Allaitement maternel exclusif : Un casse-tête pour les femmes actives

La rédaction 27 août 2019

Toutes les nourrices actives n’ont pas forcément un congé de maternité. Ainsi, concilier le boulot et l’obligation d’allaiter son bébé sont souvent un casse-tête pour une femme exerçant dans une entreprise, même après le temps de congé de maternité pour celles qui en jouissent. La suite se résume à la planification et à la détermination.

Tous les matins, Rose s’évertue à tirer du lait dans deux biberons avant de prendre départ pour le service. Comptable dans une structure de la place, elle tient à sa volonté d’offrir du lait maternel à sa fille de 4 mois. « Ce n’est pas facile, mais c’est déjà bien qu’elle ait accès au lait autrement, le temps que je revienne le soir », confie-t-elle. En effet, allaiter exclusivement son enfant n’est souvent pas un choix facile pour les femmes actives. Cependant, certaines d’entre elles nourrices professionnelles y tiennent afin de faire profiter des avantages à leurs enfants. Idéalement, l’allaitement maternel devrait être exclusif jusqu’à 6 mois, selon les spécialistes de la santé infantile. « Quand on m’a conseillé d’allaiter mon enfant durant 6 mois exclusivement alors que je dois aller au boulot, je n’ai pas voulu. Mais lorsque j’ai fait l’expérience de lui donné du lait artificiel au début de ses trois mois, mon enfant a changé et n’est plus vif comme il était auparavent. Moi-même j’ai compris ce qui n’allait pas », confie Anne-Marie, professeur d’Anglais. Depuis, elle rentre à la maison à ses heures creuses pour allaiter son bébé. « Je lui tire le lait chaque matin avant d’aller au cours. A 10 heures, je reviens à la maison pour l’allaiter avant de repartir si le collège dans lequel je suis n’est pas loin de la maison. A midi, je rentre toutes les fois à la maison et après ça fait à 19 heures », ajoute-t-elle.

Une option mixte face aux contraintes
En dépit de leur volonté, beaucoup de nourrices n’arrivent pas à respecter l’allaitement exclusif. Après les congés de maternité qui ne durent que trois mois, Bernadette Tossa, institutrice à la retraite adopte un allaitement mixte à ses enfants. « Je lui donne du lait pharmaceutique selon les indications du pédiatre. Je prépare le lait et le confie à la domestique avant d’aller au boulot », déclare-t-elle avant d’ajouter qu’après les trois mois elle commence à alterner avec la bouillie de mil ou du sorgho. Alors que Françoise Midjanhinnou, secrétaire dans une structure de la place n’a pas eu droit à un congé de maternité à son premier accouchement, confie la garde de son bébé de quelques semaines seulement à sa maman ou à ses sœurs pour répondre à son poste au service. « Vu que mon boulot n’est pas loin, je reviens de temps en temps pour l’allaiter. Dès que je sens que le lait est abondamment secrété, je rentre pour lui donner le sein car moi-même je ne suis plus à l’aise », raconte-t-elle. Bien que le lieu de son travail ne soit pas loin, Françoise a fini par abandonner son poste pour mieux s’occuper de son enfant, une décision forte et courageuse. En ce même temps, il y a beaucoup d’autres qui acceptent de donner exclusivement le lait pharmaceutique à leur enfant afin d’aller au poste de travail.

Option libre jusqu’au sevrage
La situation est moins complexe pour celles qui n’ont pas d’obligation que par leurs activités génératrices de revenus. L’OMS recommande l’allaitement exclusif pendant au moins six mois. Pour les femmes non professionnelles, aucun problème ne se pose, elles sont disposées à aller même au-delà. Adèle mère de six enfants, vendeuse à Godomey Houédonou : « je suis toujours avec mes enfants, puisque je vends tout juste en face de ma maison. Je les allaite chaque fois que le besoin se fait sentir. Mes bébés ne sont jamais à court de lait ». À partir du dixième mois, celle-ci opte pour l’allaitement mixte, avec la bouillie composée de mil, sorgho et maïs. « Je continue jusqu’à deux ans, avant de sevrer mon enfant », précise-t-elle.
Bien que les sages-femmes et les gynécologues conseillent toutes les femmes aux consultations pré et postnatales, certaines choisissent leur mode d’allaitement propre à elles. « J’y ajoute toujours de l’eau, car, on ne peut pas dire qu’un être humain n’aurait pas soif, et déjà à trois mois, je lui mets à la bouche, tout aliment que je mange, c’est comme ça que ma mère m’a élevée. Il doit savoir très tôt qu’il y a telle et telle nourriture qu’on prend outre le lait maternel », explique Nathalie. Elle pense que les médecins recommandent ce qui est théorique, qu’ils ne respectent pas eux-mêmes à la lettre ces règles d’allaitement pour leurs propres enfants. « Nos parents nous ont élevés comme ça, mais nous ne sommes jamais tombés malades à cause de ce mode d’allaitement, alors, je n’y trouve pas d’inconvénients », lança-t-elle.
Mais pour Blandine Sodjiédo, Sage-femme d’Etat à l’Hôpital de Mènontin, il est important de respecter l’allaitement maternel exclusif, sans rien y ajouter même pas de l’eau, ni de la tisane. « Le lait maternel apporte suffisamment de l’eau au bébé. Il protège le cerveau et favorise son développement. Ce lait renforce le système immunitaire de l’enfant et le protège contre les infections. Les compositions nutritionnelles du lait maternel sont 87,5% d’eau, 7% de glucides, 4% de lipide, 1% de protéine », martèle-t-elle avant de préciser que l’OMS recommande un allaitement exclusif pendant six mois en l’allaitement mixte du sixième mois, jusqu’à deux ans.
Brunelle TCHOBO (Stag.)



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