Moudachirou Bachabi, Sg/ Cgtb sur la gouvernance sous Talon : ‘’Je ne peux pas juger de ce que fera le peuple en temps opportun’’

Arnaud DOUMANHOUN 10 décembre 2020

Le processus électoral pour la tenue de la 3ème édition des élections professionnelles nationales fait l’actualité du monde des travailleurs mais se prépare dans un autre contexte, celui des tractations pour la présidentielle de 2021. Dans cet entretien, le Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb), Moudachirou Bachabi s’exprime autant sur les enjeux de ces élections professionnelles, que sur la gouvernance et le bilan de l’action syndicale sous Patrice Talon.

La 3ème édition des élections professionnelles nationales aura lieu dans quelques semaines. Comment la Cgtb s’active-t-elle pour ravir la vedette à ses adversaires ?
La Cgtb prépare ces élections de façon sereine. Mais espère qu’au terme du processus, nous aurions eu une élection assez transparente, crédible, et que le suffrage exprimé sera un suffrage pur. Je dis pur parce qu’en 2006, l’année à laquelle remonte la deuxième édition, nous avions assisté à un suffrage qui n’était pas forcément celui des travailleurs. A un moment donné, on a ouvert ce vote à des gens qui ne devraient pas être inscrits sur la liste électorale. Ceci a donné lieu à ce que nous savons et cette fois-ci, à en croire les organisateurs, on veillera d’abord à une liste électorale sécurisée. Et ne pourront avoir accès à ce vote, que ceux y sont inscrits. Cela nous permet d’espérer que nous aurons, au terme du scrutin, des résultats issus du choix opéré par les travailleurs.

Quels sont les enjeux de ces élections ?
Du point de vue stratégique pour les organisations syndicales, c’est un rendez-vous important, puisque ce rendez-vous permet de jauger leur représentativité au plan social. Cela donne une certaine légitimité au dialogue. Et forcément à son impact sur ledit dialogue pour les 5 années à venir notamment en ce qui concerne l’efficacité de l’action syndicale pour l’amélioration des conditions de travail et de vie des militants.

Au cours de ces dernières années, on a l’impression que l’action syndicale a perdu de sa poigne et les militants s’y intéressent de moins en moins. Qu’en dites-vous ?
C’est vrai que quand on est à l’extérieur, on a l’impression que les gens ne sont pas motivés. Je crois que c’est le militantisme syndical qui a pris un coup. Mais l’engagement syndical du point de vue crédit, pour ce qu’il constitue en tant qu’instrument au plan universel, les travailleurs continuent de croire qu’ils ne peuvent être affranchis que par leur organisation. Sauf que dans la pratique, le militantisme syndical qui doit nourrir l’action syndicale, ce militantisme-là, a pris un coup et c’est peut-être cela qu’il faut chercher à reconstruire très rapidement pour donner de la rigueur à nos organisations.

Pourquoi ce militantisme syndical a-t-il pris un coup ?
Vous savez que nous sommes sortis d’un schéma syndical qui avait toujours donné l’impression de ne pouvoir s’exprimer que dans l’affrontement. Nous nous retrouvons avec un schéma où les effets de l’affrontement ne sont plus immédiats ou peut-être pratiquement inexistants. Et les travailleurs ne comprennent pas que l’on puisse véritablement avoir un mouvement syndical qui n’inscrit pas comme seul instrument de combat de l’affrontement. Alors que du point de vue universel, le premier instrument de l’affrontement syndical c’est le dialogue social. Du point de vue de la serve qui pourrait nourrir le militantisme, c’est d’abord les repères essentiels universels du mouvement. Ces repères sont d’abord l’éducation, la fonction sociale de l’organisation syndicale, la représentativité. C’est aussi l’action normative et il faut absolument un ancrage social à tout cela.
A défaut de cet ancrage social, la représentativité a fini par s’étioler et être galvaudée puisque nous avons raté plusieurs fois l’échéance de renouveler cette confiance-là. Enfin, la fonction normative qui devrait permettre de réaliser l’appropriation des textes et de pouvoir les faire progresser au niveau des travailleurs, n’était pas non plus au rendez-vous. Finalement, on s’est retrouvé avec une action syndicale qui ne reposait sur qu’une seule jambe au lieu de cinq (5).

