Enlèvement du fret nigérien au port de Lomé ; Une nouvelle escalade dans les tensions entre le Bénin et le Niger

14 mai 2024

Le Niger exclut les camions béninois de l’enlèvement du fret au port de Lomé. C’est un nouvel épisode dans la crise entre les deux pays. Cette décision radicale du gouvernement du Général Tiani intervient au lendemain de l’interdiction de l’embarquement du pétrole nigérien sur les côtes béninoises. L’escalade dans les tensions n’arrange ni le Bénin ni le Niger. En réalité, il n’y a pas de conflit entre les pays qui puissent conduire à des décisions aussi radicales. C’est à tort que les autorités nigériennes s’appuient sur la position de Patrice Talon lors du putsch à Niamey pour maintenir leurs frontières fermées. En effet, cette position était tout à fait normale pour un pays qui se veut démocrate. De plus, le Bénin appartient à une organisation sous-régionale qu’est la Cedeao qui avait pris légitimement des mesures de représailles face à un changement de régime de façon brusque et illégale. En aucun cas, le chef de l’Etat béninois ne pouvait et ne devait applaudir un coup d’Etat. De même, il n’allait pas jouer à une carte d’indiscipline en allant contre la position prise par une majorité écrasante des leaders de l’organisation à laquelle appartient le Bénin. D’ailleurs, la Cedeao n’est pas la première organisation au monde à punir un pays membre en conflit contre les accords de celle-ci. La Russie en fait les frais depuis sa guerre contre l’Ukraine mais cela n’empêche pas de continuer à commercer avec certains pays comme les Etats-Unis qui pourtant étaient les plus engagés dans les sanctions à appliquer contre le pays. Il faut que les autorités nigériennes sachent raison garder puisque la partie béninoise a assoupli sa position il y a plusieurs mois déjà. C’est d’ailleurs le président béninois qui a entrainé ses pairs à revoir leur position vis-à-vis du Niger et grâce à son lobbying, les sanctions ont été levées plus tôt.
Il faut rappeler, à toutes fins utiles, que le Bénin a matérialisé sa bonne volonté à reprendre les relations avec son voisin en ouvrant ses frontières. Aussi, le gouvernement de Cotonou a-t-il tendu la main aux autorités de Niamey pour un dialogue mais ces dernières sont restées sourdes aux appels de pied. Cette position des dirigeants nigériens a tout logiquement irrité le président béninois qui a voulu créer une situation de dialogue en interdisant l’embarquement du pétrole nigérien sur ses côtes. Une décision qui au lieu de réunir les parties autour d’une table de discussion a plutôt durci la position de la junte. En effet, la junte au pouvoir brandit sans preuves la prétendue existence d’une base militaire française au Bénin. Mais ceci est une absurdité puisque le Bénin dans son histoire n’a jamais abrité de bases militaires étrangères. De plus, si elle existait, elle ne pourrait être cachée à la vue de tous. Ce qui est curieux est que les autorités nigériennes arguent fièrement que 6 de leurs 7 frontières sont ouvertes alors que le Tchad qui est un pays frontalier abrite des troupes françaises et ne le cachent pas. Plus encore, ce pays et le Nigéria sont en proie aux attaques régulières des terroristes de Boko Haram. Et pourtant, le Niger garde sa frontière fermée au Bénin pour des raisons d’insécurité.
Le durcissement de ton ne règlera pas la situation. Le Général Abdourahmane Tiani devrait revoir sa copie et reconsidérer sa position vis-à-vis du Bénin. En aucun cas, le président Talon ne l’a pris en adversité. Bien au contraire ! Il l’a dit dans son discours à la nation en fin d’année qu’il souhaite prendre langue avec les nouveaux dirigeants. Il avait justifié cette position par une volonté de mettre la pression pour un retour à l’ordre constitutionnel. Assurément, aucun conflit n’existe entre les deux pays et les peuples intimement liés par l’histoire ont besoin de cohabiter en toute quiétude.



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