Joutes électorales au Bénin : L’argent perd sa place, le règne des débats d’idées

Arnaud DOUMANHOUN 5 mai 2021

Fin d’une époque ! C’est un secret de polichinelle d’affirmer que les scrutins électoraux s’enchaînent ces dernières années avec moins d’engouement. Non pas forcément du fait des clivages politiques qui ont d’ailleurs la peau dure mais surtout de cette métamorphose qui se dessine dans l’attitude du militant et plus largement de l’électorat. A peine la présidentielle du 11 avril terminée, que des grincements de dents, des chuchotements sont enregistrés aussi bien dans le rang d’acteurs majeurs de la scène politique que d’amoureux des joutes électorales. « Nous n’avons rien reçu pour la campagne. J’ai juste été hébergé dans un hôtel au nord afin d’aller sensibiliser la population sur le projet de société de mon candidat… On n’avait pas de moyen pour le porte à porte », a confié un jeune militant au terme du processus. Des militants désabusés après des meetings politiques sanctionnés par des bouteilles d’eau pour étancher leur soif contrairement aux habitudes. « L’argent n’a pas circulé ». C’est désormais la rengaine au terme des joutes électorales sous le régime du Nouveau départ.
Le moins qu’on puisse dire, les lignes ont bougé en cette matière, à l’ère du réformateur. Il avait extraverti la politique. L’historique conférence nationale de février 1990 n’a pas résolu cette équation. La compétition entre partis politiques ou candidats se traduisait par une croissance des moyens engagés par les acteurs. Et les sources de financement du personnel politique donnaient lieu à toutes sortes de dérives. Le poids de l’argent avait pris une telle propension que toute velléité de diriger les affaires publiques, revenait presque systématique à sa capacité financière à prendre part aux rendez-vous électoraux. Certes, les principes fondateurs du financement de l’activité politique remontent à plusieurs décennies et peuvent se résumer à trois objectifs à savoir financer le déroulement des campagnes électorales, le maintien d’une activité politique entre les élections, et assurer la concurrence entre organisations politiques. Soit ! Mais pas au point de coûter les yeux de la tête. Ne pas freiner le poids de l’argent dans la chose politique, c’est fermer aux enfants de pauvres la porte de la gestion des affaires de la cité, si faire de la politique s’entend comme telle.
Le Bénin doit poursuivre dans cette dynamique en dépit des polémiques autour du taux de participation des électeurs qui relève a priori d’une éducation civique. De toute évidence, la volonté politique est manifeste notamment avec le vote de la loi 2019-44 du 15 novembre portant financement public des partis politiques en République du Bénin. Reste que le réformateur puisse prendre des dispositions idoines afin qu’on ne retombe dans les mêmes travers et que le choix soit désormais effectué à partir des programmes et projets de société. Le cap doit être maintenu.



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