Faible affluence aux législatives du 8 janvier : Quand les électeurs se font désirer

Moïse DOSSOUMOU 9 janvier 2023

Entre les urnes et les Béninois, c’est une histoire d’amour. Ils l’ont prouvé à plusieurs reprises depuis 1990 où la parole a été libérée. A chaque rendez-vous électoral, il est habituellement observé une ruée vers les centres et bureaux de vote. Il faut croire que tout cela appartient au passé et que les Béninois ont mieux à faire que de porter leurs suffrages sur tel candidat ou telle liste.
A la ferveur populaire de 2016 qui a consacré la victoire de Patrice Talon dans les urnes, a succédé une désaffection pour le vote qui ne finit pas. Lors des législatives de 2019, les Béninois se sont fait prier pour se rendre aux urnes. La tendance s’est maintenue avec une légère amélioration aux communales de 2020 et à la présidentielle de 2021. Avec les législatives de 2023, qui contrairement à celles de 2019, ont vu la participation de tous les bords politiques, l’opinion pensait que le taux de participation serait l’un des meilleurs de ces 6 dernières années. Il n’en a été rien.
La quasi-totalité des centres de vote parcourue hier dans les départements de l’Atlantique-Littoral, de l’Ouémé et du Mono était presque déserte. Les membres des bureaux de vote et les représentants des partis en lice comptaient les électeurs du bout des doigts. Comme si elles n’étaient pas concernées par ce scrutin, les populations, notamment les personnes en âge de voter, ont préféré vaquer à d’autres occupations.
C’est dire que malgré l’ambiance de paix et de convivialité qui a prévalu lors de la campagne électorale, les multiples appels au vote des différents leaders politiques n’ont pas été entendus par les électeurs. Qu’est-ce qui peut bien justifier ce comportement qui frise l’indifférence ? Les plaies des dernières élections ne sont-elles pas encore cicatrisées ? Sont-ce les projets de législature qui n’accrochent pas ? S’agit-il des candidats qui n’ont pas trouvé grâce aux yeux des populations qu’ils sont censés représenter une fois élus ? Ou encore, est-ce de la résignation ?
Une chose est sûre, ce comportement n’est pas habituel. Il appartient aux décideurs de le décrypter à tête reposée afin de poser les bons diagnostics et faire les corrections nécessaires. Quand le peuple se met à l’écart ou observe de loin le pouvoir et la classe politique, ce n’est toujours pas bon signe. Il vaut mieux très tôt corriger le mal à la racine au lieu de le minimiser voire l’ignorer. Tout récemment au Mali, Ibrahim Boubacar Keita a remporté la présidentielle avec moins de 20% de taux de participation. La suite, nous la connaissons.



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