Sans être nommé par le chef de l’Etat : Houndété déjà dans ses attributs de chef de file de l’opposition

Moïse DOSSOUMOU 29 avril 2023

C’est une belle image. Voir Eric Houndété être reçu par Patrice Talon dans une ambiance conviviale a quelque chose d’apaisant. Les précédentes fois où les deux hommes se sont vus, ce fut dans un climat hostile et tendu. Aujourd’hui, même s’ils continuent de nourrir des tiraillements politiques, il faut croire que de l’eau a coulé sous le pont. Avec la bonne performance du parti Les Démocrates aux légisaltives du 08 janvier dernier, les rapport entre les deux hommes sont marqués de part et d’autre du sceau de la légitimité. C’est d’ailleurs dans ce cadre que s’inscrit la visite de Eric Houndété à Patrice Talon dans la matinée d’hier. S’il a été reçu par le chef de l’Etat, c’est qu’il est déjà conforté dans sa posture de chef de file de l’opposition. La signature de ce décret par le chef de l’Etat ne sera qu’une simple formalité. A priori, Eric Houndété ne veut pas porter ce titre pour la forme à l’instar de son prédécesseur. Il veut que tous les attributs et avantages liés à ce poste lui soient effectivement accordés.
S’il faut s’en tenir à ses propos à la sortie de cette audience, sans avoir été nommé, il se met d’ores et déjà dans cette posture. Les préoccupations qu’il a soulevées au cours de cette audience en disent long sur ses intentions. Les grognes des producteurs, qui en dépit des allègements de l’Exécutif, continuent de grincer des dents, ont nourri les échanges tout comme la récurrente question des exilés et des prisonniers dits politiques ainsi que le toilettage du code électoral. Très vite, Houndété se fait le porte-voix des sans-voix auprès du décideur suprême au plan national et espère tirer quelques résultats intéressants.
« Je ne suis pas satisfait de toutes les réponses que j’ai reçues... nous allons poursuivre la discussion pour obtenir totale satisfaction ». A priori, les deux personnalités sont disposées à construire un pont entre elles au lieu d’élever encore les murs qui les séparaient naguère. C’est une bonne chose que des adversaires politiques (car, c’est ce qu’ils sont) puissent se parler au lieu de se tirer tout le temps entre les pattes. Dans toutes les grandes démocraties du monde, les adversaires se parlent tout le temps pour trouver des solutions aux problèmes sans être taxés de traîtres par leurs partisans. Le pays étant la propriété de tous, il est de bon ton que les diverses sensibilités aillent à la rencontre les unes des autres, non pas pour fondre, mais pour que chacun puisse sortir de sa tour d’ivoire et écouter l’autre qui n’est pas l’ennemi. Avant eux, Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo, deux chefs d’Etat qui ont entretenu une rivalité permanente, ont néanmoins montré l’exemple à plusieurs reprises. Si la rencontre d’hier au palais de la Marina peut contribuer à adoucir les cœurs et pacifier le pays, les Béninois sont preneurs.



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