Législatives de 2023 : Les fêtes de fin d’année et la campagne électorale à couteaux tirés

26 décembre 2022

La campagne électorale pour les législatives du 08 janvier 2023 a démarré en trombe ce vendredi 23 décembre 2022. Il n’y a pas eu de round d’observation entre les différents protagonistes. A peine le top donné, les partis politiques ont mis en branle leur premières stratégies d’occupation du terrain. Mais, très vite elle est étouffée pour ses premiers jours par les fêtes de fin d’année. Aux premières heures de la campagne électorale, les partis se sont lancés dans la bataille comme à l’accoutumée. Des affiches aux coins des rues et sur les édifices des grandes artères, des posters géants sur les grands carrefours, des différents messages des partis dans les médias et réseaux sociaux et des rencontres de proximité en petits groupes. Telles sont les actions déjà menées sur le terrain par les différentes chapelles politiques après trois jours de campagne. Les sept partis sont dans la stratégie classique. Comme des automates, ils reprennent sans grand changement ce qui se fait d’habitude. Il n’y a pas du nouveau même si la période de la campagne pour ces présentes élections est spéciale.

La campagne électorale lancée, les fêtes en vedette
La résonnance de la campagne peine à trouver écho auprès de la cible. Les pétards et les lumineuses attirent plus l’attention de la masse. Un dialogue de sourds s’installe entre les deux parties barré par la concurrence des réjouissances de la nativité. C’est deux événements de réjouissance qui rivalisent mais les populations semblent avoir fait leur choix pour l’instant. Ils préfèrent commémorer la naissance de l’enfant Jésus et préparer le nouvel an. « J’ai constaté que la campagne a démarré parce que je vois les affiches quand je sors mais ce qui me préoccupe, c’est comment fêter avec ma famille. Ma famille et mes enfants m’attendent sur les vêtements à coudre, les cadeaux à leur offrir, la nourriture à pourvoir pour la fête et les cadeaux à ramener. Ce qu’ils disent ne m’intéressent pas », a lancé Pascal, un habitant de Godomey. C’est ainsi que les fêtes ont pris le pas sur la campagne. S’il est vrai que les populations avaient grande soif de revivre la fête de la campagne multipartite, la période choisie cette année ne s’y prête pas. Les fêtes de fin d’année sont une coutume et leur célébration relève désormais d’un rituel séculaire. C’est la période de plusieurs actes individuels comme collectifs. Chacun est concentré à faire son bilan et projeter l’année nouvelle. Les familles se retrouvent après des mois de séparation d’avec leurs enfants, certains partis au loin soit pour étudier, soit pour travailler. Dans cette circonstance, les partis devraient revoir leur stratégie et ne pas verser dans l’automatisme. Les éminences grises de ces formations politiques n’ont pas assez étudié l’environnement afin de peaufiner de nouvelles stratégies avant de lancer leur machine.

Profit pour les uns, désavantage pour les autres
La campagne pour ces législatives risque de ne pas influencer le vote et plusieurs partis ne tireront pas profit de ce moment de contact avec l’électorat. L’enjeu de cette bataille est d’améliorer le taux de participation. Les populations ont perdu le goût du vote depuis quelques années et il faut les motiver à réaffectionner ce devoir. Et ce challenge est celui des partis qui viennent dans la course pour la première fois depuis 6 ans. Ils sont 4 partis à avoir été une fois au contact des population lors de ces dernières élections et les trois autres feront leurs premiers cette année. L’Union Progressiste Le Renouveau, le Bloc Républicain, la Force Cauris pour un Bénin Emergent détiennent chacun un fief, leur électorat naturel qui ont voté pour eux pendant deux élections différentes et des élus. C’est une force pour ces partis qui ont juste besoin d’aller conquérir d’autres électeurs tout en conservant les anciens. Cet exercice est plus facile pour eux même s’il y a d’autres leviers qui pourront jouer en leur défaveur. Et ça, ce sont les autres partis qui doivent jouer sur cette faiblesse. Ce sont en l’occurrence les partis de l’opposition, Les Démocrates, Mouvement Populaire de Libération (MPL) et celui de la mouvance Mouvement des Elites Engagées pour le Bénin (Moele-Bénin). Ils auront pour mission d’aller conquérir l’électorat, se constituer des fiefs et faire échec aux partis traditionnels dans leurs bastions. Cependant, ils sont pris au piège de cette rivalité campagne-fêtes de fin d’année. Ils ont plus besoin de convaincre pour renverser la tendance actuelle. Il faut noter que la campagne pourrait être intéressante dans sa dernière semaine au lendemain de la fête du nouvel an.
Ange M’poli M’TOAMA



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