Lettre à Macron sur les reculs démocratiques au Bénin : Du pathétique au dramatique !

Angelo DOSSOUMOU 18 septembre 2020

A quatre, ils se sont mis, peut-être pour se montrer très convaincants à leur interlocuteur. A l’arrivée, la missive envoyée au président français Emmanuel Macron le 10 septembre dernier pour dénoncer les dérives démocratiques au Bénin depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de Patrice Talon est plutôt un missile qui raisonnablement ne peut atterrir que dans un désert. Soyons sérieux ! Dans les relations internationales, le principe, c’est avant tout le respect de la souveraineté internationale et de la politique intérieure de chaque Etat. Galiou Soglo, Omar Arouna, Léonce Houngbadji et Bertin Koovi devraient pourtant le savoir. A moins d’être encore soûlés des effluves de la Françafrique, en aucun cas, ils n’auraient considéré le président Macron comme l’ultime recours pour demander des comptes à Talon ou capable de lui imposer quoi que ce soit. Malheureusement, ils donnent raison à Léopold Sédar Senghor. Cette émotion qui s’est traduite par des jérémiades à l’endroit du maître Macron est si nègre qu’à la fin, ils se sont plutôt couverts de ridicule.
Admettons même que des dérives démocratiques, il y en ait eu sous l’actuel régime. Mais, est-ce la personne indiquée pour faire changer la donne. D’ailleurs, en tant qu’opposants, qu’offrent-ils à la France qui, d’après le Général Charles de Gaulle n’a pas d’ami mais des intérêts. Sans doute, le désespoir de ne pouvoir surmonter les obstacles légaux érigés sur le chemin qui mène à la Marina et goûter à nouveau les délices du pouvoir a conduit à cette mascarade. Sinon, que peuvent viser ces opposants en appelant Macron au secours de la démocratie béninoise ? Certainement, un interventionnisme et une ingérence malsaine à l’image de ceux que la France nous a donné à voir en Côte d’Ivoire et en Libye. Même pour ceux d’entre eux actuellement hors du territoire national pour diverses raisons, cela s’assimile à un ‘‘oiseau qui demande la pluie mais qui, pour l’instant, ignore qu’il n’échappera pas aux gouttelettes’’.
A sept mois d’une possible alternance au pouvoir, cette correspondance des quatre opposants à Macron ressemble, ni plus ni moins, à une résignation devant la machine électorale en face. Aujourd’hui, dos au mur puisqu’au grand jamais, ils n’ont été capables de se rassembler dans un creuset fort pour aller à la conquête du pouvoir, ils n’ont désormais comme seul alibi que des incantations. Mais, s’ils le veulent, ils peuvent encore rattraper le train en marche. Quand ils auront compris que la lutte qui donne droit au confortable fauteuil de la Marina, ce n’est pas pour des enfants de chœur qui n’ont que des chapelets de dérives de Talon à la bouche en lieu et place des stratégies imparables, il serait tard. Et qu’ils se le tiennent pour dit, leur sauveur si ce n’est le peuple béninois, il ne se nommera incontestablement pas Macron. Alors, à eux de savoir où se trouve leur salut.



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