Pour des élections pacifiques en janvier 2023 : Soglo – Yayi, potentiels médiateurs en retrait

Angelo DOSSOUMOU 10 mai 2022

Dans le contexte politique actuel au Bénin et à quelques sept mois d’un scrutin capital, pour qui les connait, ils sont trop silencieux. Nicéphore Soglo et Boni Yayi, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont plutôt habitué leurs compatriotes à de fréquentes prises de positions lors des débats d’enjeu national et quand l’heure et les circonstances s’y prêtent. Mais hélas ! Depuis peu, alors que le médiateur de la République s’est inopinément invité dans la recherche des voies et moyens pour la pacification du processus électoral en cours et que déjà, le problème du verrou des 10% de suffrage au plan national se pose, le silence des deux anciens présidents devient de plus en plus lourd. D’ailleurs, faut-il le rappeler, les législatives à venir après les péripéties qui ont entouré celles de 2019 focalisent toutes les attentions car, elles constituent un défi pour la démocratie béninoise. Sinon, disons-nous la vérité, depuis 2016, aucune élection au Bénin ne s’est déroulée sans heurt.
Pourtant, jusqu’ici, aucune implication personnelle des deux anciens présidents ni sollicitation des dirigeants actuels afin de recueillir leurs avis pour des législatives 2023, libres, transparentes, inclusives et surtout sans violences. Si entre-temps, la posture politique des deux anciens présidents trop engagés contre le régime actuel était un facteur limitant pour qu’ils puissent bénéficier en plus de leur statut d’anciens présidents de celui de médiateurs et de pacificateurs, il est à reconnaître que l’eau a coulé sous les ponts et visiblement, ils se sont mis au-dessus de la mêlée. D’ailleurs, le dernier tête-à-tête Talon-Yayi et la présence de Nicéphore Soglo au Palais de la Marina pour le vernissage des trésors royaux et des arts contemporaines sont des indices qui penchent véritablement la balance du côté de nouvelles relations plus cordiales entre les anciens présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi d’un côté et de l’autre, leur prédécesseur Patrice Talon.

L’expérience fait le médiateur !
De toute façon, dans un processus démocratique, il est aberrant que des anciens présidents n’aient pas souvent voix au chapitre. Avant tout, à défaut d’avoir un Sénat où ils peuvent siéger et donner leurs avis sur des questions d’enjeu national ou encore tout simplement formaliser une institution spéciale à leur profit, la logique aurait voulu que ce soit eux les vrais médiateurs de la République pas quelqu’un d’autre. Alors, en principe, qu’ils le veuillent ou non, ils doivent régulièrement être consultés face à des différends politiques. Ailleurs, c’est ce qui se fait. Au Bénin, Boni Yayi dos au mur devant une opposition intraitable mise en danger avec une Lépi très contestable s’en est sorti à cause des appels de Mathieu Kérékou et de Emile Derlin Zinsou pour la tenue malgré tout de l’élection présidentielle du 13 mars 2011. N’eussent été leurs auras et ce qu’ils incarnent pour leurs compatriotes, à l’époque, le risque était vraiment grand que la situation sociopolitique dégénère. Mais, au-delà de tout, pour le Bénin, Mathieu Kérékou a privilégié la paix à des divisions aux relents politiques et basées sur des intérêts personnels.
En somme, pour définitivement fermer ces parenthèses de crise dans l’histoire démocratique du Bénin, l’expertise des anciens présidents n’est pas à négliger. Ce qui est sûr, on a beau les aimer ou les détester, ils sont pour les générations actuelles et à venir, des bibliothèques. D’ailleurs, il en sera aussi ainsi, pour les successeurs de l’actuel locataire de la Marina. Et parlant des prochaines élections législatives, si le calme apparent qui s’observe au plan politique peut donner l’impression que la tempête est derrière nous, il n’empêche qu’il faut prévenir toute éventualité. Sans ambages, la question des 10% est une préoccupation majeure. A ce sujet, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, alors que le délai pour des réformes des lois électorales suivant les exigences du protocole additionnel de la Cedeao tire vers sa fin, n’ont plus le droit de garder silence. Enfin, pour un Bénin plus démocratique et de paix et face aux risques devant un processus électoral à enjeux, une posture de médiateur et de pacificateur leur irait mieux. Ça ne devrait même pas être un choix mais plutôt une obligation républicaine.



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