L’Agence Nationale pour la Protection Civile (ANPC) a procédé du 05 au 08 juillet 2021, à Grand-Popo à l’actualisation du Plan de Contingence National (PCN) 2021. A travers cet entretien, le Contrôleur Général de Police Aristide Dagou, Directeur Général de l’ANPC dévoile les enjeux.
Monsieur le Directeur Général, c’est quoi un plan de contingence ?
Le Plan de Contingence est l’outil fondamental pour faire de la protection civile, c’est-à-dire que c’est l’arme dont nous disposons pour protéger les personnes et les biens et préserver l’environnement contre les crises et les catastrophes. Pour être plus simple, je dirai que le plan de contingence est un document dans lequel nous mettons ce que nous devons faire avant, pendant et après la catastrophe. L’avantage est que tous les acteurs concernés ont une idée claire de ce qui doit se faire avant la catastrophe et surtout durant la catastrophe parce que lorsque survient la catastrophe, on perd généralement plus de la moitié de ses capacités intellectuelles ; on est vraiment sous la psychose, sous l’effet de l’émotion ; on ne sait souvent pas ce qu’il faut faire. Pour éviter cela, nous anticipons et nous dressons dans un document, toutes les étapes de ce que nous avons à faire. Mais la première phase, c’est-à-dire celle des actions à faire avant la catastrophe et dite de prévention est la plus importante pour nous. Car, la prévention est six à huit fois moins chère que la réponse. Cette phase est le pilier fort de la protection civile. Ensuite, l’expérience a montré que le temps pris pour se préparer n’est jamais une perte parce qu’on gagne le triple voire plus lorsqu’on se retrouve en situation de catastrophe. Il n’y a pas alors meilleur gain que de se préparer. C’est ce que nous avons fait parce que le plan de contingence est par excellence un outil de préparation et de réponse.
Pourquoi actualiser chaque année le Plan de Contingence ?
On pourrait penser que c’est redondant d’actualiser chaque année le Plan de Contingence National. Non. Il y a plusieurs raisons qui font que chaque année nous actualisons ce plan. Tous les phénomènes générateurs de crises et de catastrophes ont un cycle. Si vous prenez le cas des inondations, il y a un cycle. Il y a ce qu’il faut faire à tel intervalle donné. Parfois du fait des changements climatiques, ce cycle varie. Donc il faut s’adapter, d’où la nécessité de réviser ce que vous avez fait l’année précédente. Les saisons varient. Le travail qui est fait pendant l’actualisation du Plan de Contingence National, est basé sur les résultats des travaux de recherche, de la collecte des données auprès des institutions de l’Etat. Nous travaillons avec Météo Bénin et nous savons quelle quantité de pluie nous avions eue les années antérieures et les prévisions saisonnières nous permettent de savoir quand est ce que la pluie va commencer, quand est ce qu’elle va finir, si la saison va être excédentaire, déficitaire, si les pluies seront rapprochées ou s’il y aura de séquences sèches… Toutes ces informations sont utilisées pour pouvoir faire la planification.
Deuxième raison qui amène à actualiser le Plan de Contingence, c’est qu’il y a des risques nouveaux qui peuvent apparaitre. D’une année à une autre, il peut y avoir des changements importants susceptibles de générer des risques nouveaux. Si on n’actualise pas le Plan de Contingence, on ne pourra pas prendre en compte ces risques nouveaux. Il faut donc forcément les prendre en compte. L’actualisation permet donc de faire ce travail. Mais il faut dire qu’en dehors du Plan de Contingence que nous actualisons pour l’ensemble du pays, il y a plusieurs autres plans de contingence. Au niveau des communes par exemple, il peut y avoir des plans de contingence communaux. Là-dessus, nous avons profité de cette séance pour inviter les communes à pouvoir produire ce document qui est fondamental. Actuellement, nous avons 42 communes qui disposent de Plan de Contingence Communal. Ce qui fait un taux de 54% environ. Ce taux est faible par rapport aux efforts du gouvernement actuel qui accorde un point d’honneur à la prévention et qui refuse de naviguer à vue. L’ANPC est instruite par le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique pour aider ces communes à réaliser ces plans de contingence. L’expertise existe au niveau de l’agence et sera mise à la disposition de communes de façon gratuite. Tout ce qu’il y aura comme coûts, c’est peut-être ceux liés aux déplacements.
