Réouverture des frontières avec le Niger : Le Nigeria validé, le Bénin en sursis

25 mars 2024

Dans la crise socio-politique qui secoue le Sahel depuis quelques mois déjà, l’on croyait impossible une ouverture imminente des frontières du Niger avec ses voisins. Mais, dans la journée du jeudi 21 Mars 2024, un message radio adressé aux gouverneurs des régions de Diffa, Tahoua, Maradi et Dosso, a ordonné la réouverture des frontières dès le vendredi 22 mars à 00h. Cette décision fait suite au Sommet extraordinaire des Chefs d’Etats de la Cedeao du 24 février 2024 à Abuja au Nigeria. Un mois après ce sommet, le Niger a donc ouvert ses frontières, soit une semaine après la réouverture de celles du Nigeria.
C’est à juste titre que le Niger rétablisse ses relations avec son voisin avec qui il partage plus de 1000 km de frontières. A l’analyse, plusieurs facteurs favorisent cette réconciliation presque rapide entre les deux Etats. D’abord, le Nigeria conserve sa place en tant que première économie en Afrique, même si l’inflation est devenue galopante ces dernières années. Malgré la chute du Naira accentuée par l’insécurité grandissante, ce pays maintient ses piliers toujours solides et représente un grand soutien au Niger en termes économiques et de transport des marchandises.
Ensuite, il est important de rappeler que le Nigeria n’est pas une colonie française. Lors du bras de fer entre le Niger et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Bola Tinubu, avait l’obligation de porter la voix de l’organisation sous-régionale. Mais, la confusion s’est installée à partir du moment où les puissances étrangères se croyaient maîtres des Etats de l’organisation et pouvaient ainsi les manipuler à leur guise. Il fallait donc leur rappeler que le Nigeria reste un pays anglophone, et qu’il serait déplacé de recevoir quelque ordre que ce soit. Bola Tinubu l’a si bien démontré en pesant de son leadership pour la levée des sanctions infligées au Niger. Plus loin, le Nigeria a affiché son ambition d’avoir désormais comme allié la Russie et de faire partie des Brics. Cette décision laisse entrevoir la nature ambigüe de la coopération militaire entre le Nigeria et ses partenaires. A la vérité, ce pays n’est pas autorisé à acquérir des armes sophistiquées pour se défendre face aux terroristes. Idem pour les autres pays africains y compris le Mali, le Burkina-Faso et le Niger. On comprend donc pourquoi autant de frustrations. Il y a deux semaines au Nigeria, une centaine de jeunes filles dans une école, ceci sous le regard impuissant des autorités politico-administratives et même militaires, ont été kidnappées. Face à l’enjeu, il faille trouver un nouvel allié capable de fournir des armes et technologies nécessaires afin de freiner l’élan de l’insécurité ambiante dans ce pays.
Aussi, faut-il souligner que le Niger et le Nigeria partagent une ethnie en commun, les Hausa. En dépit de la balkanisation, cette ethnie est restée compacte, et ce, quelles que soient l’éducation, les langues, les religions et d’autres pratiques. D’ailleurs, lors de la crise, les Hausa du Nigeria se sont soulevés avec véhémence contre toute agression du Niger. En clair, le Niger et le Nigeria ont pratiquement le même destin et partagent la même vision. L’ouverture des frontières entre ces pays est le symbole d’une synergie d’actions, notamment la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, le renforcement des différentes armées, l’amélioration des diverses économies et le renforcement du capital humain.

Une lueur d’espoir pour le Bénin
Grand acteur dans la crise au Sahel, le Bénin espère aussi un rétablissement de sa coopération avec le Niger. Malgré sa forte implication, les portes ne lui sont pas entièrement fermées car, ces deux pays ont connu une forte relation économique et partagent des projets en commun. Il s’agit principalement de la mise en œuvre du Projet Pipeline d’Exportation Niger-Bénin. La réouverture des frontières avec le Nigeria au détriment du Bénin s’explique par le fait que ce dernier reste toujours sous la domination française. Plus loin, le Niger n’a pas totalement digéré l’affront à lui fait par son voisin du Sud, sachant son importance dans la circulation des personnes et des biens. Le mot d’ordre du Niger est clair. Tant que le Bénin restera sous la domination occidentale, pas question de rouvrir les frontières, car les faux-frères ne méritent aucune pitié. Sauf qu’ici, le ‘’faux-frère’’ a déjà enterré la hache de guerre et plaide pour un renouement des relations. Il faut donc espérer que la main tendue trouve un jour un écho favorable.



Dans la même rubrique