Politique africaine de la France : Vers la fin de l’hégémonie française en Afrique ? Analyse et perspectives avec Docteur Bernadin Kouhossounon

29 mars 2023

La présence française en Afrique se fait remarquer dans plusieurs domaines. Des faits historiques ont lié le destin de ce pays européen et celui du continent noir. Non seulement la France reste l’un des partenaires privilégiés de nombreux Etats africains, mais il agit aussi en qualité de maître dans les anciennes colonies françaises d’Afrique. Que ce soit donc sur le plan économique, politique, sécuritaire et culturel, l’Etat français tire de nombreux intérêts de cette région du monde. Ces derniers concourent sans doute à la gloire, à l’influence et à la position du pays dans l’ordre mondial. Cependant, de profondes mutations corroborées par la convoitise inédite du continent par de nouveaux acteurs étatiques (Russie, Chine, Japon) mettent en péril les intérêts et cette position traditionnelle privilégiée de l’Etat français en Afrique. Outre la mauvaise posture de l’hégémonie française dans de nombreux pays africains, l’élogieuse image qu’incarnait Paris dans les différentes régions du continent ternit petitement au fil du temps. Notre présente analyse se donne pour tâche de décrypter cette perte graduelle de l’influence française. S’inspirant des exigences politiques et sociales actuelles que requièrent les profondes mutations sur le continent, l’étude ne se passera sans proposer les perspectives de ce que devra être la nouvelle politique africaine de la France.

A- La France en Afrique
Les liens entre la France et les pays africains sont très étroits. En dépit des exactions et des temps coloniaux, la France a un passé élogieux sur le continent africain. Elle a fait florès dans cette région du monde dont plus précisément dans ses anciennes colonies. Quant aux pays africains, parmi les nombreux faits qui ont laissé des séquelles d’ordre social, économique et culturel figurent les impositions de normes occidentales qui ont changé au cours des années les structures sociales traditionnelles préalablement établies par les sociétés africaines.
En effet, les relations privilégiées établies par ce pays européen avec le continent africain résultent d’un passé lointain et les mutations à travers le monde peinent encore à pouvoir véritablement les impacter. Puisque le caractère de ces relations sort de l’ordinaire : Paris occupe une place de choix au sein des acteurs étatiques étrangers présents sur le continent. Par exemple, pour l’ancien président français, François Mitterrand, « Sans l’Afrique, il n’y aura pas d’histoire de la France au XXIe siècle » . Ainsi, dans la majorité des cas de relations bilatérales et ou multilatérales, l’omniprésence française se fait remarquer dans les domaines économique, politique, sécuritaire et même culturel. Un enracinement érigé notamment par des accords de coopération solide établis conformément aux axes de la politique extérieure africaine de l’Etat français.
Par exemple, du point de vue politique, Paris a usé de son réseau diplomatique pour créer un creuset diplomatique de taille dénommé « France-Afrique », et pour lequel le sommet réunit le Président français et les 54 chefs d’Etat et de gouvernement du continent. Ceci est le symbole du cachet spécial d’une grande famille de relation instaurée depuis les années qui ont précédé les indépendances sur le continent. Le soutien diplomatique de l’ensemble ou d’une grande partie de ces pays africains constitue sans doute pour Paris un grand apport indéniable sur l’échiquier international. Ceci d’ailleurs lui favorise le rôle de porte-parole des Etats d’Afrique qu’il assure au sein du Conseil de sécurité des Nations unies comme auprès des G8 et G20. Ce volet n’épargne point sa politique d’aide publique au développement en Afrique à travers notamment l’Agence Française de Développement (AFD). S’agissant du domaine culturel sur le continent, l’influence de ce pays européen s’articule notamment autour de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui œuvre pour la promotion de la langue française comme une approche à la diversité culturelle. Nonobstant la diversité linguistique du continent, cette langue française est largement parlée en Afrique et reste toujours la langue officielle de nombreux pays africains. De plus, la politique extérieure française a institué dans plusieurs pays du continent des Centres culturels français, des Alliances françaises et des Instituts français qui ont renforcé le rayonnement de la diplomatie culturelle de Paris sur la scène mondiale. Enfin, mentionnons la détention d’une grande partie du patrimoine culturel africain dans des musées publics et privés en France. Ceci est sans doute le symbole de la suprématie de la France sur les pays d’origine de ces œuvres culturelles africaines. C’est certainement pourquoi en se prononçant sur le mode d’établissement et d’entretien des relations culturelles de Paris avec les pays africains, Philippe Hugon pense que les leviers d’action vont de la réactualisation des liens historiques, géographiques et culturels pour aboutir finalement à la diplomatie d’influence (Hugon, 2016).