N’est-ce pas aussi le fait de la restriction du droit de grève sous le régime du nouveau départ ?
Ce n’est pas une restriction. Il s’agit simplement d’un encadrement et cet encadrement est universellement reconnu. Aucun pays au monde ne laisse une liberté s’exercer selon le bon vouloir des citoyens. Donc le droit de grève a fait l’objet d’un encadrement et je voudrais faire constater que, même l’organisation internationale du travail n’a pas osé légiférer sur la question. On fait des recommandations, on conventions. Ils ont juste donné des directives, des orientations pour dire aux gens, que cette liberté doit pouvoir s’exprimer à travers la liberté d’association et la liberté de manifestation mais vous ne trouverez aucun texte du Bit qui règlemente le droit de grève. C’est dire que c’est une conscience internationale, qui a voulu que ce droit fasse objet d’un encadrement. Même la dernière loi sous l’emprise de laquelle l’on pense qu’il y avait plus de marge de manœuvre, était aussi le résultat d’un encadrement. Mieux, tous les juristes savent de par le monde que quel que soit le degré de démocratie, un texte de loi reste toujours le résultat d’un rapport de force spontanée. Les rapports de force sont défavorables à la classe ouvrière, et ça ne peut que donner cet encadrement qui semble être corsé.
Encore que là, si les fondamentaux du mouvement syndical sont mis en œuvre, ce texte-là permet encore d’engranger de bons résultats. Parce que autoriser les gens à faire une grève, à en faire jusqu’à 10 jours dans une année, je crois si que les organisations syndicales étaient ancrées dans la communauté cela est possible. Si elles avaient choisi de faire une bonne gestion de l’implémentation de la grève, forcément aucun gouvernement ne pourra résister. Nous savons très bien que si le dialogue social se restructure de façon à servir véritablement les intérêts des travailleurs, il n’y a pas de raison que même le texte, en l’état, puisse être exploité au mieux des intérêts des travailleurs. Je voudrais dire pour clore ce chapitre que nous assistons aujourd’hui à un conflit d’intérêt parce que vous savez très bien qu’il y a une confédération qui revendique être le prolongement d’un parti politique au sein des travailleurs. Donc lorsque vous êtes dans un dialogue avec des acteurs politique, la confusion est vite installée. On a le sentiment, qu’on a en face de soi des politiques et vous voyez, en ce moment-là, le dialogue social se brouille, ce n’est pas le fait d’avoir le courant politique qui est le problème mais c’est de revendiquer ça comme un projet au profit des travailleurs et d’y travailler tous les jours.

Avez-vous l’impression que l’action syndicale porte encore ses fruits ?
Ça dépend de là où l’on se situe. Ce qui est important aujourd’hui est que l’avènement de la rupture, a révélé à toutes les organisations leurs limites en termes de pratiques syndicales. Est-ce que nous avions engrangé plus de profit pour les travailleurs ? Du point de vue matériel, on ne peut pas dire « oui ». Ce n’est pas très satisfaisant au regard des attentes. Mais en termes stratégique, je dis que l’ère de la rupture nous as révélé d’autres leviers qu’on aurait pu exploiter véritablement pour engranger des succès. C’est sur ces leviers que nous devions véritablement travailler. Il faut revenir aux fondamentaux et ses fondamentaux sont importants pour nourrir l’action syndicale. Et lorsqu’on aura bien nourrit l’action syndicale, il est évident qu’on pourra faire d’énormes succès. Le mouvement syndical est parti pour se consolider après ces élections. Elles vont permettre de clarifier le paysage syndical.

