peut-être pas au rythme qu’on aurait souhaité. Moi, je puis vous dire aujourd’hui que les Communes avancent et à grands pas. Allez évaluer les infrastructures abritant les chefs-lieux d’arrondissements et de Communes sans oublier la contribution des Communes dans la réalisation des infrastructures sociocommunautaires comme l’eau, les écoles, les pistes rurales, les centres de santé, les infrastructures sportives et les galeries marchandes. Vous vous rendrez compte qu’on ne peut plus se passer de la décentralisation pour développer le Bénin. Pour moi, la décentralisation au Bénin est un succès en dehors de quelques incohérences à corriger.

Avec votre riche expérience au niveau de la gouvernance locale, sur quel aspect croyez-vous que le gouvernement peut agir pour booster le développement de nos Communes ?
Je pense que le PAG 2016-2021 a réglé ce problème en prenant en compte le volet décentralisation. Il s’agit d’un document bien pensé qui répond aux besoins sur le terrain, dans nos Communes. Il n’y a pas longtemps, le gouvernement à travers le Ministre des sports a procédé à la réception des sites devant accueillir la construction des stades omnisports. J’imagine qu’avant la fin du quinquennat, le gouvernement réussisse à réaliser seulement 20 infrastructures de cette taille dans 20 Communes. Cela signifie qu’après 20 ans, toutes les Communes du Bénin auront chacune un stade et elles pourront accueillir de grands évènements sportifs. En plus, cela va réveiller chez les jeunes, l’envie de pratiquer le sport qui, aujourd’hui, est devenu un vecteur de développement. Les grandes stars mondiales de football comme Samuel Eto’o, Georges Weah, Didier Drogba, Mohamed Salah, Sadio Mané, pour ne citer que ceux-là, est ce que vous voyez ce qu’ils rapportent à leurs pays aujourd’hui ? Le Président Patrice Talon construit non seulement pour les générations actuelles, mais il pense aussi aux futures générations.

Vous avez été Maire de la Commune de Sakété. Sakété, semble-t-il, a retrouvé une paix sociale. Qu’est ce qui n’allait pas et qui est réglé aujourd’hui ?
Par rapport à la paix sociale retrouvée à Sakété, je dois saluer tous les acteurs politiques et la société civile de la localité. Je dois surtout saluer le Ministre Salimane Karimou qui, il y a environ un an, a pris l’initiative de nous rassembler pour une séance d’échanges de paix et de réconciliation. C’était chez notre frère Calixte Omiyalé. Avec le recul, je dois avouer que si cette rencontre n’avait pas eu lieu, il fallait l’organiser un jour. Donc, je suis tout heureux de constater que la paix règne désormais à Sakété, mais il reste encore beaucoup à faire. J’en profite pour rendre hommage à Feue Rafiatou Karimou, qui était également avec nous lors de la rencontre.

Alors, que reste-t-il à faire ?
Vous savez, la paix se cultive. Elle est permanente et nous ne devons plus baisser la garde à Sakété. Nous devons rester dans une dynamique de fraternité pour que les jeunes prennent exemple sur nous. Il reste que nous soyons en harmonie avec les messages que nous véhiculons pour que d’autres émergent. Nous travaillons pour la discipline du groupe. Il y a quelques années, on a demandé au Roi Pelé, le footballeur brésilien, pourquoi il veut arrêter sa carrière alors qu’il est toujours en forme pour continuer. Il a répondu que s’il devait continuer, il risque de prendre la chance d’un futur talent qu’il ignore encore. Nous avons foi qu’il existe des jeunes qui peuvent assurer la relève.

Ils sont impatients. D’ailleurs, certains traitent leurs aînés en politique de ‘’vielle classe’’ et leur demandent de quitter la scène.
Vous savez, c’est une question intergénérationnelle. Ceux qui tiennent ces propos ne savent pas que cette vieille classe a également connu la jeunesse dont ils jouissent aujourd’hui. Etre jeune n’est pas éternel et être un leader politique ne se décrète pas. Cela se construit sur plusieurs années d’expériences et de militantisme. Je les inviterai à se battre, à oser et surtout à patienter dans leur apprentissage de la chose politique. Certes, la politique est une science qui s’apprend dans les universités, mais ce dont on parle est la pratique de la politique. Personne n’a cédé de place à de jeunes politiques comme Jean-Michel Abimbola, Eric Houndété, Samou Adambi, Youssoufou Nouhoum Bida, Augustin Ahouanvoèbla, Charles Toko, Modeste Kérékou, Christine Ouinsavi, Maroufath Falola et d’autres jeunes qui s’annoncent comme Karamatou Fagbohoun, Awaou Bissiriou. Ils se sont tous imposés par leur abnégation. En politique, on se bat et on s’impose par ses valeurs et les gens vous remarquent. Dans ce domaine, il n’y a pas de ôtes-toi pour que je m’y mette’’.

Votre mot de la fin.
Je voudrais inviter les populations béninoises à accompagner le président Patrice Talon parce que son succès sera le nôtre comme son éventuel échec sera également nôtre. Aucun bon citoyen ne peut souhaiter l’échec de ses dirigeants. Quant aux filles et fils de Sakété, je voudrais les inviter à se donner la main pour faire de leur localité, une commune phare dans le département du Plateau.
Propos recueillis par Karim Oscar



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