La France dispose d’une diplomatie économique très active en Afrique. En dépit des relations commerciales avec ses anciennes colonies, elle a étendu au fil des années son emprise économique sur les différentes sous-régions du continent. L’exploitation de diverses matières premières de certains pays africains et la présence de multinationales françaises comme BNP, Areva, Société Générale, Lafarge, Total, Groupe Bolloré, etc, constituent sans doute des preuves tangibles de la présence de la France dans les affaires économiques des pays africains. Le continent représente aussi un marché d’écoulement par excellence de produits finis issus d’industries françaises. L’emprise de Paris est également d’ordre monétaire du moment où le franc CFA créé depuis 1945 et hérité de la colonisation et dont l’usine de fabrication se trouve à Chamalières, (France) contitue de servir près de quatorze pays africains.
Abordons le domaine sécuritaire pour constater les liens privilégiés que la France a su garder avec nombreux de ses partenaires africains. Pour donner un essai d’explication à cet attachement dans le secteur, Sylvie Monnet affirme que : « La garantie militaire offerte aux Africains était le pilier de la politique française en Afrique » (Ibid., 203). Dès lors, Paris développe depuis longtemps une coopération militaire intense aussi bien bilatérale que multilatérale avec des pays africains. Non seulement Paris agit militairement suivant les « accords de défense », mais aussi au nom de R2P (Responsibility to Protect). La France reste ainsi un acteur incontournable des questions relevant de la sécurité sur le continent noir.

B- L’actuelle influence française en Afrique
Des décennies durant, l’Afrique a été le terrain d’enjeux d’une minorité d’acteurs occidentaux dont notamment la France. Cette dernière est traditionnellement présente sur le continent noir tout en faisant de sa politique africaine l’une des priorités de sa politique extérieure. Mais au fil des années, l’Afrique est de plus en plus convoitée par de nouvaux acteurs émergents donnant désormais l’opportunité aux dirigeants africains le choix de partenaires étrangers. De plus, les différentes populations de cette région du monde semblent être plus que jamais préoccupées pas le niveau de développement qui n’est encore pas reluisant dans les sous-régions. Ainsi, orienter désormais les coopérations vers des partenariats sérieux de type « gagnant-gagnant » en vue de pouvoir faire véritablement face aux multiples enjeux de développement sur le continent devient de plus en plus crucial pour les pays africains.
Or, Paris quant à lui, agit suivant la logique de restauration de la grandeur de la France instaurée par le Général de Gaulle. Une philosophie qui suit son cours avec l’avènement des différents présidents de la 5ème République française. Nonobstant donc les exigences des peuples et les diverses mutations du monde actuel, Paris semble ne pas être encore totalement prêt pour l’assouplissement de sa politique africaine. Pour lui, une éventuelle normalisation de ses anciens accords de coopération avec les pays africains empiéterait sur sa juteuse position traditionnelle qui lui assure à la fois intérêts, respect et le cachet spécial de partenaire privilégié.
En effet, force est de constater à divers niveaux, une restriction de l’influence traditionnelle de la diplomatie française dans les sous-régions du continent. Par exemple, depuis l’avènement des vagues d’indépendance des pays africains, la coopération militaire française avec les Etats africains reste l’un des volets les plus précieux des rapports politiques bilatéraux et multilatéraux. Mais elle est, de nos jours, ouvertement critiquée, mitigée et mise en cause au point où l’on se demande si nous ne tendons pas vers l’ère de la rupture sur le continent de cette coopération militaire française. Pour preuve, le retrait historique de la force Barkhane du Mali reste un exemple tangible qui n’honore point Paris. En d’autres termes, outre les critiques réciproques axacerbantes, les rapports de la France avec beaucoup d’Etats africains restent plus ou moins tendus en ces temps-ci. Par conséquent, on assiste entre autres à des relations animées d’escalades verbales, de convocation, de rappel ou d’expulsion de diplomates, de manifestations de populations, des accusations réciproques et même de pressions incitant à soutenir ou désavouer tel ou tel acteur étatique dans une circonstance donnée.