On entend dire que le processus tel qu’il est conduit, pourrait permettre à des centrales syndicales proches du gouvernement de gagner la bataille. Que répondez-vous ?
Vous savez que, pour des rendez-vous électoraux, on a pris l’habitude des discours assez diffamatoires sur un certain nombre de sujets. Je ne dis pas qu’il existe un pays au monde où un syndicat est favorable ou défavorable à un gouvernement. Parce qu’on ne parle pas d’opposition en matière syndicale. Le lexique consacré, c’est que nous sommes des partenaires. Et je ne sais pas dans quel Etat les partenaires se jettent la pierre. Ce qu’ils font, c’est qu’ils échangent, s’épaulent, se font des concessions pour faire progresser le champ dans lequel ils agissent. Si le fait d’écouter le gouvernement, de faire des concessions selon les règles syndicales est taxé d’appartenance à un gouvernement, je crois que c’est juste des propos propagandistes.
Mais quand on regarde un peu le dispositif que nous avons, l’action syndicale n’est efficace que lorsqu’on engrange des résultats au profit des travailleurs. Qu’on ne le veuille ou pas, les organisations qu’on taxe à tort d’être proches du gouvernement peuvent aujourd’hui dire : « Nous avons un bilan ». Parce que tout ce que nous avons fait avec le gouvernement dans le cadre du dialogue prévu par les textes, nous avons des résultats qu’on peut exhiber. Mais une organisation syndicale ne peut pas se muer en opposition à un système. Elle combat le système avec les instruments légaux. Et si dans ce combat, le système vole aux éclats, cela va être une conséquence de son entêtement ou de son incapacité à régler les problèmes.
Mais l’objectif d’une organisation syndicale ne peut pas être de déloger le politique de sa position. Donc, nous sommes encore fiers de cette façon de fonctionner. De ce que les organisations qui nous taxent d’appartenir au gouvernement aient réussi à faire renvoyer au moins 300 agents pour lesquels nous nous battons en vue de leur réintégration. Si l’action syndicale est d’amener les gens dans le trou, il y a donc un problème. On sait qu’il est possible de marquer des pauses, et d’obtenir des résultats, et reconstruire les rapports de force pour obtenir plus que cela. Elles n’ont rien de tout cela. Elles n’ont pas réussi à faire en sorte que la population les accepte dans leur logique. On a donné l’impression à la population que les travailleurs sont des égoïstes, c’est-à-dire, tout pour eux et rien pour les autres. Alors que notre fonction sociale nous impose de tenir compte de la communauté à laquelle nous appartenons.
Quand vous faites l’analyse de nos revendications, nos populations ne s’y retrouvent pas du tout. Quel est ce pays où le monde va produire, et une catégorie dit qu’elle veut les fruits de cette production, tant pis pour les autres. Cet état de chose nous a amené à isoler le mouvement syndical de la population. Ce qui a fait que notre fonction sociale qui devait être connectée avec la spontanéité des autres a été délaissée. Voilà là où nous en sommes. Quand nous finissions d’obtenir des résultats de nos revendications, nous ne regardons pas l’impact social de cette revendication. Et quand nous recadrons cela pour discuter avec le gouvernement, on nous taxe de corrompu. Qu’ont apporté ceux qui nous taxent d’être proches du gouvernement ? Faisons donc le bilan. Ils ont eu le lead de l’action syndicale depuis 2001.
Et en 2020, ils nous gratifient en faisant renvoyer bêtement de leurs emplois, 305 agents que nous regrettons aujourd’hui. Parce qu’on leur a dit que l’évaluation diagnostique pour le système de l’enseignement est une évaluation illégale. Je confirme que cette évaluation est légale, sauf que la procédure était illégale, et quand je fais le parallèle entre ce qu’il y a dans le contenu de la cuillère, et ce qu’il y a au dos de la cuillère, je préfère sauver l’emploi.
C’est ce que nous avons fait en suggérant aux enseignants d’aller composer. Ils nous ont combattus sur le terrain et aujourd’hui nous avons des collègues qui sont dans le pétrin du fait de ce discours suicidaire. On ne veut plus faire la promotion d’un tel discours. C’est pour cela que les travailleurs doivent prendre leur destin en mains et essayer un autre leadership syndical à partir de ces élections professionnelles. Le mandat est de 5 ans. Après les cinq (5) ans, si le leadership qu’on leur propose ne fonctionne pas, on peut revenir là-dessus. Mais ceux qui l’ont détenu pendant plus de 15 ans n’ont rien apporté. Ces élections professionnelles ne doivent pas servir à faire la promotion d’un individu. Ce sont des élections pour conquérir des sièges et quand je dis des sièges, ça veut dire que ce ne sera jamais occupé par une seule personne. C’est une équipe, c’est une organisation. Donc, il ne s’agit pas pour les gens d’aller plébisciter un Secrétaire général. Il faut choisir parmi les organisations, celles où on fait la promotion de certaines valeurs en termes d’éducation, de comportement, de tempérament.
Parce-que nous n’allons pas recommencer après ces élections à former des brigades où les gens achètent les lanières pour contraindre les travailleurs à aller en grève. La liberté d’action doit amener les organisations à faire l’éducation qu’il faut, sensibiliser les gens. Donc pour nous, il faut faire l’expérience d’un nouveau leadership syndical qui est incarné par la rigueur dans le dialogue, la courtoisie dans l’argumentaire et le respect mutuel parce que c’est ça qui fonde ce qu’on appelle partenariat social et au niveau syndical, le partenaire social reste encore quelqu’un qu’il faut respecter.

Au cas où cette courtoisie dans le dialogue n’apporte pas des gains à la lutte syndicale, qu’elle sera l’approche ?
Imaginez-vous père de famille et chaque matin vos enfants doivent défiler pour récupérer leur droit de petit déjeuner. Et votre fils se rend dans votre chambre où vous êtes couché, constate que vous êtes encore en plein dans le sommeil et vous gifle. Vous sursautez, et il dit papa mon petit déjeuner. Vous le lui donnez ? Alors, quand vous faites une action dans la rue, et vous dites héélou avec contenu dans nos couvents, mort, sida etc, et quand vous finissez de dire tout ça, vous vous asseyez devant la même personne pour lui dire que vous avez besoin de quelque chose, ne sera-t-il pressé de se débarrasser de vous ? Et en ce moment-là, vous n’avez même pas le temps de poser les vrais problèmes.
Nous avons tout un programme pour amener les camarades travailleurs à mieux rédiger les cahiers de doléances parce que là aussi, on ne nous explique pas que le mélange des revendications et la formulation des revendications sont des éléments qui permettent de mieux revendiquer. Quand vous ne comprenez pas ce que vous demandez, vous ne vous en sortez pas ou quand vous demandez des choses que l’autre partenaire estime qu’il ne relève pas de vos compétences, vous n’obtenez aucun résultat. Vous comprenez que par exemple, on veuille faire une grève civile c’est-à-dire une contestation civile et qu’on mette dedans la libération des exilés politiques, cela pourrait se comprendre mais quand c’est une action syndicale, nous allons parler de restaurer les libertés. Si c’est une contestation civile où il y a des acteurs politiques, tout le monde, quand on dit libération des exilés politiques on sait qu’on entre dans les dialogues politiques sociétales ce n’est pas un dialogue social parce que le dialogue social devrait rester dans les limites des rapports professionnels. Donc, il y a tous ces mélanges-là que nous faisons, qui font que lorsque nous sommes en face de l’autre partenaire, il fait une confusion entre acteurs politiques et acteurs syndicaux. Il faut clarifier ça désormais.

