Regroupement des forces politiques : Une invite pour l’opposition

8 août 2022

Le contraste est saisissant. D’un côté, il y a ceux qui adhèrent à la réforme et qui font des compromis pour continuer d’exister. De l’autre, il y a ceux qui traînent les pas et qui ne donnent pas l’impression de prendre la mesure des événements. Le champ politique béninois est constitué de deux blocs bien distincts : les partisans de la mouvance présidentielle et les contempteurs du régime de Patrice Talon. Si les premiers, par la force de la discipline de groupe imposée, parviennent tant bien que mal à tirer leur épingle du jeu, les seconds par contre ont payé le prix fort de leur résistance aux réformes. Exclue des législatives de 2019, l’opposition absente à l’Assemblée nationale pour le compte de la 8ème législature veut renaître de ses cendres. En tout cas, c’est ce qui est proclamé à travers les discours. Mais dans les faits, le constat est que leurs adversaires qui soutiennent le chef de l’Etat ont une bonne longueur d’avance.
Déjà en 2018, aux premières heures de la réforme du système partisan, pendant que les soutiens du régime s’organisaient pour former de nouveaux creusets politiques plus élargis que les anciens clubs, l’opposition est restée inactive. La suite, on la connaît. Quatre ans après, la même situation semble se répéter. Certes, la classe politique qui n’est pas en harmonie avec les actions de Patrice Talon a adhéré à son tour à la réforme du système partisan. Mais il n’en demeure pas moins que l’opposition a du mal à s’unir en vue de l’alternance.

Déjà au sein de la mouvance présidentielle, le paysage politique s’éclaircit. Au départ, en 2018, il y avait principalement cinq forces. L’Union progressiste, le Bloc républicain, le Parti du renouveau démocratique, l’Union pour le développement d’un Bénin nouveau (Udbn) et le Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin). Chemin faisant, l’Udbn a été absorbée par le Br. Dans quelques jours, l’Up et le Prd vont unir leurs forces pour donner naissance à une nouvelle formation politique. Ainsi, de cinq partis il n’en restera plus que trois. Et il n’est pas exclu une nouvelle absorption pour qu’au final, on ne retrouve que deux partis fidèles à Patrice Talon.
Pendant ce temps, rien ne bouge du côté de l’opposition, du moins en apparence. Le parti Force cauri pour un Bénin émergent (Fcbe) dont le leader est le chef de file de l’opposition est carrément isolé des autres partis. Les Démocrates continuent de panser leurs plaies et se préparent pour les prochaines législatives. La Dynamique unitaire pour la démocratie et le développement (Dud), la Grande solidarité républicaine (Gsr), la Nouvelle force nationale (Nfn), Restaurer l’espoir (Re), la Force cauri pour le développement du Bénin (Fcdb)...pour ne citer que ceux-là, ne donnent quasiment plus signe de vie. Il est à craindre que la dispersion des forces fragilise l’opposition, encore que ce n’est pas évident que tous ces partis participent aux législatives du 8 janvier 2023. Le mieux n’est-il pas que ces forces fédèrent pour donner naissance à un bloc solide ? cela aura l’avantage de faciliter la tâche aux électeurs qui auront l’assurance que leurs votes seront utiles d’autant plus que cette fédération des énergies permettra a minima de franchir la barre des 10% des suffrages au plan national pour prétendre siéger à l’Assemblée nationale.
En 2018 comme en 2022, la mouvance présidentielle prend la mesure de la situation et se met en selle. Il ne reste qu’à l’opposition de saisir l’enjeu et de s’organiser en conséquence. Sans quoi, les mêmes causes produiront les mêmes effets.



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