Parlant donc des risques, lesquels ont été identifiés pour cette année ?
Je vais rebondir sur votre précédente question pour vous dire que l’année passée, pour le profil de risques, les inondations étaient le risque majeur suivies des épidémies. Il se trouve que cette année, ce sont les épidémies qui deviennent le risque majeur. C’est pour dire que l’intérêt de l’actualisation c’est de savoir aussi quel est le risque majeur parce que cela peut varier d’une année à une autre. Donc cette année le risque majeur ce sont les épidémies. Cela va de soi car nous sommes dans le contexte de la pandémie de COVID 19 avec les différents variants, et cela nous oblige à nous atteler pour affronter ce fléau, ce risque. C’est fort heureusement que nous avons tenu cette activité ensemble avec les autres structures de l’Etat. Il y a eu par exemple la communication du Ministère de la santé qui a fait un point sur COVID 19 au Bénin. Il y a eu beaucoup d’échanges, et cela a permis d’informer davantage les acteurs sur la situation de la maladie au Bénin, de les sensibiliser sur le mal pour qu’à leur tour ils puissent sensibiliser des populations à la base. Et l’une des résolutions fortes de ces échanges est d’encourager les populations à se faire vacciner. Mais avant cette communication, parmi mêmes les acteurs, des gens n’étaient pas convaincus et des éclaircissements ont été donnés. Ensuite il faut dire que le PCN a vocation à supplier les plans de contingence inexistants. Lorsque nous avons un plan de contingence national, lorsque les communes qui n’ont pas encore réalisé leur plan ont des problèmes, nous pouvons de façon stratégique ou technique essayer de leur venir en aide par rapport à ce qui est prévu au plan national.
Il y a été évoqué la présence sur le territoire béninois de burkinabè qui ont dû fuir leur pays du fait des actes de terrorisme. Est-ce que vous êtes concerné par ces questions-là aussi ?
Bien sûr. L’actualisation du Plan de Contingence National s’est intéressée à cette question que vous venez d’évoquer et qui est une question fondamentale. Effectivement depuis le 12 juin 2021, nous avons reçu sur notre territoire et plus précisément dans la commune de Matéri, des frères burkinabé, qui ont été contraints de quitter leur pays, pour sauver leur vie à cause des actes de terrorisme. En tant que communauté des Nations Unies, pays ayant ratifié des conventions dans ce sens notamment la convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés, la convention africaine de 1969 également relative au statut des réfugiés, nous les avons reçus en application de ces conventions. Le gouvernement a instruit le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique qui a son tour nous a instruits pour porter assistance à ces personnes. Le gouvernement a débloqué un fond d’assistance, un fond d’urgence pour voler au secours de ces personnes pour que leurs droits soient respectés, pour qu’ils bénéficient de la protection telle que prévu dans les instruments juridiques internationaux. Ils sont au nombre de 185. L’assistance leur est portée avec des produits alimentaires et non alimentaires et des soins de santé. Cette assistance est portée par les services de santé et une ONG humanitaire. Mais l’Agence Nationale de Protection Civile coordonne et supervise tout cela en liaison avec le Préfet de département. Des représentants du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés étaient présents lors de l’atelier d’actualisation du Plan de Contingence National. Ils sont venus de Dakar justement parce que la question de ces personnes relève de la compétence du HCR. Ils sont venus nous accompagner dans la détermination du statut de ces personnes, pour voir celles d’entre elles qui sont éligibles au statut de réfugiés. C’est après ce travail que le Bénin saura ceux à qui il pourra reconnaître ce statut. Ces personnes doivent être aujourd’hui heureuses d’avoir choisi le Bénin comme terre d’asile, qui a toujours été une terre d’asile légendaire. On se souvient du séjour chez nous de nos frères togolais et de bien d’autres nationalités parce que le Bénin est un pays de droit de l’homme, de stabilité économique et de paix.
Par Yvette AMOUSSOU (Stag)