Il a été remarqué au cours de ces dernières années, que le Chef de l’Etat à maintes fois directement échangé avec les syndicats à la base plutôt que les centrales. Qu’est-ce qui justifie cette approche de la représentativité à une échelle plus basse ?
C’est parce que ceux qui ont la responsabilité de porter la parole au nom des travailleurs donnaient l’impression de ne plus les représenter. Dans ce cas, l’autre va rechercher des interlocuteurs. C’est aussi une façon de nous fragiliser mais c’est parce que l’image que nous avons offerte ne rassurait pas, on ne pouvait pas savoir si effectivement c’était des représentants des travailleurs qu’on a en face ou des représentants de l’opposition. Et le comble, nous-mêmes on s’auto-fragilisait. Certains estiment qu’ils sont dans la droite ligne. Ils sont en alliance politique, je dirai même le produit d’un parti politique et que tous ceux qui ne rentrent pas dans ce moule-là sont du côté du gouvernement. Cela fait que le gouvernement aussi se demande qui il a en face, puisqu’il n’a non plus les autres avec lui.
Mais le gouvernement aussi a compris que le fait de descendre dans les bases syndicales ne nous a rendu aucun service. Je crois donc que chacun peut déjà évaluer aujourd’hui ses rapports et commencer à tirer les conclusions. Il faut faire la promotion d’un nouveau type de leadership syndical et travailler à reconstruire le militantisme autour des objectifs de nos syndicats et je crois qu’on s’en sortira vraiment grandis.

Que pensez-vous de la gouvernance de Patrice Talon qui tire à sa fin ?
Je crois que cette gouvernance comporte beaucoup d’interpellations. Quand je dis interpellations, je ne peux pas juger de ce que le peuple fera en temps opportuns, des actions de son gouvernement mais je peux dire simplement que ça n’a pas été un quinquennat rose pour les travailleurs car il y a eu beaucoup de difficultés. Nous avons beaucoup de collègues qui ont perdu leur emploi du fait des réformes par rapport auxquelles nous n’avions pas beaucoup échangé.
Nous avons un certain nombre d’acquis qui ont été remis en cause et que nous avons du mal à récupérer. Nous nous sommes également retrouvés en face d’un schéma qui n’était pas celui auquel nous sommes habitués parce que nous avons vu beaucoup de présidents et papas bonheur passer, qui étaient vraiment en quête de popularité et voilà un autre qui a fait l’option de l’impopularité et qui a très peu échangé également avec les Forces sociales et je crois que c’est également assez instructif et comme je l’ai dit tantôt, ça nous a projeté notre propre image et nous avons su là où il y avait des imperfections.

Nous sommes à quelques mois de la présidentielle de 2021. Que direz-vous sur le profil du prochain président de la république ?
C’est un risque que je ne prendrai pas mais simplement je vais demander à tous ceux qui aspirent à ces fonctions d’avoir l’écoute et d’amener les peuples à les suivre parce que ce qui est important, c’est de réaliser et de préserver surtout la paix et la quiétude et d’accepter de faire les progrès aux rythmes du peuple et selon son niveau de compréhension des choses.
Vouloir faire autrement pourrait remettre en cause le projet de société. Nous devons donc dans un dialogue sincère, ensemble prendre des risques mais ensemble également jouir des fruits du progrès. Ceux qui veulent ce fauteuil doivent se préparer à développer de meilleures attitudes d’écoute et surtout un leadership qui prend le peuple comme le vrai moteur qui accompagne le projet. Car, entre la théorie des écrits et les réalités du terrain, il y a ce qu’on appelle un fossé qu’on découvre quand on arrive dans cette posture et malheureusement tout étant urgent dans un pays comme le nôtre on fait parfois des arbitrages qui ne servent pas.

Propos recueillis par Arnaud DOUMANHOUN



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