Restitution de 26 trésors royaux du Bénin : Le transfert de propriété acté, les œuvres en route pour le Bénin

10 novembre 2021

Le Président de la République du Bénin, Patrice Talon a été reçu à l’Élysée ce mardi 09 novembre 2021, par son homologue de la République Française, Emmanuel MACRON dans le cadre de la finalisation du dernier acte devant consacrer le transfert officiel de 26 œuvres des trésors royaux du Bénin. Un acte historique qui marque l’aboutissement d’une aventure inespérée engagée par l’Etat béninois depuis 2016. Devant les deux chefs d’Etat, les Ministres de la culture du Bénin, Babalola Jean Michel Abimbola et de la France, Mme Roselyne Bachelot, ont procédé à la signature de l’accord de transfert de propriété, entérinant ainsi la restitution officielle au Bénin de 26 œuvres d’art gardées en France depuis plus de 129 ans.

Après la signature des documents, le Président Emmanuel Macron qui s’est montré favorable à la demande du gouvernement béninois, a déclaré que c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour ces œuvres et surtout pour le partenariat entre le Bénin et la France. « Un partenariat d’État à État, de professionnels à professionnels, de société civile à société civile, de jeunesse à jeunesse ; un partenariat entre égaux », a-t-il précisé. « Vous avez eu le courage de demander ce qui vous était dû », a fait remarquer Emmanuel Macron comme pour saluer le courage, l’endurance et la détermination du président Patrice Talon. Il a également fait un bref rappel des rebondissements qu’a connu la demande du Bénin.

Un grand pas franchi
De son côté, Patrice Talon a salué la clairvoyance et le courage de son homologue français qui ont permis de franchir le cap du tabou de la restitution. Tout en louant ce geste symbolique et inespéré du parlement et du peuple français, le chef de l’Etat béninois souhaite qu’il soit « une étape dans le processus ambitieux d’équité et de restitution des patrimoines mémoriels, extorqués jadis aux royaumes du territoire du Bénin, par la France. » Il a surtout mis l’accent sur le dieu Gou, œuvre emblématique représentant le dieu des métaux et de la forge, la tablette du fâ, œuvre mythique de divination du célèbre devin Guèdègbé, et beaucoup d’autres retenus par la France. Il reste toutefois, optimiste que les autres trésors seront restitués grâce à l’esprit d’ouverture du président Macron et la dynamique de coopération dans laquelle les deux pays se sont engagés.

Retour triomphal au Bénin
Les biens culturels restitués sont constitués entre autres de trônes et de statues anthropomorphes qui ont appartenu aux rois d’Abomey. La plupart ont été pillés par les troupes françaises à la chute du roi Béhanzin, dernier souverain ayant lutté contre la pénétration coloniale, en 1892. Le musée du Quai Branly les présente d’ailleurs comme issus de la collection privée du général Alfred Dodds, le chef de l’expédition militaire française qui fit tomber Abomey. Mais ce mercredi, elles vont retrouver le sol béninois et seront intégrés dans le patrimoine national du Bénin. Un retour historique que le Gouvernement s’apprête à faire vivre à l’ensemble du peuple béninois. La cérémonie officielle d’accueil des oeuvres aura lieu dans l’après-midi de ce mercredi, au palais de la Marina en présence de plusieurs autorités administratives, personnalités politiques, chefferies traditionnelles, têtes couronnées et notables.

Allocution du Président Patrice Talon lors du point de presse après la signature de l’acte de transfert

Monsieur le Président, Merci. Merci à vous personnellement.
Merci au Parlement et au peuple français, pour ce geste combien symbolique et inespéré, avec toute sa charge d’émotions et de polémiques.
Par ma voix, c’est le peuple béninois tout entier qui vous exprime sa gratitude et ses félicitations pour votre clairvoyance et votre courage qui ont permis de franchir le cap du tabou de la restitution.

Bravo, bravo Monsieur le Président !
Mais, Monsieur le Président, cher Président, convenez avec moi, que la restitution de vingt-six (26) œuvres que nous consacrons aujourd’hui, n’est qu’une étape dans le processus ambitieux d’équité et de restitution des patrimoines mémoriels, extorqués jadis aux royaumes du territoire du Bénin, par la France.

Monsieur le Président,
Il est regrettable que cet acte de restitution, si pourtant appréciable, ne soit pas de portée à nous donner entièrement satisfaction.
En effet, comment voulez-vous, qu’à mon départ d’ici avec les 26 œuvres, mon enthousiasme soit total pendant que le Dieu Gou, œuvre emblématique représentant le dieu des métaux et de la forge, la tablette du fâ, œuvre mythique de divination du célèbre devin Guèdègbé, et beaucoup d’autres, continuent d’être retenus ici en France, au grand dam de leurs ayants droits ?
Mais, mais, est-ce que désormais l’espoir n’est pas permis ? Si, Monsieur le Président.
L’espoir de leur retour au pays, eux aussi, ces œuvres que je viens de citer, et les autres, l’espoir de leur retour au pays est désormais permis grâce à vous. C’est extraordinaire.
Pourquoi n’allons-nous pas nous congratuler franchement pour ce tout premier épisode, en attendant de nous retrouver à nouveau bientôt, sur ce même écran, pour la suite ? Je n’ai pas de doute.
Vous savez, l’émotion qui m’étreint ce matin est dévastatrice parce que j’ai espéré, j’ai désespéré, je me suis accroché et j’ai prié tous les dieux, tous nos ancêtres pour que vous soyez bien inspiré et ils l’ont fait. Vous aurez, monsieur le Président, le retour. Vous le verrez bientôt, vous-même. Et la France aura toute la grâce qu’elle mérite par cet acte si élogieux qui permet à ces œuvres si, je ne voudrais pas utiliser le mot « symboliques » simplement, parce que les mots qu’elles m’inspirent, vous ne les comprendrez pas. Tout à l’heure j’ai entendu le maître de cérémonie dire les biens culturels du royaume d’Abomey, mais c’est beaucoup plus que ça, c’est notre âme, Monsieur le Président.
Je voudrais donc par ce remerciement vous dire combien ce qui, pour nous, relève de notre patrimoine génétique profond, combien le fait de leur permettre de retourner chez eux, parmi les leurs, pour notre bien, pour notre tranquillité, pour notre sérénité désormais, combien ces patrimoines seront de toute grâce pour vous, pour la France. Parce que j’ai l’assurance que ça ne va pas s’arrêter là. J’ai l’assurance que très bientôt, puisque vous avez instruit les travaux législatifs pour définir un cadre plus général de restitution, j’ai donc l’assurance que par ce fait là, le reste connaîtra le même sort que les 26 œuvres que j’emporte avec moi.
A Cotonou demain à leur arrivée, elles seront célébrées, mais vous aussi. La France sera célébrée aussi parce que nous n’avons plus de doute que la suite viendra.
Merci.



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