C- La perte de l’influence française en Afrique
Les anciennes relations entre la France et les pays africains semblent ne pas pouvoir résister continuellement sur la même longueur d’onde avec l’évolution du temps. De diverses mutations sur l’échiquier international : la mondialisation, l’émergence en Afrique de nouveaux acteurs étrangers, les changements climatiques, les nouveaux défis sanitaires et sécuritaires, la guerre en Ukraine, etc, sont venues provoquer le basculement de l’ordre mondial. Ce bouleversement n’a point laissé indifférente l’influence politique traditionnelle de la France en Afrique. Le titre de partenaire privilégié détenu depuis des décennies est plus que jamais menacé à divers niveaux.
En réalité, le sentiment anti-français s’est largement répandu dans nombreux pays africains dont notamment ceux dans lesquels la France est intervenue militairement. Que ce soient sur les réseaux sociaux ou lors des manifestations citoyennes et démocratiques ; nombreux sont les peuples qui se sont montrés hostiles à la France et à son peuple en raison des obscures manœuvres de sa politique extérieure africaine. Plusieurs sont les manifestations en Afrique subsaharienne dénonçant les affres des interventions militaires françaises et brandissant l’image prédatrice de la France. Une situation qui ne cesse d’inquiéter le Quai d’Orsay et qui suscite donc des réactions : « Au Mali et au Burkina Faso, c’est la Russie qui agit. », a affirmé François Hollande, l’ancien président français démontrant ainsi l’empleur de l’enracinement de la Russie en Afrique francophone. Et c’est d’ailleurs ce changement de tendance qui a suscité la tournée en juillet 2022 du président Emmanuel Macron au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Une tournée dont les enjeux se résument notamment à la volonté affirmée de raviver et de revitaliser l’image de la France à un moment où l’influence grandissante de la Russie et de la Chine suit son cours sur le continent. De même, lors de ses trois jours de visite « officielle d’amitié » en Algérie du 25 au 27 août 2022, le président Macron, conscient de cette multiplication de mouvements anti-français a appelé la jeunesse algérienne et africaine à bannir « le sentiment anti-français » qui, selon lui, ne garantit pas l’avenir de la jeunesse.
Sur le plan économique, les intérêts français ne cessent de basculer. En guise d’exemple, les multinationales françaises qui, dans les années 1990 pesaient près de 40% de l’économie de certains pays africains n’en pèsent aujourd’hui qu’environ 10%. C’est certainement bien après cette analyse objective que le président Emmanuel Macron a laissé entendre au Cameroun : « Nous sommes bousculés », « peut-être parce nous nous étions endormis », reconnaissant ainsi le déclin de l’influence de Paris dans ce pays africain.
Restons dans ce volet pour signaler la volonté des Etats africains à se débarasser du franc CFA. Si cette décision n’est point encore partagée par tous et manque toujours d’actions concrètes, le sujet fait quand même plus que jamais partie des préoccupations majeures de certains intellectuels et dirigeants africains afin d’amorcer l’indépendance de la politique monétaire des quatorze Etats africains utilisant le franc CFA.
Au fil des années, dans les différents pays africains, la France n’apparaît plus aux yeux de beaucoup de personnes comme étant partenaire étranger soucieux du développement africain. De plus, beaucoup sont ceux qui s’insurgent contre son ingérence dans les affaires internes des pays africains. Tout en préservant ses intérêts dans la région, la politique africaine de la France au lieu d’être juste un instrument d’accompagnement du processus démocratique et de l’Etat de droit sur le continent, elle va le plus souvent au-delà et s’offre ainsi l’image d’une donneuse de leçons à ses partenaires africains. Dans certaines circonstances, elle agit même en leur nom. Ceci fait de la France l’objet d’énormes critiques acerbes.
Si la France est souvent considérée comme un acteur prépondérant en matière de sécurité sur le continent, la Russie a de nos jours près d’une vingtaine de coopérations militaires avec des Etats africains. Ceci reste sans doute l’une des raisons de la guerre d’influence entre Paris et Moscou. A l’avènement de nouveaux acteurs étrangers, le domaine sécuritaire dans plusieurs Etats semble ne plus être la chasse gardée de Paris comme autrefois.
