Chronique Nutrition et bien-être de Rachel k. WUEMENOU : Normes et bonnes pratiques de production et de consommation des boissons alcoolisées

22 mai 2024

La consommation d’alcool au Bénin est un sujet complexe qui mérite une attention particulière, surtout à la lumière des récentes réglementations sur les boissons alcoolisées en sachets plastiques. Alors que le débat sur cette interdiction fait rage, il est crucial d’examiner les impacts potentiels sur la santé publique et l’environnement de manière objective.
La consommation d’alcool en général n’est pas nécessairement mauvaise, mais elle comporte des risques et des effets secondaires potentiels qui varient selon la quantité et la fréquence de consommation. Une consommation modérée peut être tolérable et parfois même bénéfique dans certains contextes, comme le vin rouge pour ses antioxydants. Mais une consommation excessive est associée à de nombreux problèmes de santé, comme l’intoxication alcoolique, les maladies du foie, les troubles cardiovasculaires et les problèmes mentaux et neurologiques, les addictions et certains cancers. L’organisation mondiale de la santé recommande deux verres d’alcool par jour en moyenne pour les hommes et un verre pour les femmes. Cela correspond approximativement à une petite bière (250 ml à 5% d’alcool), un verre de vin (100 ml à 12% d’alcool), ou une mesure de spiritueux (30 ml à 40% d’alcool).
En effet, les boissons alcoolisées doivent être produites en respectant les bonnes pratiques de fabrication qui comprennent des procédures strictes pour garantir la qualité et la sécurité des produits. Cela inclut le contrôle rigoureux des matières premières, le respect des normes d’hygiènes et l’utilisation d’équipements adaptés et bien entretenus. Les normes pour le conditionnement des boissons alcoolisées exigent l’utilisation de matériaux sûrs et non réactifs qui ne contaminent pas le produit. Les emballages doivent protéger les boissons de la lumière, de l’air et de toute contamination externe. Si les emballages choisis sont des sachets plastiques, ils doivent préserver la qualité de l’alcool et éviter sa dégradation au fil du temps. L’étiquetage doit être bien fait et renseigner sur la nature du produit, le volume en alcool, les ingrédients, les informations sur le fabricant et le lieu de production, la date de fabrication et de péremption ainsi que les avertissements sanitaires. Des locaux propres et bien ventilés, des températures contrôlées pour éviter la dégradation du produit, la protection contre la lumière, sont aussi essentielles pour le stockage des boissons alcoolisées. Ces informations permettent aux consommateurs de faire des choix éclairés et de vérifier la traçabilité des produits.
Les boissons alcoolisées en sachet plastique présentent plusieurs risques sanitaires potentiels. Des études ont montré que les plastiques peuvent libérer des substances nocives dans les boissons, ce qui pourrait compromettre la santé des consommateurs, notamment leurs reins. L’alcool peut aussi dissoudre ou altérer le plastique, libérant des substances nocives comme les plastifiants et certains antioxydants qui peuvent causer des problèmes de santé allant de la toxicité aiguë, avec des symptômes tels que des nausées et des vomissements, à des effets chroniques à long terme comme des perturbations hormonales et des dommages aux organes. Comparativement, d’autres types de conditionnements comme le verre sont généralement plus sûrs. De même, les sachets plastiques peuvent ne pas être stériles ou fabriqués selon les normes requises ce qui peut rendre ces boissons impropres à la consommation.
L’accessibilité accrue de ces boissons sur toute l’étendue du territoire national, en raison de leur faible coût, pose également des questions sur la consommation abusive, notamment chez les jeunes. Par ailleurs, l’impact environnemental des sachets plastiques est notable, avec une augmentation des déchets difficiles à recycler. Il faut souligner que les sachets plastiques sont inflammables, et s’ils sont exposés à une source de chaleur élevée, comme une flamme nue ou un objet chaud, ils peuvent prendre feu. De plus, si des réactions chimiques se produisent entre l’alcool et le plastique, elles pourraient potentiellement dégager des gaz inflammables ou des vapeurs, ce qui pourrait augmenter le risque d’incendie ou d’explosion dans des conditions appropriées. Or la distribution, la conservation et le stockage des boissons alcoolisées importées ou produites localement dans les sachets plastiques ne sont pas vraiment contrôlés au niveau des vendeurs.
Sur le plan de la santé publique, l’interdiction pourrait réduire les risques de contamination et encourager une consommation plus responsable. Sur le plan environnemental, la réduction des déchets plastiques constitue un avantage significatif. Cependant, cette mesure pose des défis pour les producteurs et les consommateurs habitués à ces produits, et sa mise en œuvre nécessitera une collaboration multisectorielle efficace.
La réussite de cette interdiction dépendra de la collaboration entre les ministères et de la mise en place de mécanismes de surveillance rigoureux. Les réactions des parties prenantes varieront, avec des inquiétudes légitimes du côté des producteurs et des consommateurs. C’est ainsi que les producteurs locaux pourraient être mécontents en raison de l’impact économique de l’interdiction et devront passer à des emballages alternatifs comme le verre ou l’aluminium entrainant des investissements significatifs. La perte de la compétitivité des petits producteurs et la baisse des ventes chez les entreprises sont d’autres conséquences auxquelles ils devront faire face. Les consommateurs habitués aux sachets plastiques pourraient réagir négativement en raison des changements dans l’accessibilité et le coût des produits. Les alternatives d’emballages peuvent être plus chères, augmentant le prix de vente des boissons et réduisant donc l’accès à ces produits par certaines couches de la population.
Il est essentiel de promouvoir une consommation responsable de l’alcool. Les alternatives de conditionnement plus sûres et écologiques, ainsi que les boissons locales de qualité, devraient être encouragées. L’éducation et la sensibilisation du public sur les risques et les avantages de différentes pratiques de consommation sont également primordiales. Des mesures d’accompagnement financier et technique et des campagnes de sensibilisation pour la transition vers des alternatives plus sûres, seront cruciales. Le renforcement des infrastructures de recyclage des nouveaux emballages devra être fait pour maximiser les avantages environnementaux de cette interdiction.
En définitive, l’interdiction des boissons alcoolisées en sachet plastique au Bénin présente des avantages et des défis. Il est important de réfléchir de manière critique aux impacts de cette mesure et de s’engager dans un dialogue constructif pour trouver des solutions équilibrées. En tant que consommateurs et citoyens, notre responsabilité est de soutenir des pratiques qui favorisent la santé publique et la protection de l’environnement.



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