Lutte contre le retard dans la délivrance du Casier judiciaire au Bénin : Au-delà des mesures, la sensibilisation des recrues du Cncj

16 mai 2024

Fin de la récréation ! Le Garde des sceaux, Ministre de la justice et de la législation, Yvon Détchénou, après des constats criants de retard dans la délivrance du Casier judiciaire, tape du poing sur la table. Même si cette réaction aurait dû intervenir dès les premiers constats de cette situation, le ton sec et ferme du ministre tombe à pic. En effet, après une série de mésaventures des concitoyens dans l’indisponibilité de leur casier judiciaire, document que délivre le Centre national de casier judiciaire (Cncj), normalement en 72 heures contre 1900 f CFA, des mesures à travers un communiqué du ministère de tutelle ont été prises pour changer la donne. Pour l’essentiel, il convient de retenir « que les retards observés dans la délivrance du Casier judiciaire ou absences de réponse ne sont pas imputables au Centre national de casier judiciaire (Cncj) mais plutôt à un système de rançonnement des demandeurs mis en place par des voies parallèles », informe le communiqué en date du 13 mai dernier. Lequel système, dévoile le communiqué, a été démantelé à l’issue des investigations menées suite à des plaintes des citoyens. A cet effet, il rassure les demandeurs et usagers du service public qu’à compter de ce mercredi 15 mai 2024, le délai de délivrance du casier judiciaire est de 72 h dès la demande. Aussi, le Ministère de la justice et de la législation fait-il savoir que « les équipes sont renforcées pour que toutes les demandes complètes en instance soient traitées au plus tard le 30 mai 2024 ». Pour les concernés, cette batterie de mesures vient comme un pas vers la fermeté contre ce fléau qui n’a que trop duré. « C’est vraiment une mesure salutaire prise par l’autorité ministérielle. Cela prouve qu’elle nous écoute et s’évertue à nous satisfaire. Depuis plus trois semaine, j’ai fait la demande de mon casier judiciaire, mais jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas encore reçu une suite favorable », fait savoir Gérard Godonou. Il n’est pas le seul dans le cas. Comme lui, Pamphile A., lui non plusn’a pas encore reçu son CJ depuis plus d’un mois. « Je ne sais pas véritablement à quel saint me vouer. Et comme il a plu de taper du poing du table, on ne peut que se réjouir », confie-t-il.
Entre une large durée d’insatisfaction, d’absence de réponses, des navettes à n’en point finir, bref, l’effort de la mise en œuvre d’un dispositif pour satisfaire la population dans ce sens a été fait. Cependant, des Béninois restent sur leur faim. « Nous voulons que cette mesure soit respectée avec la dernière rigueur. Des gens sont recrutés pour un faire un travail mais nous ne sommes pas satisfaits comme cela se doit. C’est inconcevable. Il faut dorénavant sévir avec la dernière rigueur pour que, nous qui sommes demandeurs, ayons satisfaction dans le délai de 72 heures. Il ne suffira pas de nous dire qu’il sera respecté et que dans la réalité, on revienne à ce qu’on sait déjà », clame Célestin Hounguè avec un ton ferme.
Réalité oblige, s’il est déjà bien que le ministère prenne la mesure de la situation, il en faudra plus. Mesures d’accord, surtout suivi et sensibilisation du personnel du Cncj. Car disait l’autre, "sans suivi, pas de quiétude". D’ailleurs, pour ce que l’on sait, plusieurs concitoyens ont loupé des opportunités d’emploi ou de voyages faute de disponibilité de ce sésame. Pis, d’autres ont eu à débourser au-delà de 1900f avant d’avoir le casier judiciaire plusieurs semaines après. C’est le cas de Bernard Lissassi. « J’avais payé 1900 f sur le site. Après 1 mois, je n’ai toujours pas obtenu le document. Vu l’urgence, j’ai dû chercher des raccourcis, ce qui m’a coûté 3000f. Après quoi, j’ai eu mon casier judiciaire en moins de 10 min », relate-t-il. En gros, sans les frais de transaction, ce citoyen a dépensé 4900f avant d’avoir son casier de judiciaire. Raison de plus pour anticiper sur le pire.
La vérité en face !
En somme, le retard dans la délivrance du casier judiciaire n’est pas une plaisanterie. Ainsi, plus question d’aller en chancelant. Il urge d’aller à une plus forte sensibilisation des recrues du Cncj dans leur rôle mais surtout de ne pas être indulgent dans le suivi de tous les instants. Conscient des comportements du Béninois lambda, rien qu’en ce qui concerne les mesures prises et rendues publiques hier par un communiqué qui porte la signature de Yvon Détchénou, ce sera plus facile à dire qu’à faire respecter. Dans un Bénin révélé et qui fait un grand pas dans le domaine du numérique, il faut regarder la réalité en face et agir sans pitié. La satisfaction des Béninois devra être de mise.
Mahussé Barnabé AÏSSI (Coll.)



Dans la même rubrique