Au plan culturel, la volonté politique du président Macron a favorisé un début de concrétisation du projet historique de restitution du patrimoine culturel africain détenu en France. Si cette volonté est sans doute salutaire, l’espoir de voir les reste de ces œuvres de retour sur le territoire africain demeure toujours une aspiration profonde chez les peuples africains. Faire de la promotion de la culture un levier essentiel de développement des pays est devenu plus que jamais le leitmotiv des dirigeants et des peuples africains. Quant au du peuple français, la crainte de voir certains musées vidés des œuvres africaines dont en l’occurence celui du Quai Branly reste encore non négligeable.
De ce qui précède et contrairement au temps passé, la France est véritablement bousculée et tout porte à croire que, au fil des années, l’étau se resserre petitement autour de la grande influence diplomatique que Paris avait dans les différentes régions du continent africain.

D- Quelle nouvelle politique africaine pour la France ?
Des décennies durant avec la 5ème république française, la politique africaine de cet Etat européen est restée inchangée. Mais de nos jours, un regard attentif porté sur le continent laisse percevoir de profonds changements en défaveur de Paris dans les sous-régions africaines. Puisque, contrairement aux années antérieures, la politique africaine de l’Etat français semble être décrédibilisée sur le continent avec l’évolution du temps. Et Paris est bel et bien conscient de cette perte progressive de sa crédibilité de partenaire privilégié dont elle jouit depuis des décennies dans différents Etats africains. Au vue des précédentes analyses, l’obsession politique française de cette région du monde s’articule notamment autour de la définition de nouvelle type de politique extérieure africaine du pays à travers d’innoventes stratégies efficientes. C’est-à-dire une politique idéale préservant sans doute les intérêts français de la région sans pour autant constituer un handicap au processus d’épanouissement des pays et de leurs populations. Comment alors ranimer les liens et les contacts spécifiques de Paris avec les pays africains par le truchement de la redynamisation des relations diplomatiques constitue une préoccupation majeure des autorités françaises.
Pour preuve, lors de la conférence des ambassadeurs français tenue le jeudi 1er septembre 2022 à Paris, le président Macron, dans son intervention s’est beaucoup préoccupé par la grande perte de l’hégémonie française dans les pays africains. Après avoir résumé notamment les causes d’une situation aussi complexe au narratif russe, turque et chinois, le président français a appelé les diplomates à « assurer une stratégie d’influence et de rayonnement de la France ». Outre la diplomatie plus agile que préconise le président, une autre stratégie prodiguée aux diplomates français est de faire en sorte à être très actifs sur les réseaux sociaux.
A notre humble avis, si l’efficacité de la diplomatie française n’est point à douter, l’Etat français ne peut miser sur une telle résilience superficielle de ses diplomates sur les réseaux sociaux et prétendre redorer son image en Afrique. Puisque, quand bien même, communiquer et informer activement font partie intégrante des missions diplomatiques, il est également impérieux de reconnaître que, tout diplomate est sensé faire preuve de tact, de discrétion, de sobriété et même parfois de mutisme vis-à-vis de certains sujets sensibles et controversés.
Loin d’une volonté de rupture de liens spécifiques ni une médisance à l’encontre du peuple français et de ses autorités, les propos et mouvements communément appelés « sentiments anti-français », ne sont en réalité que la dénonciation d’un système néocolonialiste qui a tant duré. Ayant fait ses preuves durant des décennies sur le continent, il s’est avéré qu’il n’assure point l’épanouissement escompté des Etats africains et de leurs peuples. Ledit système a été dénoncé de différentes manières sans qu’il n’y ait en retour un quelconque assouplissement de la politique extérieure française de la région. De nos jours, plus qu’une dénonciation, elle s’est transformée en un ras-le-bol dans beaucoup de villes africaines. Ceci voudrait exiger indirectement de la France une redéfinition des règles d’accords et de coopérations bilatérales et multilatérales avec ses partenaires africains.
