Présidentielles en Côte d’Ivoire et en Guinée Conakry : Le chaos du 3ème mandat, des leçons à retenir

Angelo DOSSOUMOU 30 octobre 2020

Des morts, des fractures sociales, l’économie en berne et la perte de quiétude des populations prises en otages par des guerres d’intérêts de dirigeants manipulateurs. L’ancien président français Jacques Chirac n’a sans doute pas mesuré les effets pervers de cette démocratie friande d’alternance qui effectivement reste et demeure un luxe pour l’Afrique. Si certains s’étaient offusqués d’entendre que le continent noir est mal parti, ils mesurent à présent qu’avec des gouvernants à l’antipode des réalités démocratiques d’ailleurs puisque mal copiées par ici, la destination du développement ne peut être qu’un parcours de combattant. Si, ces derniers jours, l’actualité des heurts liés aux élections présidentielles et au phénomène déchirant du 3ème mandat voit actuellement tourner les regards vers la Côte d’Ivoire et la Guinée Conakry même si, le contexte est bien différent au Bénin, il n’empêche qu’aujourd’hui plus qu’hier, les éveilleurs de conscience n’ont plus droit au sommeil.
Car, pour la pérennité de la paix au Bénin et en Afrique, il s’avère indispensable d’éviter à quiconque d’ouvrir cette boîte de Pandore aux conséquences désastreuses pour les pays en voie de développement. Et pour ça, dans le cas du Bénin, le tout ne suffira pas de discourir et d’arguer que dans la nouvelle Constitution, il est stipulé que nul ne peut faire plus de deux mandats de sa vie. D’ailleurs, les mêmes assurances étaient données aux Ivoiriens et aux Guinéens avant qu’ils ne tombent dans le piège des modifications constitutionnelles ouvrant des brèches aux présidents en exercice pour s’accorder de nouveaux baux à la tête de leurs Etats. En somme, sur le terrain politique en Afrique, la confiance en ce qui concerne la prise en compte de l’alternance, comme le baromètre de a bonne santé de la démocratie est souvent fatale. Heureusement qu’au Bénin, qu’ils soient de bonne ou de mauvaise foi, ni le Général Mathieu Kérékou encore moins le Dr Boni Yayi, à la fin de leur mandat constitutionnel, n’ont réussi à faire fléchir les députés et toucher à la loi fondamentale du 11 décembre 1990 avant qu’il n’y ait même la possibilité d’une éventuelle tentation.
C’est dire que toujours précautionnés quand il s’agit de veiller à garantir l’alternance après un maximum de dix ans au pouvoir, les Béninois ont intérêt à continuer de veiller au grain. Cela passe évidemment par la conscience populaire au sujet du vice que constitue le 3ème mandat qui est un danger nuisible à la paix. Seulement, si l’Afrique est souvent confronté à ce mal, c’est généralement la faute des laudateurs des présidents en exercice et des institutions de contre-pouvoir. Jamais capables de séparer le bon grain de l’ivraie, ils sont généralement griots que conseillers ou juges lucides. Tenant compte de tout ceci, le mieux à faire pour l’enracinement de la paix au Bénin et en Afrique, c’est tout simplement prévenir les révisions opportunistes et donc les éviter quoi qu’en soient les raisons dès l’entame d’un second mandat présidentiel. Quand on sait que pour le développement d’un pays, nul n’est indispensable et qu’il se construit grâce à la contribution de tous ses enfants et non par des égos alors, savoir raison garder devant les velléités d’un troisième mandat ne peut qu’être un leitmotiv à inculquer dans toutes les têtes. A cette tâche, les acteurs politiques, les Ong, les confessions religieuses sont d’ores et déjà invités. Prévenir vaut mieux que guérir. En somme, nombre de pays africains paient toujours un lourd tribut des inconséquences de leurs dirigeants et si, actuellement, c’est la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Togo etc qui sont indexés, l’urgence recommande d’agir pour circonscrire le mal. Avec ça, plus personne ne devrait, en principe, s’étonner que le choix de l’immigration par la couche juvénile malgré tous les risques que cela comporte ait encore de beaux jours devant elle.



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