Soubresauts politiques sur le continent : Des systèmes forts, le salut de l’Afrique

8 septembre 2021

Dimanche dernier, Alpha Condé est descendu, malgré lui, de son piédestal. Réélu en octobre dernier pour un troisième mandat après une réforme constitutionnelle tumultueuse, l’ex chef d’Etat guinéen était loin de se douter que ses jours étaient comptés aux commandes de son pays. A présent, aux mains des mutins, il fait face à son destin. Avant lui, quelques mois plus tôt, son homologue malien avait également fait les frais de la volonté des putchistes. Ces coups d’Etat encore d’actualité en Afrique suscitent une vague d’espoir chez une certaine opinion avant la désillusion. Des indépendances à ce jour, l’histoire politique du continent faite d’atermoiements, de progrès, de stagnations et de recul, appelle à un changement de paradigme.
Déjà très en retard sur le plan du développement, l’Afrique ne peut plus se permettre de tourner en rond. Le temps de l’errance est fini. Dans un sursaut collectif, les peuples tout comme les dirigeants sont appelés à changer de fusil d’épaule. Pour cela, point besoin de miracle. Çà et là, sous d’autres cieux, tout bouge à une vitesse vertigineuse. Quoi de plus normal que de s’inspirer de ces modèles de réussite et de les contextualiser pour que la mayonnaise prenne. Contrairement aux pays occidentaux et asiatiques qui tiennent le haut de la dragée en termes de grandes avancées sur la base de politiques publiques solides, les pays du continent en sont encore à des projets de société d’individus qui prennent le pouvoir pour agir conformément à leur volonté et pas toujours dans l’intérêt du peuple. Les socles sur lesquels se bâtit un Etat dans la durée, l’école, la santé, l’économie, les transports, les infrastructures, la monnaie, la sécurité, pour ne citer que ces axes, sont laissés au libre choix des dirigeants qui à tour de rôle remettent constamment tout en cause au gré de leurs humeurs et de leurs inspirations.
Aucun plan de développement validé par la nation et devant être exécuté sur une moyenne ou longue durée, peu importe les gouvernements, n’existe. Il est donc loisible à des individus parvenus au pouvoir de s’imposer à la masse à leur guise et de s’éclipser, de gré ou de force. C’est ce qui fait que rien ou presque ne bouge dans nos Etats. La vie et l’avenir de la nation ne font pas l’objet de réflexions profondes dans les cadres appropriés. Après cet énième coup d’Etat qui plonge la Guinée dans un nouveau cycle d’incertitudes, l’Afrique est appelée à se remettre en cause si elle tient à amorcer son développement. Comme c’est le cas dans les pays où la quête du développement est une réalité, il faut des systèmes forts et non des hommes forts. En Occident, les dirigeants n’ont pas leurs pays à leurs pieds. Leurs actes, limités et contrôlés, sont strictement encadrés dans le sens de l’intérêt général. L’Afrique aussi peut et doit s’inscrire dans cette dynamique. Les années passent et les attentes et espoirs s’entassent. Il ne tient qu’aux fils et filles du continent de décider enfin d’œuvrer pour leur mieux-être.



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