Face à un challenge aussi grand, la France ne saurait rester sans réaction conséquente au risque de voir décroître davantage son hégémonie sur le continent africain. Or, objectivement, les intérêts géostratégiques et les soutiens diplomatiques sur le continent concourent tous au cachet de grande puissance mondiale dont le pays est revêtu. La perte d’influence dans les pays africains porterait sans doute des conséquences néfastes sur cette traditionnelle position française sur l’échiquier international. Pour cela, les autorités françaises ont intérêt d’assouplir la politique extérieure de la région en vue de réhausser le niveau de confiance et d’influence. C’est-à-dire rompre définitivement avec les pratiques et manœuvres peu orthodoxes. Puisqu’il urge que Paris reconnaisse que l’intérêt de l’Afrique réside dans la diversification de ses partenaires en optant désormais pour un partenariat d’égal à égal avec une approche gagnant-gagnant dépouillée de toute idée de paternalisme.
Si le dernier sommet Afrique-France, tenu à Montpellier le 8 octobre 2021 ne s’est pas déroulé avec les discours diplomatiques d’usage auxquels la communauté internationale est habituée, il a quand même été un creuset de vérités sur les différents maux qui minent les relations entre la France et les Etats africains. Comme peut être l’avait voulu le président Macron, la jeunesse africaine avait étalé les points d’achoppement, et ce, dans différents domaines de coopération avec la France. Cette jeunesse avait exprimé haut et sans tabou des critiques que des dirigeants panafricains auraient aussi faites à l’encontre de la France, mais avec des termes diplomatiques plus atténués. Paris est alors bel et bien conscient de ce qui suscite le sentiment anti-français dans les pays africains et qui, pour conséquences, affecte sans doute sa réputation, ses intérêts comme son influence dans la région. Or, dans le concert des nations, la place prépondérante que détient la France ne peut véritablement être à l’image de la gloire dont nourrit Paris si et seulement si le Quai d’Orsay garde le pied sur les pédales de la politique extérieure française en Afrique. Et pour éviter que la situation ne se dégénère, lors de sa dernière tournée diplomatique crutiale dans quatre pays d’Afrique centrale du 1er au 4 mars 2023, non seulement le président Macron après a reconnu que l’âge de la Françafrique est révolu, mais aussi a dévoilé sa nouvelle stratégie africaine, celle de " Bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable avec l’Afrique ".
Néanmoins, il est impérieux de rappeler que l’établissement et l’entretien de bonnes relations entre acteurs exigent mutuellement d’eux respect et confiance. Par conséquent, pour que les Etats africains soient véritablement fiables et respectés dans les partenariats, des responsabilités leur incombent à travers le déclic des consciences. Puisque, à l’unisson et en définissant des stratégies adaptées, les pays africains ont la possibilité de peser dans le nouveau ordre mondial qui se profile à l’horizon. Et pour un challenge aussi important, il va falloir engager de façon pressante la mise en valeur des potentialités existantes tout en renforçant les institutions des Etats africains à travers notamment l’Etat de droit et la bonne gouvernance. Aussi, en raison de la crise identitaire dont souffre le continent, il est nécessaire de renouer avec des pratiques de Soft power en vue d’une révolution diplomatique innovente, dynamique et prospère.
Par suite de faits historiques accompagnés de tacts diplomatiques du pays, la France a, depuis des décennies un enracinement exceptionnel en Afrique. Une emprise française corroborée par la Francophonie, la politique économique et monétaire, des accords de coopération militaire, la politique d’aide au développement, etc. Toutefois, en raison de l’irruption de nouveaux acteurs étrangers et des mutations perpétuelles que connaît l’échiquier international, les intérêts et l’influence française deviennent de plus en plus menacés dans les pays africains. Un regard réaliste porté sur le continent montre que ces derniers, en guise de résilience, se battent vaille que vaille pour sortir du gouffre instauré par l’Hexagone. Face à une situation aussi complexe, l’Etat français a intérêt à préserver ses liens à la fois politiques, économiques et culturels avec ses partenaires africains. Il est donc impérieux que, dans l’entretien de ses relations sur le continent, il tienne compte des principes fondamentaux garantissant confiance, respect et réciprocité des intérêts pour la relance d’une nouvelle politique franche de coopération, seul gage de maintien de son statut de partenaire privilégié.

Bernadin KOUHOSSOUNON, PhD.
Diplomate de formation. Auteur de plusieurs publications en France, en Slovaquie, en Pologne comme au Bénin. Membre du Comité scientifique du Haut Conseil des Béninois de l’Extérieur (HCBE)
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